Le Libérien… libéré
Depuis un an qu’il est en France, Léon Tamba (32 ans) n’a jamais vraiment fixé de domicile ailleurs qu’auprès de l’association Terre d’asile. Il fait l’objet d’un arrêté d’expulsion vers l’Italie où il a demandé l’asile et reconnaît travailler illégalement dans un garage d’Évreux.
Présenté sur comparution immédiate le Libérien a été la cible d’une course-poursuite policière, rue Molière à La Madeleine. C’était mercredi 8 novembre, vers 17 h 20, alors que la nuit tombait rendant la circulation plus difficile dans ce quartier. Tous avertissements sonores ou visuels utilisés, le conducteur d’une Clio circulant à vive allure refusa de s’arrêter. La poursuite se termina alors que Tamba, se déplaçant à droite, sautait par la porte passager. Le véhicule s’arrêta en heurtant un trottoir et le fuyard tombé parvint à courir derrière un transformateur malgré les sommations.
Un policier sortit son arme de service mais l’Africain fonça sur lui. Il fut intercepté par un coup de pied au thorax par le même policier, tandis que deux collègues parvenaient à maîtriser Tamba et le menotter pour l’entendre avec l’aide d’un interprète en Anglais.
Il fonce sur le policier armé
Simplement, il s’était enfui pour ne pas avoir à montrer son faux permis de conduire remplaçant celui qu’il « a perdu » et qui, de toute façon, n’aurait pas été valable en France, uniquement au Liberia.
Me Selma Akman plaide pour les trois policiers bousculés et admet que le prévenu à des difficultés à comprendre le français et ses lois. Mais, il a mis en danger physique les passants et ceux qui voulaient juste le contrôler. Loin de craindre l’arme pointée sur lui, il a foncé sur le policier. Au jugement, l’avocate obtiendra trois fois 100 € de dédommagement (préjudice moral) ainsi que 450 € (art. 475-1).
Le substitut Rodolphe Goix constate que tout a été reconnu à cette conduite dangereuse dans un « contexte de quartier difficile » obligeant à prendre, selon lui, « plus de précautions pour une interpellation » . Il s’est débattu dangereusement, termine le réquisitoire demandant deux mois ferme de prison « pour l’ensemble des infractions » .
Me David Boyle, le défenseur bilingue tente une explication sur la sortie par portière droite : la circulation sur l’autre voie. Il indique que la demande d’asile pour l’Italie ayant dépassé les six mois sans être réalisée, Tamba peut demander l’asile en France… s’il n’est pas en prison et qu’il travaille (il est carrossier). La tôle n’étant pas compatible avec la taule, le tribunal offre un simple sursis pour trois mois.