Rue David : la bataille des experts commence
Après les inondations et éboulements de la rue David, les experts des compagnies d’assurances de toutes les différentes parties s’étaient donné rendez-vous mercredi après-midi. La bataille commence.
Ils représentaient les intérêts des riverains de la rue David ayant subi des inondations, éboulements et autres dégâts importants, des entreprises concernées (celle responsable des travaux et celle du conducteur de la pelleteuse), et l’agglomération Évreux Portes de Normandie.
Les riverains les plus durement touchés, entre les numéros 31 et 37 de la rue, étaient présents au lieu du rendezvous, en haut de l’Échelette Saint-Pierre. Là où le sinistre a débuté, le 18 novembre dernier. Tout le monde est tombé d’accord sur la chronologie des faits, tels que présentés dans La Dépêche du 24 novembre. « Le samedi matin 18 novembre, le conducteur de la pelleteuse était en train de finir de creuser les fondations de la maison de 319 mètres carrés, pour laquelle un permis de construire avait été obtenu en avril 2017. À 12 h 30 une canalisation souterraine de 200 mm de diamètre est percée. Les services techniques de l’agglo étant fermés entre midi et deux, le samedi, c’est le standard de la mairie qui répond et enregistre l’alerte à 12 h 51. Un fontainier est arrivé sur place à 15 h 30, soit 2 h 39 après l’alerte. Le débit de l’eau a fini par être fermé vers 15 h 50. »
2 000 tonnes d’eau ont dévalé
Entre-temps, selon les chiffres donnés par les experts, ce sont 2 000 mètres cubes d’eau, soit 2 000 tonnes, qui ont dévalé la colline et provoqué d’importants dégâts dans les habitations de la rue David. Aux questions sur ce long délai entre l’alerte et la fermeture du débit de l’eau, plus de trois heures, les services techniques de l’agglomération répondent que le problème était complexe à gérer car la grosse canalisation mitoyenne, d’un diamètre de 500 mm, fonctionne dans les deux sens et peut remonter l’eau dans les réservoirs tout proches.
Une formalité non effectuée
Ces mêmes services municipaux ont fait observer aux experts représentant les entreprises que, vu la proximité des réservoirs et les dispositions légales, une déclaration de travaux à proximité de réseaux (DTDIC) était obligatoire avant de commencer le chantier. Ce qui aurait permis aux entreprises de connaître précisément la totalité des réseaux présents sur les lieux.
La bataille des experts a donc commencé, chacun s’accorde à prévoir qu’elle va durer des années ! D’autant que, même si la canalisation n’avait pas été percée, les fondations de la construction en cours sur la colline auraient reposé sur des canalisations enterrées…
Travaux de sécurisation urgents
En attendant, les riverains ont fait savoir, par les représentants de leurs assurances, qu’il y a urgence à entreprendre des travaux de récupération des boues et de consolidation de la colline, avant de continuer les palabres. La préfecture a mandaté le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour examiner la colline et indiquer les travaux nécessaires. Une première inspection a déjà eu lieu, une deuxième est prévue en tout début d’année.
De son côté, la Ville a mandaté l’entreprise spécialisée GEOTEC, un bureau d’études des sols. L’inspection a lieu cette semaine et les conclusions seront rapidement connues. D’ores et déjà, la Ville, propriétaire de la colline au-dessus des habitations, avait commandé les premiers travaux de déblaiement, périlleux, à Alpi-Extrême, une entreprise ébroïcienne spécialisée.
Les autres travaux de mise en sécurité des lieux, dans la partie relevant de la ville et de l’agglomération seront diligentés rapidement, après l’étude de GEOTEC, selon les services techniques… En ce qui concerne la maison sinistrée et inondée ainsi que l’immeuble, les travaux pourraient prendre des mois, En attendant, la propriétaire du 31 et tous les locataires de l’immeuble auraient eu une proposition de relogement, selon les propriétaires, dont l’entreprise Surleau.