La folle histoire de Marie
C’est l’histoire d’une jeune maman qui trouve un kilo de shit caché dans les canalisations de son appartement à l’automne 2016. Depuis, elle serait harcelée par les dealers. Sa vie est un enfer.
Viol commis en réunion, extorsion commise avec une arme, menace de mort, dégradations du bien d’autrui… Les procèsverbaux s’entassent sur la table de la salle manger de Marie*, 20 ans. Dans le couloir, s’inscrivent en lettres rose les mots « Crève salope » et « Toi et ta gosse allée mourire ». « On se croirait dans un film » soupire sa mère. Ces plaintes résument l’histoire de fou que raconte la jeune Lovérienne, mère d’une petite fille d’un an.
Du shit caché dans les canalisations
Son récit commence en novembre 2016, lorsqu’elle emménage dans un appartement d’Eure Habitat dans le centreville de Louviers.
« Je n’aurai dû l’avoir qu’en janvier » précise Marie. « Il y avait une odeur, on a pensé que c’était les canalisations. » Jusqu’au jour où sa fille « devient toute bleue ».
À l’hôpital, les tests indiquent qu’elle a du cannabis dans le sang. Marie ne comprend pas, fouille l’appartement. « J’ai aperçu des bouts de cellophane dans les conduits d’aération. » Selon ses dires, « il y en avait partout ». En tout, un kilo, elle appelle la police qui saisit la marchandise. Comment la drogue est-elle arrivée là ?
« Je me suis enfuie »
L’histoire est déjà dingue mais ne fait que commencer. Le soir, Marie explique que « trois baraques » ont frappé chez elle : « On est venu chercher ce qu’on a oublié chez toi ». Marie est avec sa cousine. Elles font les mortes et, dès qu’elles le peuvent, quittent l’appartement : « Je me suis enfuie chez ma maman ».
Quelques jours plus tard, elle rentre chez elle : « La porte était grande ouverte, ils avaient tout saccagé ». Selon Marie, les faits se seraient reproduits plusieurs fois.
Eure Habitat lui propose un nouvel appartement, dans un autre quartier de Louviers. Mais ses poursuivants la retrouvent. D’après leurs calculs, elle leur « devrait » 6 000 €.
Le viol
Marie refuse de payer jusqu’au jour où quatre hommes la surprennent en bas de chez elle : « J’étais tétanisée, mais j’ai tenté d’être cool et là, ils m’ont montré une photo de ma fille chez ma grand-mère. Ils m’ont parlé de la marque de la voiture de mon grandpère et m’ont sorti l’adresse. »
Marie a peur et commence à payer : 400 € par ci, 400 € par là. Jusqu’au jour où son compte est vide… « J’ai tout essayé, ils n’ont rien voulu comprendre. » Nous sommes en avril 2017, les quatre hommes l’auraient alors conduite dans une cabane des environs de Louviers : « Ils m’ont ligoté les mains et les pieds, et l’un d’eux m’a violée. Je l’ai supplié de ne pas le faire. »
La voix de Marie se brise, ses mains s’agrippent l’une à l’autre. « Pleure pas Marie » la réconforte sa mère en lui posant la main sur le bras.
L’homme qui l’a violée lui aurait tailladé le sexe à l’arme blanche.
Une affaire « prise au sérieux »
Convaincue par sa mère, elle va porter plainte au commissariat. Elle affirme connaître celui qui l’a ligotée et fournit le prénom d’un autre des hommes présents aux policiers. Et depuis, elle attend.
Son appartement a de nouveau été visité. Le 19 octobre dernier, elle retrouve son salon sens dessus dessous, et des menaces de mort écrites sur les murs. « C’est écrit au feutre rose et il y a un rond à la place d’un point sur le I, les policiers pensent que c’est moi qui l’ai écrit… »
Un nouveau certificat médical, établi à la fin du mois d’octobre, confirme l’effet désastreux sur l’état physique et psychologique de Marie, de cette attente angoissante au point d’avoir dû installer une alarme.
De son côté, le Parquet d’Évreux invite à la prudence et insiste sur le « sérieux » avec lequel est considérée cette affaire. « Ces plaintes sont traitées de la manière la plus sérieuse compte tenu de la difficulté d’apporter des éléments de preuve. »
Devant l’invraisemblable situation face à laquelle se trouve Marie, le bailleur social a enfin accepté de lui trouver un nouvel appartement.
L’enquête, elle, continue.
*Le prénom a été changé
Contacté, Eure Habitat n’a pas répondu à notre demande.