Comme ça soulage !

L’ALM Évreux a remporté vendredi soir un match qu’elle ne devait surtout pas perdre pour rester crédible et ne pas plonger dans la crise. Plus sérieuse et appliquée, elle a même enfin montré, face à Aix, des valeurs de combat dignes de ce nom.

L’envie d’avoir envie.

Tout n’a pas été parfait, mais au moins, on n’avait pas grandchose à reprocher aux ouailles de Fabrice Lefrançois au sortir du match de vendredi soir.

Certes, on pourra mettre des bémols derrière la partition victorieuse de l’ALM. Signaler par exemple qu’Aix-Maurienne ne casse pas trois pattes à un caneton ; que Ruphin Kayembé et Soriah Bangura commettent trop de fautes personnelles largement évitables ; que Caleb Walker (0 point à la pause) a mis du temps à entrer dans la rencontre, etc.

Mais ce serait faire la fine bouche devant le plat qui était au menu du soir et oublier que, cette fois-ci, le résultat primait obligatoirement sur la manière.

C’est pourtant bien en mettant en adéquation le leitmotiv de leur coach avec leur attitude que les joueurs d’Évreux ont renversé à la régulière une équipe savoyarde qui revendique la plus petite masse salariale de la division.

Neuf joueurs bien impliqués

Cette fois-ci, les 9 joueurs qui ont participé à ce duel du 8 décembre étaient tous dans le combat et ont su bannir le renoncement, la crainte de mal faire et le syndrome de la tête basse.

Tous ont apporté quelque chose à un moment donné, à l’instar du plaisant duo MoonLéon en traction arrière ; d’un Steeve Ho You Fat concerné ; et surtout du remuant Ruphin Kayembé, précieux dans les deux raquettes (14 points à 63 %, 10 rebonds dont 6 offensifs, 8 fautes provoquées) et auteur de son meilleur match avec Évreux.

Tous, au contraire d’un Kevin Corre revenu en ennemi inoffensif (0/4 aux tirs, -1 d’évaluation) mais copieusement sifflé en amont, se sont attiré la sympathie du public.

Certes, les spectateurs étaient peu nombreux (1 200 environ) mais ils auront certainement davantage envie de revenir les 19 et 22 décembre prochains pour la réception de Vichy Clermont puis de Rouen, que les cochons de payants qui s’étaient fadés, une semaine plus tôt, la purge nancéenne (- 22) et même le succès étriqué face à Poitiers (73-71) lors de la 5e journée…

Sous contrôle

Dans un duel fort mal arbitré par trois référés aussi inspirés que Donald Trump sur Tweeter, l’ALM a su construire sa tour et son succès à la régulière, en défendant fort d’entrée, puis en dominant toute la seconde période.

Si Aix s’est accroché aux branches amicalistes jusqu’à la pause, menant même les débats à la 18e minute (27-28), la reprise marqua rapidement la fin de tout suspense (35-27, 21e).

L’avantage pour Évreux va dès lors osciller entre +5 (35-30) et + 15 (72-57, 39e), sans jamais redescendre sous les 8 points lors du dernier volet (59-51, 35e puis 61-53, 37e). Une marge suffisante pour ne pas trembler ou trop cogiter au moment de l’estocade.

Un coach dans le fight

Fabrice Lefrançois, lui aussi, montra son désir d’en découdre en tançant les piètres arbitres du soir, coupables de ne pas avoir vu Aix-Maurienne franchir sa moitié de terrain en plus de 10 secondes (51-40, 30e). Certes, il écopa logiquement d’une faute technique pour avoir, lui, remonté l’autre moitié de terrain, les bras en l’air et la bouche grande ouverte, en moins de 2 secondes…

Mais ce fut peut-être un mal pour un bien. « Je voulais aussi montrer à mes joueurs que j’étais dans le fight (N.D.L.R. : le combat). » L’amende dont le club devra s’acquitter sera bien peu de chose par rapport à ce qu’aurait pu coûter à l’ALM, un nouveau final léthargique…

« Maintenant, je veux voir la suite » dira-t-il en conférence de presse. « Il faut qu’on conserve cet objectif commun d’être dans l’envie et de combattre. C’est la marque de la Pro B. »

C’était aussi, jusqu’à la saison passée, la marque des équipes ébroïciennes. Au moins à domicile. Tout le monde était heureux de l’avoir retrouvée vendredi dernier. Après, cela aurait pu être déjà trop tard… Philippe Guinchard