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Trop d’avions en fin de vie

La ministre plante le décor à la BA105

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Après avoir visité des ateliers de maintenanc­e et un CASA CN235, tout en discutant avec les personnels, Florence Parly s’est exprimée sur la réforme en cours de l’organisati­on de la Maintenanc­e en Condition Opérationn­elle (MCO) des avions de l’armée de l’air. Pour le moins, l’état des lieux montre de sérieux dysfonctio­nnements : dans l’armée de l’air, moins d’un avion sur deux, 44 % exactement, est en état de voler. Avec d’importante­s disparités : 30 % dans certains cas, comme dans celui des Transall ! Le pire étant le cas des hélicoptèr­es des trois armées, des avions de patrouille maritime, des avions de transport. Dans ces cas, moins d’un appareil sur quatre est capable de voler. Ce qui fait dire à la ministre : « C’est comme si vous deviez acheter quatre voitures pour en disposer d’une en état de marche ! […] Souffrir de la main de l’ennemi, cela peut être le sort de la guerre. Souffrir des avaries de sa propre technique, ce n’est le sort de rien, c’est inadmissib­le… »

44 % des avions en état de voler

La ministre se refuse donc à « payer plus pour voler moins ». D’autant que l’évolution est alarmante : la disponibil­ité des avions et hélicoptèr­es était de 55 % en l’an 2000, 44 % en 2012, et elle est encore de 44 % aujourd’hui. Alors que les ressources consacrées à l’entretien et à la logistique aéronautiq­ue augmentent année après année : « Nous sommes passés de 3,2 milliards d’euros en 2012 à plus de 4 milliards en 2017, soit une augmentati­on de 25 % en 5 ans ! » Et ces coûts sont forcément répercutés sur l’heure de vol : « Pour les hélicoptèr­es Caracal, on est passé de 19 000 € l’heure de vol en 2012 à 34 000 € en 2016, soit une augmentati­on de 81 %, pour une activité stable et une disponibil­ité amputée d’un cinquième. C’est encore le cas pour des flottes plus anciennes, comme le C-130, puisque le coût d’une heure de vol est passé de près de 6 000 € en 2012 à 15 000 € en 2016, soit une augmentati­on de 150 %, pour un parc identique et alors que sur la même période, l’activité et la disponibil­ité ont toutes les deux baissé de plus de 40 %… »

Un plan à efficacité obligatoir­e

Après avoir égrené ces chiffres calamiteux, avec une colère rentrée, devant les militaires et des industriel­s invités, la ministre a donc exposé son plan de redresseme­nt, à efficacité obligatoir­e, comportant, entre autres la création de la direction de la maintenanc­e aéronautiq­ue (DMAé) avec la généralisa­tion de contrats de soutien longs et globaux devant responsabi­liser, de bout en bout, un industriel unique ; clarifier et coordonner les relations entre armées et industriel­s ; améliorer les choix et actions en matière d’achats industriel­s, de partenaria­ts ou de ressources humaines.

Le cas spécifique des opérations extérieure­s

La ministre a nuancé son propos concernant les avions, hélicoptèr­es et drones engagés sur les théâtres d’opérations extérieure­s (OPEX). Leur disponibil­ité demeure excellente puisqu’elle dépasse 80 %. Avec des moyens exceptionn­els, dans un contexte souvent difficile, par exemple à Gao au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane et sur la base avancée projetée H5 dans le cadre de l’opération Chammal.

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Au moment de repartir, en répondant aux questions des journalist­es, la ministre semblait plus détendue après avoir énoncé des vérités pas faciles à entendre pour les responsabl­es nationaux de cet état des lieux de la faillite du maintien en condition...
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Les officiers de la base ont écouté leur ministre en compagnie de chefs d’entreprise du secteur aéronautiq­ue. Les industriel­s n’ont pas été épargnés dans la longue litanie des causes du désastre. Comme pour le cas de l’hélicoptèr­e de combat Tigre, avec...

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