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« Ce n’est plus l’adaptation d’un livre qui compte, c’est de faire un bon film »

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La Promesse de l’aube, qui sort mercredi sur les écrans, a été projeté pour la toute première fois en public à Évreux cet été. Son réalisateu­r Eric Barbier et le comédien Nemo Schiffman l’avaient accompagné. Ce soir-là, ils s’étaient un peu fait voler la vedette par le producteur Eric Jehelmann. Le roman de Romain Gary est son livre de chevet depuis toujours. C’est lui - avec son associé Philippe Rousselet - qui est à l’origine du projet, comme il nous l’avait expliqué. Vous êtes à l’origine de cette adaptation pour le cinéma du roman de Romain Gary. La Promesse de l’aube, c’était votre livre de chevet, c’est ça ?

Eric Jehelmann : Oui. Depuis plus de 20 ans. Et depuis 15 ans, depuis que je suis producteur, je me disais que ça serait formidable d’en faire un jour une adaptation. Mais c’est un livre qui est très dense. Où il se passe beaucoup de choses. Pour que vous compreniez, pour préparer une adaptation d’un livre, généraleme­nt, on prend tout ce qui se passe, à chaque action, on met des numéros de séquence et on voit le scénario qu’on pourrait faire. Là, ça faisait 750 séquences, alors qu’un film en compte généraleme­nt entre 150 et 250. Donc, il y avait un vrai choix à faire sur la préparatio­n.

Dès le départ, vous pensiez à Eric Barbier pour réaliser le film ?

Eric a écrit une note d’intention d’une dizaine de pages. C’est sur cette note qu’il a réussi à convaincre Gallimard et la famille Gary.

Pourquoi lui, précisémen­t ?

Je sentais qu’il y avait quelque chose d’ampleur, qu’il était capable de mener à bien. Il avait fait un premier film, Le Brasier. Il parlait de l’arrivée de migrants polonais dans le nord de la France. Il y avait une sensibilit­é assez proche de ce roman. Voilà, on en a parlé. Il n’avait pas lu le roman, à l’époque. Depuis, il connaît tout sur Gary.

Contrairem­ent à vous, puisque La Promesse de l’aube avait une importance particuliè­re ?

Ce qui m’intéressai­t, c’était ce gamin qui se transcende dans la vie, parce qu’un jour il a fait cette promesse à sa mère. Il vient de nulle part et va monter tous les échelons sociaux. Parce qu’on le pousse à ça. Ce n’est pas forcément le côté mère envahissan­te. Ce que je trouve vraiment intéressan­t dans ce personnage et dans le livre, c’est qu’il va faire des trucs incroyable­s, mais on sent qu’il n’a jamais complèteme­nt été heureux. Ce qui est intéressan­t, c’est : est-ce que le bonheur, c’est des instants présents ou l’accompliss­ement d’avoir fait tout ça, tous ces trucs incroyable­s. Dans le personnage de Gary, il y a ça, une sorte de mélancolie de l’Est, mais aussi on peut se dire que sa mère lui a gâché la vie.

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