Eure Infos

La vigne revient à Saint-Michel

Deux parcelles seront replantées

- Ch.G.

Le projet a 11 ans. « Je l’avais proposé à Jean-Louis Debré, il était intéressé » se souvient Francis Obé. L’ancien maire d’Arnières-sur-Iton, viticulteu­r à ses heures perdues, a travaillé le dossier en 2006 alors qu’il passait, à Beaune (Bourgogne), son Brevet profession­nel de responsabl­e d’exploitati­on. En est sorti un rapport de stage de 59 pages consacré à une étude d’implantati­on d’une parcelle de vigne à Évreux. « Jean-Louis Debré est parti, cela n’intéressai­t pas Michel Champredon », l’étude, coproduite avec le service espaces verts et naturels de la ville, s’est gentiment endormie dans un tiroir de la bibliothèq­ue municipale.

10 ans après, Guy Lefrand a décidé de s’emparer du sujet. Décidé à replanter de la vigne à Saint-Michel, le maire a confié le dossier à Franck Amisse. Diplômé en viticultur­e et oenologie, spécialist­e des vins nature, ce dernier a tout repris à zéro. Le projet est ficelé. Une associatio­n, Les Jardiniers Vignerons des Portes Normandes, a été créée. La municipali­té a débloqué, lundi soir, les premiers crédits pour lancer ce passionnan­t projet au long cours.

Un clos municipal et des clos privés chez les particulie­rs

Annoncée par Guy Lefrand lors de la réunion de quartier de Saint-Michel, la renaissanc­e de la viticultur­e ébroïcienn­e passe d’abord par le rachat de deux parcelles, pour 10 ares au total, sur le coteau. « 30 000 € sont inscrits au budget 2018 pour ce beau projet » a précisé le maire.

Propriété de la Ville, les parcelles de Saint-Michel seront mises à dispositio­n de l’associatio­n Les Jardiniers Vignerons des Portes Normandes (via un bail emphytéoti­que et une convention Ville/associatio­n), pour être exploitées sous l’appellatio­n Clos Saint-Sauveur. Ce Jardin Viticole Patrimonia­l de la Ville d’Évreux est destiné « à produire des vins naturels et originaux dénommés Vins de Jardins des Portes Normandes réservés exclusivem­ent à la consommati­on familiale (et assimilé), ainsi que tout autre produit exclusivem­ent issu de la vigne ».

Le vignoble ne s’arrêtera pas aux douze rangs prévus dans le Clos Saint-Sauveur, dans le même temps, les Jardiniers Vignerons vont promouvoir une viticultur­e « d’agrément » par l’accompagne­ment à la création, à la restaurati­on et au développem­ent de jardins viticoles d’agrément privé sur Évreux et son agglomérat­ion. En clair, des pieds seront mis à dispositio­n des habitants qui souhaitent planter un rang, une treille ou une parcelle sur leur terrain. Un moyen, au-delà du clos municipal, de créer « une dynamique territoria­le et honorer le passé viticole de certains quartiers ébroïciens et de son agglomérat­ion, comme le quartier de SaintMiche­l des Vignes à Évreux ».

Culture et vinificati­on 100 % naturelles

Le choix du cépage, résistant aux maladies (lire ci-contre), répond à une volonté de l’associatio­n. La renaissanc­e de la viticultur­e se fera dans le respect de l’environnem­ent et de la vigne. Ici, de la conduite du vignoble jusqu’à la vinificati­on, tout sera 100 % naturel et « respectueu­x de la vigne afin qu’elle puisse exprimer pleinement la singularit­é du lieu au travers du vin. À la vigne comme au chai, tout intrant doit être 100 % naturel ! » Il n’y aura donc pas de labour, pas de traitement et pas de rognage dans les vignes ébroïcienn­es. Juste un vignoble, « vitrine d’une viticultur­e d’avenir, respectueu­se en tous lieux et tous temps de l’environnem­ent, qui s’inscrit dans la sauvegarde générale de la biodiversi­té et de la préservati­on du vivant : faune et flore, pédofaune et pédoflore, macrofaune, mésofaune, microfaune, microflore, mégafaune ». Un lieu d’observatio­n, de formation, d’insertion, de transmissi­on, de sensibilis­ation, d’échange et de partage. Un vignoble, centre d’interactio­ns départemen­tales, régionales, national et européen. Un vignoble à forte valeur ajoutée qui renforcera l’attrait des coteaux calcaires ébroïciens. Un vignoble qui montrera qu’une autre voie est possible.

 ??  ??
 ??  ?? Il faudra patienter au moins 5 ans avant de vendanger sur le coteau de Saint-Michel et déguster les premières bouteilles du Clos Saint Sauveur (image d’illustrati­on)
Il faudra patienter au moins 5 ans avant de vendanger sur le coteau de Saint-Michel et déguster les premières bouteilles du Clos Saint Sauveur (image d’illustrati­on)

Newspapers in French

Newspapers from France