Eure Infos

Sacha grave l’horizon dans son sillon

- (…/…)

Sacha Nemmar sort Horizon, son tout premier disque. Il le présentera lors d’une release party vendredi 1er décembre à partir de 21 heures au Matahari, à Évreux. On l’a rencontré juste avant pour passer en revue ses dix titres. Extraits.

Reprenons l’histoire depuis le début : première guitare ?

Sacha Nemmar : Mon père m’en a filé une vers 4 ans. Je sais que j’ai une photo que ma mère m’a ressortie souvent, sur la photo je dois avoir 4 ou 5 ans, et où je prends des cours avec mon père [Philippe Nemmar, ndlr]. C’est une petite guitare que j’ai gardée, d’ailleurs. Elle est totalement défoncée, mais je l’ai gardée. Et que je compte bien garder. Je me souviens de mon premier concert, je l’ai fait au Festival des Caisses plates, en 2000, j’avais 12 ans. C’était un festival de guitare qui invitait des artistes normands à Évreux. Je reprenais un blues avec mon père, un boogie, des choses très scolaires, mais j’ai ce souvenir-là, de ma première scène. Et vous accrochez à quel style de musique ?

J’ai appris sur Django [Reinhardt]. Je me souviens que mon prof me passait des CD de Django, que je bossais ses chorus et ses accords sur le manche de manière orale. Il n’y avait rien d’écrit. Ce qui m’a permis de développer l’oreille. J’ai fait un peu de blues, de jazz au début. Après, à 15 ans, 18 ans, au lycée, hip-hop pendant 10 ans. Alors que dans le hip-hop, il n’y a quasiment pas de guitare.

Très peu. L’idée, c’était ça avec mes anciens groupes : Offensive ou Big Atari, etc. qui étaient des groupes de rap, c’était de centralise­r la guitare. J’ai eu aussi ma période rock, vers 20/22 ans. Ça a été un mélange de beaucoup de choses. Après, à titre personnel, j’ai plus d’affinités pour le hip-hop, un style que j’écoute depuis très longtemps et qui me permet de composer des choses qui n’ont rien à voir avec cet album. C’est vraiment autre chose que je montre moins. Là, mon actu c’est Horizon, il n’empêche que je continue de faire une compo par mois de hip-hop.

Ne vous résumer qu’au jazz manouche ou au Swingadjos, c’est assez réducteur, donc.

Exactement. Je pouvais faire un album avec Swingadjos, mais je ne voulais pas parce que les gens me voient les trois quarts du temps en manouche, se disent : « Il ne fait que du manouche ». Sur Horizon, finalement, il n’y a que deux ou trois morceaux qui sont manouches. Et les autres morceaux n’ont rien à voir, c’est plutôt une forme de jazz.

Mais pas de hip-hop, pour autant.

C’est album de jazz, c’est clair.

Pour quelle raison ?

Il y a deux ans, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a ouvert encore un peu plus l’esprit, un musicien qui figure sur l’album, Carles GR - un musicien très réputé sur Rouen, en Normandie. C’est un guitariste de jazz. Il a une cinquantai­ne d’années. On a partagé une scène, un jour. On a fait une dizaine de concerts ensemble, l’année dernière. Il a un studio chez lui. Moi, ça faisait un moment déjà que je voulais enregistre­r quelque chose, parce que les gens me le demandaien­t depuis 8 ans que je fais des concerts à Évreux.

« Un album de jazz où la guitare est à l’honneur »

Vous n’aviez jamais rien enregistré jusque-là ?

Des maquettes, mais pas d’album. C’est mon premier album. Carles m’a motivé dans mon choix. Et a concrétisé mon idée. Pourquoi un album de jazz et non pas de hip-hop, c’est parce que mes collaborat­ions ces dernières années étaient plus tournées vers le jazz.

Pour en venir à Horizon, on peut dire que c’est un album de guitare et de guitariste.

On peut dire que c’est un album où la guitare est à l’honneur. C’était l’idée.

Vous êtes entouré de musiciens.

Il y a Jean-Jacques Costil à la contrebass­e, Carles GR à la guitare et Pascal Lelyon au violon. Mon père est invité sur deux morceaux, les deux titres manouches : Les Yeux noirs et Maline. C’était pour faire un petit clin d’oeil à Swingadjos. Et, il était très important pour moi que mon père figure sur mon premier album.

Finalement, c’est un album très épuré.

C’est vraiment un format guitares, contrebass­e. Pareil, je n’ai pas pris 15 guitares différente­s. J’ai voulu avoir une sonorité de guitare bien précise. J’ai pris ma guitare manouche. Par rapport aux moyens, je n’avais pas un budget énorme, non plus. Le disque m’a coûté 3 500 €, dont 650 € pour les seuls droits des 5 reprises. En gros, j’avais 5 jours pour l’enregistre­r. Ce que je voulais faire, c’est un album en toute modestie. Un album de jazz où la guitare est à l’honneur. Il n’y a pas de chanteurs/euses. J’essaie de faire chanter ma guitare.

HORIZON : C’est un morceau que j’ai composé il y a deux ou trois ans. Je l’ai toujours un peu joué sans oser forcément le montrer. Le titre qui ouvre l’album. Ce n’est pas du tout manouche, ce n’est pas du swing. C’est un rythme un peu chaud. Ça voyage un peu. Le morceau me faisait penser à ce titre-là, Horizon. Je trouvais que c’était un terme qui résumait assez bien ma situation, aujourd’hui. Ces collaborat­ions avec divers musiciens de divers horizons.

BOSSA DORADO : Il n’y a pas que des compos, là, il s’agit d’une reprise. C’est un morceau qui a été composé par Dorado Schmitt, un manouche, un vrai gitan, un vieux de la vieille. Il a composé une bossa et l’a appelée Bossa Dorado. C’est un morceau sur lequel je me suis entraîné, entraîné, des heures et des heures. Pour moi, c’est un des meilleurs morceaux pour improviser en tant que musicien, en tant que soliste. C’est un morceau que j’affectionn­e particuliè­rement, je ne me lasse jamais de l’écouter. Je trouve qu’il est beau.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France