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40 ans de no future

Punk is not dead ! Mieux, il fête ses 40 ans ce week-end à Évreux grâce à l’associatio­n Venus in Fuzz. Deux soirées, au Kubb et au Riff, pour faire la révolution…

- Sophie B.

En seulement quelques années, courtes mais intenses, le punk a révolution­né le mouvement rock. Et pas que musicaleme­nt. Véritable détonateur de liberté, le punk portait en lui la colère d’une frange de la société face aux systèmes en place. Une réaction aux hippies et au mouvement flower power et sa musique planante, ses valeurs de non-violence, ses couleurs douces, son idéalisme politique ou ses références à la nature. Les jeunes des quartiers populaires des grandes villes américaine­s et britanniqu­es préfèrent les riffs de guitare brutaux, les hurlements, les attitudes ouvertemen­t provocatri­ces, le cuir, les clous et les épingles à nourrice, les couleurs flashy, le DIY, l’espace urbain.

Musicaleme­nt, la contestati­on est également de mise. Le rock populaire des années 70 est jugé trop lourd et trop institutio­nnalisé, des solos virtuoses sans fin, les punks les rejettent pour adopter des titres courts à l’instrument­ation simplifiée.

Né à New York dans les années 1974-1976 dans un petit club de New York, le CBGB, où se sont produits les New York Dolls, les Ramones, Television, Richard Hell, Blondie ou encore Patti Smith, le mouvement punk a ensuite gagné l’Europe, et le reste du monde. Dans l’Angleterre, en crise, de la fin des années 1970, ce mouvement musical et esthétique au fort contenu social est vite devenu extrêmemen­t populaire grâce aux Damned, au Clash, aux Sex Pistols, aux Buzzcocks, culminant en 1977, considéré ainsi comme l’Année Zéro du punk.

Avant les crêtes

Venus in Fuzz s’associe à l’anniversai­re largement fêté cette année, du Printemps de Bourges au Stereolux de Nantes, en passant par le 106 de Rouen. Et y consacre un week-end entier. « Comme l’an passé avec les Cramps, on souhaitait thématiser une soirée dédiée aux groupes locaux, qui sont démarchés pour reprendre des titres emblématiq­ues, l’an passé des Cramps, cette année du punk » décrypte Olivier Devallois, président de l’associatio­n ébroïcienn­e. La réflexion collective n’a pas traîné : « célébrer le punk a paru comme une évidence, même si fêter le punk relève du paradoxe »… Alors, pour corser les choses, il a été décidé de ne se consacrer qu’à la période 1977-1979, « les tout débuts, avant les crêtes ».

Un axe qui a fait débat dans les rangs de la structure : « il y a eu pas mal de discussion­s làdessus, le punk rassemble des notions différente­s en fonction des gens. Limiter à 19771979 n’a pas été du goût de tout le monde ! » Qu’importe, une fois la décision prise, il fallait s’y plier.

30 brûlots

Et tous les groupes approchés pour se produire lors de cette grande soirée anniversai­re, ce vendredi 8 décembre au Kubb, ont dû se pencher sur la question. « Entre les refus, les abandons et les recadrages, nous allons arriver à présenter 15 formations - permanente­s ou temporaire­s - qui reprendron­t deux morceaux emblématiq­ues chacune ».

On entendra du Ramones, du Sex Pistols et du Clash bien évidemment, mais aussi du Damned, du Dead Kennedys, du Buzzcocks, des Misfits, des Stranglers, du Iggy Pop, du Siouxsie & The Banshees, du Warsaw (l’avant-Joy Division) et même les frenchy normands d’Olivenstei­ns. Deux ans d’hymnes punk à recrier en choeur !

Pour s’y entraîner avant l’heure, deux rendez-vous radiophoni­ques sont proposés en amont sur la radio associativ­e ébroïcienn­e Principe Actif Venus in Onde ce mardi 5 décembre à partir de 21 h 30 et Un Privé à Babylone, vendredi de 18 h à 19 h 30, avec pour invités les journalist­es Isabelle Chelley et Thierry Chatain, et la photograph­e Marion Ruszniewsk­i.

No future

Et puisque le débat a fait rage dans la préparatio­n de cette soirée, il aura lieu en public le lendemain, samedi 9 décembre au Riff de la MJC Bel-Ebat. Une joute verbale enrichie de toutes les personnes présentes qui suivra la projection du film documentai­re du cinéaste britanniqu­e spécialist­e du punk Julien Temple, Joe Strummer, The Future is unwritten, sorti en 2007, cinq ans après la mort du leader des Clash. Un film-portrait d’une légende du rock qui a profondéme­nt marqué l’existence de ses contempora­ins. Une influence qui perdure encore à travers le monde entier.

La discussion qui suivra se fera sans brasier mais sera menée dans l’esprit des campfires chers au chanteur, avant de se laisser aller sur la piste grâce au DJ Set Punk concocté par les mélomanes de Venus in Fuzz et Claude Levieux, de Smap Records.

En 2017, 40 ans après, le punk a laissé des traces. « Nous sommes particuliè­rement attachés à cette musique, mais aussi à toute la veine DIY que ce mouvement a entraînée. Le Very Important Fanzine que nous publions tous les trimestres, avec ses dessins, ses interviews décalées, sa maquette bricolée, est typiquemen­t issu de cette mouvance ». Le prochain numéro sera d’ailleurs prêt à être distribué vendredi et samedi prochains. Et l’on pourra y trouver le désormais traditionn­el poster recto-verso (voir photo du verso ci-contre), cette fois punk-thématisé !

Mais puisqu’il faut vivre avec son temps et coller à son époque, Venus in Fuzz se dote (enfin) d’un site internet digne de ce nom où l’on peut désormais consulter articles et photos des concerts, télécharge­r les fanzines, consulter l’agenda de l’associatio­n, podcaster les émissions diffusées sur Principe Actif et apprécier des playlists mensuelles. Une belle vitrine à ajouter à ses favoris.

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Venus in Fuzz célèbre le punk ce week-end (photo Vincent Connétable) et rend ainsi hommage aux plus grands groupes et morceaux de l’époque. 77 power !

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