Guy Lefrand sous le feu des opposants
Pour la 3e étape de sa tournée des quartiers, le maire de la ville a eu fort à faire, vendredi à La Madeleine, où les opposants à la fermeture du collège l’attendaient de pied ferme.
Comme à Trangis et Navarre, Guy Lefrand est venu, vendredi soir, dans la maison de quartier pour faire un point d’étape. Dérouler les réalisations et les projets pour la ville et le quartier. Mais, face à une salle comble venue pour entendre sa position sur la fermeture du collège Pablo-Neruda, le maire a eu toutes les difficultés du monde à faire passer son message. Interpellé à plusieurs reprises pendant son exposé, il a tenu bon jusqu’à ce que le débat commence.
Dangereux, inefficace et communautaire
Sifflé, hué, Guy Lefrand a répété à plusieurs reprises qu’il ne s’opposerait pas à la décision du Département de fermer le collège du quartier. Pour lui, comme pour Driss Ettazaoui et Diane Leseigneur, les choses sont claires. 1 : l’établissement de type Pailleron « est dangereux » ;2: « ses résultats sont parmi les plus mauvais du département » ;3: « il n’y a pas assez de mixité sociale ».
Malmenée, la conseillère départementale de la circonscription a tenté de s’expliquer. De discuter les mesures qui seront prises pour assurer les transports et la restauration des enfants de Pablo vers les autres établissements de la ville. En vain. « Nous voulons garder notre collège ! » lui a opposé la salle, avant que Diane Leseigneur, traitée de menteuse par un parent d’élève, ne finisse par renoncer. Idem pour Driss Ettazaoui. Envoyé au front par son maire, le conseiller municipal MoDem s’est lui aussi cassé les dents sur le public. Conspué, mais droit dans ses bottes, « la tête haute », il a tenté de s’expliquer avant, lui aussi, de renoncer. « Je vous invite à continuer à vous battre, mais je ne me battrai pas à vos côtés » a-til tout de même réussi à placer en expliquant qu’il n’y avait pas « qu’une vérité ». Pris au mot, les profs et les familles de Pablo sont montés au créneau.
Souvent poignants, ils ont tenté, face à un mur, de démonter les arguments du maire. Les résultats ? « 70 % des élèves ont eu leur brevet l’année dernière » a plaidé un prof d’histoire-géo du collège avant de regretter qu’aucun élu ne soit pas passé voir les familles quand elles bloquaient l’entrée de l’établissement. « J’ai honte » a-t-il conclu. Partisan d’un moratoire, Vincent Breuil a souligné le « rôle pacificateur du collège dans le quartier », l’engagement des enseignants qui « vont bien au-delà de leur mission » et « l’énergie extraordinaire des élèves ». Après 40 ans d’échec de la politique de la ville, il a invité le maire au dialogue pour partager les compétences et échanger. « Je vous en conjure, ce quartier fait partie de la ville comme les autres. Il y a nécessité à le promouvoir. Le ghetto est dans la tête des gens à l’extérieur ».
Campés sur leurs positions, opposants et partisans de la fermeture se sont quittés après deux heures de débats sans issue. « Ce qui me désole, c’est la fracture entre les habitants et les élus. C’est dramatique », a eu le temps de regretter Maryvonne Hannoteaux.