La crèche Isambard en soins intensifs
Après le décès de Zeïna, victime de la méningite
Le téléphone sonne peu après 7 heures, lundi 29 janvier, à la crèche de la rue Isambard. Des parents s’informent ainsi. D’autres se déplacent. Tous cherchent à savoir si la structure fonctionne ce jour. Si elle est en mesure d’accueillir leurs enfants. La réponse est oui. Le questionnement est légitime suite au dramatique événement survenu en fin de semaine dernière. Zeïna, une fillette de 2 ans et demi, qui fréquente la crèche, est décédée brutalement. Elle n’a pas survécu à une méningite bactérienne.
Dans le grand hall d’accueil de la crèche, l’ambiance est pesante sous l’éclairage blafard. Mais tout le monde est mobilisé, pour accueillir parents, enfants et personnels, lundi matin. Les personnels en premier lieu. Mais aussi le Dr Benoît Cottrelle, adjoint à la directrice de la santé publique et responsable du pôle veille et alertes sanitaires pour la Normandie, est présent. Guy Lefrand, le maire, l’accompagne. « Aucune autre mesure sanitaire que celles déjà mises en place ne s’impose, confirme le Dr Benoît Cottrelle. D’un point de vue sanitaire, il n’y avait pas de raisons de fermer la crèche ». De rares parents déposent leurs enfants.
La solidarité des parents
Dès 8 heures, une première psychologue arrive sur place. Une deuxième doit aussi intervenir. « Nous avons pris la décision de mettre en place une cellule psychologique, souligne Guy Lefrand. La prise en charge des enfants, des parents et des personnels est essentielle ». De fait, certains parents ne cachent pas leur désarroi. Et singulièrement celui qui consiste à aborder, à parler de la disparition de la petite Zeïna. D’autres parents témoignent leur solidarité. Ainsi ce père d’une petite fille inscrite elle aussi à la crèche. « J’ai demandé comment venir en aide à cette mère isolée, explique-t-il. Ne serait-ce que l’accompagner dans des démarches administratives ».
Direction les urgences
Dès l’alerte donnée, vendredi, le dispositif de veille adéquat a été mis en place. « L’hôpital nous a avertis vendredi dès l’admission de la petite fille, raconte le Dr Benoît Cottrelle. Elle a été très rapidement transférée au centre hospitalier universitaire de Rouen, n’a pas survécu à cette septicémie due à un méningocoque de type purpura fulminans (lire par ailleurs). Grâce aux services municipaux nous avons rapidement obtenu une liste précise et exhaustive des personnes, enfants et parents et mais aussi personnels susceptibles d’être en contact avec la fillette. 167 enfants sont concernés et 34 professionnels qui travaillent à la crèche et au sein des centres hospitaliers. Nous avons eu un contact avec la plupart de ces personnes et laissé des messages aux autres afin qu’elles nous contactent. La plupart des enfants ont été traités dès samedi. Quant aux professionnels, nous les avons orientés en fonction du degré d’exposition ».
Rupture momentanée de médicaments
Quelque 65 familles ont été accueillies au service des urgences du centre hospitalier d’Évreux, dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 janvier.
Lundi matin, 150 personnes avaient entamé le traitement préventif prescrit. « Il s’agit d’un traitement antibiotique, rappelle le responsable de la veille sanitaire en Normandie. Il se déroule sur deux jours à raison de deux prises par jour ». Seul petit couac et qui n’a fort heureusement pas duré : l’approvisionnement des pharmacies d’Évreux en médicaments. « Il y a eu un petit flottement samedi, confirme Guy Lefrand. Mais tout est rapidement rentré dans l’ordre ».
Selon le Dr Benoît Cottrelle, ce type de maladie demeure assez rare. « Elle survient souvent durant la période hivernale, a expliqué le responsable de la veille sanitaire en Normandie. Environ 10 % de la population française sont des porteurs sains du germe. Certains le déclarent, d’autres pas. L’infection peut parfois apparaître consécutivement à un rhume ». Cependant le médecin de l’ARS s’est voulu résolument optimiste, arguant que « le germe ne survit que très rarement. La contagiosité est donc très relative. Il faut vraiment avoir été en contact très proche avec la personne infectée. La contagion peut alors se transmettre par des gouttelettes de salive. Le germe peut se répandre dans la gorge ».
Des analyses ont été demandées. « Il est nécessaire d’identifier précisément la souche du méningocoque, précise le Dr Benoît Cottrelle. Si nous sommes en présence d’un méningocoque C, nous devrons envisager une campagne de vaccination ».