« SOS docteurs ! »
Un coup dur pour la municipalité d’Yves Rochette ! Le cabinet médical, construit en 2014, pour permettre l’exercice dans des conditions optimales de médecins généralistes, a fermé ses portes vendredi soir.
« Il y a trois ans, la municipalité avait réagi immédiatement après le départ du docteur Pognon, en faisant bâtir un cabinet spécifique à la demande des médecins de Pacy », raconte le maire de Ménilles, Yves Rochette. Une page médicale se tourne, car le docteur Jean-Pierre Vanderbruggen (65 ans) prend sa retraite, Philippe Descamps s’installe désormais au cabinet médical de Pacy-sur-Eure (rue Jules-Taupin) en assurant la pérennité du secrétariat. Quant au remplaçant, le docteur Florent Richard, il a préféré la vallée de Seine et la commune de Giverny pour poursuivre sa jeune carrière au lieu de rester à Ménilles. « On avait espoir de le conserver mais il a fait un autre choix », regrette Yves Rochette, qui continue de remuer ciel et terre, pour tenter d’attirer de nouveaux praticiens. Mais à ce jour, aucun médecin ne donne signe de vie. « Il y a six mois, nous avions un docteur potentiel mais il s’installe du côté de Rouen », pas de chance ! Surtout que le cabinet est tout neuf (trois ans), « du cousu main », un investissement de 400 000 € financé par un prêt sur 20 ans. « On avait réussi à créer un pôle attractif avec les médecins, les kinés, les infirmières, la pharmacie, c’est maintenant un peu fragilisé ».
Désert médical
Pour se rassurer, l’élu remarque que la pénurie de médecins ne date pas d’hier et touche nombre de communes surtout rurales, « un phénomène national en particulier dans les campagnes » car les grandes villes sont en règle générale encore bien pourvues avec environ 750 médecins pour 100 000 habitants. « L’Eure n’est pas épargnée par la pénurie avec seulement 180 praticiens sur la même base, c’est très bas ! Pas simple de « séduire » des médecins généralistes et des spécialistes.
Les personnes ayant perdu leur médecin traitant « et référant pour la sécurité sociale » sont invitées à consulter ceux de Pacy, « heureusement, il y en a cinq dans un périmètre proche », mais leur carnet déborde. « Ils ne veulent pas prendre d’autres patients, s’inquiète Anne qui recherche depuis fin août un médecin mais sans succès, j’obtiens toujours la même réponse, un refus ». Et elle trouve anormale que la patientèle du docteur Vanderbruggen ne soit pas reprise sur Pacy. « Cela fait quand même 28 ans que c’était mon docteur ! ». Les patients peuvent aussi se rapprocher de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) afin d’obtenir une liste de praticiens pas trop éloignés de leur domicile.
Alternatives
Sur Vernon, il existe depuis peu une maison médicalisée dans le nouveau quartier Fieschi, « une piste possible pour ceux qui ont des moyens de locomotion, les autres ne pouvant conduire bénéficient d’une navette toutes les heures entre Ménilles et Pacy, encore faut-il que les médecins les acceptent en consultation », se préoccupe Yves Rochette qui veut tout de même garder espoir. « On va tout faire pour remédier à cette situation ».
Le conseil municipal a pris (en juin dernier) la décision de transformer deux classes de l’ancienne école des 7 Tilleuls en quatre cabinets pouvant accueillir du paramédical (infirmières) et « pourquoi pas des généralistes ! ». Les études sont en cours et les premières estimations font ressortir 100 000 € de travaux d’aménagement. « Dans un premier temps, nous sommes en train de regarder si les kinés peuvent prendre la place des docteurs » et rentabiliser ainsi le cabinet médical libéré. De son côté, la SNA (Seine Normandie Agglomération) a pris la compétence santé « un plus pour attirer le plus possible de médecins sur l’Agglo », assure Yves Rochette. « Il est prévu d’édifier deux maisons médicales dans les quartiers les plus en pénurie », de quoi normalement susciter des vocations !