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« La vie, un combat de tous les jours »

Avec les allocation­s familiales pour seule source de revenus, Sonia tire le diable par la queue pour nourrir ses trois enfants. Témoignage sur une famille au seuil de la pauvreté…

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« Qu’est- ce que je vais donner à manger à mes enfants ? » Il y a un an encore, cette question taraudait l’esprit de Sonia qui élève, seule, trois de ses quatre enfants : Swann (14 ans), Erika (13 ans) et Mileyna (3 ans).

Aujourd’hui, la mère de famille a appris à domestique­r un quotidien difficile, à force de privations et de sacrifices même si, parfois, les mois se terminent le 13 !

« C’est trop cher »

Sonia a quitté la Martinique, doublement motivée à l’idée de trouver un travail et d’offrir un horizon plus dégagé à ses enfants.

« Mais hormis un job dans un restaurant et dans un centre de loisirs, je n’ai pas réussi à signer de CDI » déplore la mère de famille, également privée de moyens de locomotion, « exceptés mes pieds et le bus. »

Du coup, elle doit prendre son mal en patience tout en déployant des trésors de diplomatie pour tempérer les envies de Swann, Erika et Mileyna.

« Mon fils voudrait faire de l’équitation, ma grande fille de la danse. Mais c’est trop cher » Alors, à défaut d’avaler les obstacles ou d’enchaîner les entrechats, les enfants regardent la télé et jouent dans le jardin. Cet espace de liberté attenant au T4 que Sonia loue à Nétreville.

« Ça va, grâce aux APL, je ne règle que 105 € de loyer » apprécie Sonia dont les seules ressources proviennen­t de la CAF. Soit 1 100 €/mois…

Un détour par les Restos du coeur

Bien sûr, les vacances et les sorties au cinéma sont proscrites. Et l’appartemen­t ne souffre d’aucun superflu.

« La décoration passe au second plan. C’est utile, mais futile » De fait, dans la salle à manger, trônent un écran, un canapé et une table, point final ! Quant au réfrigérat­eur, il ne s’ouvre que sur le strict nécessaire. « Avant, j’allais aux Restos du coeur. Mais maintenant, ils nous demandent trop de papiers. »

Heureuseme­nt, la famille a eu la chance de croiser, sur son chemin, Christiane. « C’est l’institutri­ce qui m’a signalé une femme en détresse, me demandant si je pouvais l’épauler » se rappelle celle que tout le monde, à Évreux, surnomme Mère Teresa.

Depuis, Sonia, Mileyna, Erika et Swann mangent (à peu près) à leur faim. Sans compter que la hotte de la « Mère Noël » déborde de vêtements pour les enfants !

« Pour eux, je suis obligée de garder la pêche. Si je me plains, où vont- ils trouver la force nécessaire ? » interroge l’Ébroïcienn­e qui, de son propre aveu, a appris à résister à la tentation. « Quand je passe devant une vitrine, je détourne le regard. D’autres fois, j’aimerais offrir ne serait- ce qu’un Mc Do, aux enfants. Mais je ne peux pas me le permettre. Vous savez, la vie, c’est un combat de tous les jours » … A.Guillard

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