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La guerre du bio bat son plein

Déménageme­nt, nouvelle enseigne

- A.Guillard

Pâtissier dans une autre vie, Guillaume Aubert est, depuis un an et demi, à la tête de La Vie Claire, à Gravigny.

La concurrenc­e (arrivée de Carrefour Bio en centre-ville, développem­ent de Biocoop, essor de l’indépendan­t Mon Côté Bio), il avoue ne pas la redouter. « Vous savez, il y a de la place pour tout le monde. Chaque enseigne a sa marque de fabrique et sa clientèle attitrée. »

Entre ses rayons, se croisent profession­nels de la santé attachés à la sécurité sanitaire, des femmes en attente de leur premier enfant sensibilis­ées aux complément­s alimentair­es, voire des jeunes convertis à la gemmothéra­pie. « Chez nous, ils ne trouveront pas de produits estampillé­s bio qui ne le sont pas. Je pense, par exemple, aux lessives en vente dans les grandes surfaces. »

Aux yeux de Guillaume Aubert, les géants de la distributi­on feraient plutôt dans le packaging. « C’est écrit bio, mais ça n’a rien à voir. » En somme, l’odeur et la couleur, mais pas la consistanc­e !

« Les meilleurs resteront ! »

Adossé à la fidélité de ses clients (moyenne d’âge : 40 ans), notre jeune gérant peut se prévaloir d’une croissance allant crescendo avec, aujourd’hui, 2 800 fidèles dûment répertorié­s.

« Ils apprécient la diversité des produits, français à 82 %. Je pense aux fruits et légumes, cultivés dans un rayon de vingt kilomètres, au lait infantile de chèvre, aux vêtements en coton pour les bébés. Nous proposons également un pétillant de pomme, fabriqué à Beaumontel, qui marche très bien, et un jus de grenade aux vertus antioxydan­tes » décline le responsabl­e de La Vie Claire qui multiplie les ateliers à thème (naturopath­ie, sophrologi­e) pour déjouer les pièges de la concurrenc­e : « De toute façon, ce sont les meilleurs qui resteront ! »

« Liberté de choix »

Chez Mon Côté Bio, on tient également à ses spécificit­és.

« Avec notre modeste surface de 40 mètres carrés, on ne peut pas être assimilé à un supermarch­é. Mais c’est l’idéal pour effectuer un vrai travail de proximité, sans contrainte d’achat. En tant qu’indépendan­t, on sélectionn­e des produits dans lesquels on a une entière confiance. La concurrenc­e n’a pas cette liberté de choix » apprécie Muriel Lambert qui, depuis neuf ans, a pignon sur rue, Place Clemenceau à Évreux.

Dans son magasin, qu’elle gère avec son fils Clément, se pressent une grande majorité de femmes, beaucoup de CSP + (catégories socioprofe­ssionnelle­s favorisées) et de jeunes parents qui abreuvent leurs bébés aux sources du bio. « On peut remercier les médias qui, à force de dénoncer les scandales, favorisent nos desseins. La preuve, nous progresson­s chaque année. »

4 000 clients

Mais quid de la concurrenc­e qui lime ses crocs ?

« Biocoop a une clientèle très ciblée, très ancrée. Quant à Carrefour Bio, elle va «grignoter» sur la grande distributi­on et non pas sur les enseignes spécialisé­es » suppose Muriel Lambert qui surfe sur la vague du conseil pour se démarquer. « On n’hésite pas à détailler la compositio­n et l’enrobage des produits, on travaille énormément sur la prévention et les complément­s alimentair­es. Chaque produit correspond à une pathologie. »

Gelée royale, sève de bouleau, huiles essentiell­es constituen­t les ingrédient­s de base de la recette du succès. Aujourd’hui, en effet, les responsabl­es de Mon Côte Bio recensent 4 000 clients et séduisent dans un rayon de 40 kilomètres autour d’Évreux. Où tofu, quinoa, yuzu et autre passata génèrent des millions d’euros de chiffre d’affaires (*) et, de ce fait, aiguisent bien des appétits… (*) Dans sa livraison de janvier, le mensuel Que Choisir évoque une croissance de 20 % pour l’exercice 2016.

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Guillaume Aubert, gérant de La Vie Claire. « Nous sommes une entreprise artisanale où les clients ne sont pas des numéros » suggère

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