270 logements et 7 maisons témoins
La Cité Lafayette fait recette. Jeudi, la maison de quartier de Saint-Michel affichait complet à l’heure où le projet d’aménagement immobilier revenait, pour la troisième fois, sur la table. Aujourd’hui, on s’oriente vers un programme de 270 logements…
Flash-back. En 2014, la Ville rachète les terrains longtemps occupés par les personnels de la base aérienne 105, projet porté par l’EPFN (Établissement Public Foncier de Normandie).
« À l’origine, nous pensions remettre en état les bâtisses pour les vendre à des primoaccédants, à des prix compétitifs » rappelle l’adjoint à la sécurité et la qualité de vie, Nicolas Gavard-Gongallud.
« Mais l’idée a été abandonnée. Et, au fil du temps, la situation est devenue intenable sur cette zone laissée à l’abandon. À terme, on courait le risque d’être confronté à de graves problèmes de sécurité ». L’élu suggère même des vols en tous genres (cuivre), des courses de voitures, des portes et fenêtres forcées et, pour couronner le tout, des vidéos nocturnes «très spéciales»…
Trois scénarios
« On ne peut qu’être séduit par la qualité de ce site, il faut garder son aspect village et paysager tout en préservant sa vocation périurbaine » décrypte le représentant du cabinet d’études Jaouen qui, après avoir longuement observé la faune et la flore, a rédigé trois scénarios différents. Chacun avec ses critères spécifiques, notamment en matière de densité immobilière : de 270 à 400 logements !
Au final, c’est la fourchette la plus basse qui a été retenue, « la plus légère » avec, en corollaire, des «obligations» à tenir : conserver les transversales et les liaisons existantes, gérer les eaux pluviales et, bien sûr, protéger les plantes et les arbres.
« Au total, les cheminements et voies vertes représentent une superficie de 6,2 hectares. L’harmonie paysagère sera donc préservée » apprécie Michel Jaouen.
À titre comparatif, le projet pensé par la municipalité précédente faisait état de 600 logements. Pas l’idéal pour garantir l’intimité des propriétaires sur ce site de 25 hectares parsemé de bruyères et d’orchidées…
« Ambiances boisées »
Pour conduire son travail et sa réflexion, le cabinet Jaouen s’est appuyé sur des modèles pré-existants, notamment à Cergy, Göteborg ou Oslo dans des « ambiances très boisées. D’ailleurs, il sera demandé, au constructeur, une caution. Elle lui sera restituée s’il ne détruit aucun arbre. »
Concrètement, le programme immobilier se scinde en plusieurs tranches. Au Nord, il s’agira de lots libres vendus à l’unité, à raison d’une dizaine par hectare « sur des parcelles d’environ 800 mètres carrés. »
Dans sa partie centrale, la Cité Lafayette pourrait abriter des maisons avec patio, avec vue imprenable sur la forêt, des R + 1 ou R + 2 avec accès individuel.
Enfin, dans son secteur «méridional», les constructions prendront appui sur les emprises actuelles, le Sud devant garder son aspect patrimonial « pour se rappeler l’histoire d’un site longtemps occupé par les militaires américains » Des GI’s alors en faction sur la base aérienne 105…
Les Derniers des Mohicans
Elle en a la forme, mais pas vraiment les galons. Pourtant, la partie basse de Lafayette a été baptisée la Raquette du Colonel.
Mais hormis sa forme géographique et son grand tamis, elle constitue, surtout, le coeur du dossier. « En effet, notre volonté est de regrouper, dans ce secteur, les sept derniers copropriétaires de la Cité puisque deux d’entre eux y sont déjà installés. Et ce, depuis de très nombreuses années » résume Françoise Luvini, adjointe à l’urbanisme.
À ce titre, les services de la Ville ont sollicité les Derniers des Mohicans pour qu’ils se regroupent sous le même tipi. « Nous leur avons envoyé un courrier. Mais seul deux propriétaires ont répondu à notre proposition d’être relogés dans des pavillons rénovés » poursuit l’élue.
Proprios expropriés ?
La Ville et l’aménageur n’osent envisager le scénario : mais si les ultimes propriétaires refusaient le deal et s’obstinaient à vouloir conserver leur «home sweet home», qu’adviendrait-il du projet ?
« Nous disposons de plusieurs outils, notamment dans le cadre de la Déclaration d’Utilité Publique » rappelle Françoise Luvini. « De toute façon, les négociations vont continuer. Si elles échouent, nous pourrions user du droit d’expropriation » L’ultime atout de la Ville dans le jeu des sept familles… A. Guillard