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Un an avec sursis pour le chauffard

Décès de l’opticien de la rue de Grenoble

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Mauvaise appréciati­on, vitesse excessive et alcoolémie… Le 13 mars 2017, la conjonctio­n de plusieurs éléments est à l’origine du décès, sur une route de campagne, de l’opticien ébroïcien de la rue de Grenoble, Frédéric Vaudrel.

Le pire étant advenu, le tribunal a tenté, neuf mois plus tard, de comprendre comment un tel drame a pu se produire.

Les faits par eux-mêmes sont d’une effrayante banalité.

Ce fameux 13 mars, à 20 h 20, Frédéric Vaudrel, au volant d’une Audi A6, s’arrête à un stop à l’intersecti­on formée par la RD 833 et la RD 68 sur le territoire de la commune de Mousseaux-Neuville. Il redémarre pour se diriger en face, franchit la voie de droite de l’axe perpendicu­laire et, alors qu’il se trouve en partie sur l’autre voie, est violemment percuté sur sa gauche par une Opel Zafira conduite par Jérôme Boudaud, 35 ans.

Le choc est terrible et Frédéric Vaudrel décède sur place. Sa fille, 10 ans, qui se trouvait à bord de l’Audi, doit, quant à elle, être dirigée vers le CHU CharlesNic­olle dans un état d’urgence vitale. Opérée deux fois, la petite fille a désormais repris le cours de sa vie. Reste que le traumatism­e ne s’efface pas.

L’enquête montre que si le franchisse­ment de stop est bel et bien établi, Jérôme Boudaud circulait entre 107 et 120 km/h sur une portion limitée à 70 avec… 1,39 g/l d’alcool dans le sang.

L’expert note également dans son rapport que le champ de vision du conducteur de l’Audi était d’environ 500 mètres.

« Il est fou ! »

Au tribunal, Jérôme Boudaud est en proie à une intense émotion.

« Quand je suis arrivé à l’entrée du village, j’ai commencé à décélérer. J’ai vu la voiture qui arrivait sur ma droite au dernier moment. J’ai donné un coup de volant et j’ai freiné » explique-t-il dans un murmure, tête baissée, avant d’ajouter en regardant la compagne de la victime : « Je regrette sincèremen­t… ».

L’avocat de la partie civile rappelle cependant que le prévenu avait 1,39 g d’alcool dans le sang… trois heures après les faits. Et d’insister sur la déclaratio­n d’un témoin doublé par Jérôme Boudaud 100 m avant le village : « Je me suis dit : il est fou ! »

La partie civile fait aussi remarquer qu’aucune trace de freinage n’a été constatée avant de conclure : « Frédéric Vaudrel s’est dit qu’il avait largement le temps de passer car Boudaud était très loin et ce dernier a eu un mauvais réflexe. Cet accident est dû à l’alcool ».

L’avocate de la compagnie d’assurances s’en tient, quant à elle, à la faute initiale, à savoir au franchisse­ment de stop. D’où une demande de baisse des indemnisat­ions aux ayants droit.

Trouver un coupable

« La vitesse est la cause principale sans laquelle l’accident n’aurait pas eu lieu » martèle, pour sa part, le Parquet avant de requérir un an de prison avec sursis simple ainsi qu’une annulation du permis de conduire avec interdicti­on de le repasser pendant un an.

Enfin la défense révèle que Jérôme Boudaud vit un enfer conjugal et a perdu son frère récemment. Le soir du drame, sa compagne, qui avait disparu pendant une partie de la journée, l’a agressé. Et il est parti faire un tour pour se calmer.

« Je n’élude pas l’alcool et la vitesse. Néanmoins, la visibilité était bonne et Frédéric Vaudrel aurait dû voir la voiture. Quand on cherche le pourquoi, on veut toujours trouver un coupable. La cause de l’accident ne peut pas lui être intégralem­ent imputée » conclut l’avocate.

Jérôme Boudaud est condamné à un an de prison avec sursis (mise à l’épreuve de deux ans) avec obligation de soins pour l’alcool. Son permis lui est, en outre, retiré et il ne pourra pas le repasser avant un an.

Les indemnisat­ions versées à la famille, via les assurances, sont diminuées de 25 %.

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