« Un combat idéologique »
La tentative d’apaisement de Sébastien Lecornu n’a rien changé. Vendredi, Guy Lefrand entouré du président de l’Union des maires et de deux sénateurs a renouvelé son appel à la fermeture des services publics le 4 octobre prochain.
Après quelques apparitions sur le petit écran, une tribune dans Le Parisien et quelques micros tendus par la presse nationale, le maire d’Évreux est toujours aussi virulent. Vendredi, alors que le président Jean-Paul Legendre et la sénatrice Nicole Duranton tentaient d’arrondir les angles, Guy Lefrand continuait à tirer à boulets rouges sur « l’État mafieux », les technocrates, le chef de l’État et le gouvernement d’Édouard Philippe. Chef de file d’un mouvement qui a visiblement du mal à prendre au niveau régional et national, le premier magistrat d’Évreux s’est défendu de mener un combat politique. Engagé dans « un combat idéologique majeur » il se bat contre « un mouvement de nationalisation des collectivités locales » qu’il juge « irréversible ». Face au désengagement de l’État, l’élu a fait les comptes, entre la police municipale, la maison de la santé, la maison de la justice et du droit et le soutien scolaire, il dépense plus de 2 millions d’euros par an pour assurer des missions régaliennes qu’il menace de fermer si l’État ne fait pas machine arrière sur la suppression annoncée de la taxe d’habitation. « En substituant la taxe d’habitation par une compensation incertaine de l’État, en réduisant le nombre d’élus qui sont essentiellement bénévoles, en les stigmatisant avec une loi de moralisation, les élus et les communes sont devenus une cible facile. C’est une remise en cause de notre Constitution ».
À la tête d’un mouvement destiné à alerter la population « contre la nationalisation engagée de nos communes », le maire d’Évreux appelle les élus du département à fermer, le mercredi 4 octobre prochain, les services publics locaux et les bâtiments communaux : mairie, école, crèche, cantine, gymnase, piscine, musée, église, cimetière, état civil… Combien suivront ? Jean-Paul Legendre, président de l’Union des maires, était, vendredi, incapable de le dire. Modéré, là où Guy Lefrand s’enflamme, Jean-Paul Legendre soutien une manifestation dont l’objectif est de dire « ce que nous faisons ». « Nous ne sommes pas en état de rébellion à l’égard de qui que ce soit, ni dans une démonstration de politique politicienne » précise-t-il en rappelant que les maires ont manifesté à plusieurs reprises sous les quinquennats précédents. « Nous n’appelons pas à la confrontation mais à l’ouverture d’un dialogue », souligne Jean-Paul Legendre. Dans la même tonalité, Nicole Duranton prône elle aussi « un dialogue ouvert avec l’État ». La sénatrice partage l’inquiétude des élus locaux (de ses électeurs) mais souligne quelques avancées « qui vont dans le bon sens ». Sébastien Lecornu assure que la taxe d’habitation sera entièrement compensée, « le Sénat y veillera ». Mercredi elle sera aux côtés du sénateur Hervé Maurey qui lui aussi s’associe « naturellement » au mouvement du 4 octobre. Même s’il juge que le mouvement d’humeur des élus ne sera pas « très bien perçu, mais à valeur pédagogique ».
Ch.G.