Les braqueurs de boulangeries sous les verrous
Dégradations de véhicules, vols de plaques d’immatriculation et d’une caisse dans une boulangerie, braquage d’une autre boulangerie… Les 18 et 19 août de cette année, quatre jeunes malfaiteurs ont cumulé les exactions pour un butin de… 350 €.
Deux d’entre eux étant mineurs, seuls Tanguy Gaippe, 21 ans, demeurant chez une copine dans le Val-d’Oise, et son frère Tristan, 19 ans, sans domicile fixe, ont été jugés en correctionnelle à Évreux le 28 septembre.
Des gants et des cagoules ayant été précédemment achetés, la fine équipe, circulant à bord de la voiture de Tristan, une Citroën C2, a tout d’abord volé les plaques d’une voiture du même type à Boury-en-Vexin et tenté de s’emparer d’une Peugeot 106, d’une Clio et d’une Mercedes. Le contenu de ce dernier véhicule, notamment les papiers et les moyens de paiement de son propriétaire, a entièrement été pillé.
Parallèlement, le 18 août, à Vesly, vers 7 h 30, la boulangère de la commune a constaté que sa caisse enregistreuse contenant 100 € avait été arrachée. Puis, le lendemain, à Dangu, également de bon matin et dans une boulangerie, la patronne s’est retrouvée face à deux individus encagoulés. L’un d’eux a arraché la caisse pour s’emparer de 250 € alors que le deuxième la tenait en respect avec un pistolet à billes, réplique parfaite d’un Glock.
Encagoulés
Des individus aux visages dissimulés à bord d’une C2 ayant été aperçus par un témoin, la veille à Vesly, les gendarmes ont immédiatement effectué le rapprochement. Leurs investigations ont permis de savoir que la Citroën appartenait à Tristan Gaippe. Son portable a, en outre, été géolocalisé à Vesly le jour J. Enfin, son frère a été « logé » chez sa copine du Vald’Oise également grâce à son téléphone. Interpellé, Tristan Gaippe a avoué avoir arraché les caisses des boulangeries, son comparse mineur assurant la couverture avec son pistolet. Selon lui, c’est son frère qui conduisait.
En détention provisoire depuis le 31 août, les frères Gaippe sont arrivés au tribunal dûment encadrés. « Mon frère s’est arrêté avant les boulangeries. J’ai agi avec D. (l’un des mineurs) », a déclaré tête basse et mains dans le dos Tristan. « Je ne reconnais rien ! Vous avez des preuves ? Je n’ai pas touché d’objets. Oui, j’étais là, mais je ne suis pas sorti de la voiture ! » n’a cessé de répéter tête haute, bras croisés, son frère dans une attitude de défi.
Outrage à magistrat
Le président a logiquement tenté de lui expliquer que cela ne changeait rien. D’où une réplique immédiate : « comme vous voulez ! Ce n’est pas mon problème ! Vous voulez savoir si j’étais au courant avant ? Je n’étais pas au courant ! Réfléchissez ! »
Le procureur adjoint été, au passage, tutoyé, une notification d’outrage a logiquement été signifiée avant la reprise des débats. « Les boulangers de Dangu se sont installés dans la commune après avoir été braqués en région parisienne. Ils cherchaient la tranquillité et ont fait un choix de vie » a rappelé la partie civile. « Comme il est déjà connu et a déjà été condamné, il a été convenu que c’était Tanguy Gaippe qui conduisait. En fait, le véritable meneur, c’est lui ! » a enchaîné le procureur adjoint avant de requérir un et deux ans de prison pour Tristan et Tanguy, le maintien en détention et la confiscation des scellés.
« Dans un dossier de braquage, tout le monde ment. Pour Tanguy Gaippe il n’y a pas coaction mais complicité » a nuancé son avocat. « Tristan, qui a déjà effectué un mois de préventive, reconnaît les faits. Il a travaillé et son employeur lui renouvelle sa confiance » a conclu la défense du jeune prévenu. Tanguy Gaippe a été condamné à 18 mois de prison ferme et son frère à 12 mois (maintien en détention). Les prévenus devront également verser 3 375 € aux différentes victimes ainsi que 450 € de frais de procédure.