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Culture, Guy Lefrand sans filtre

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Alors qu’il rencontrai­t la presse pour effectuer un large tour d’horizon des dossiers en cours en ce début d’année, le maire d’Evreux s’est attardé sur les sujets plus culturels, du festival rock au Tangram en passant par ce vernissage à la Maison des arts qui continue de faire parler de lui.

« Le sujet culturel de l’année, c’était les gérontophi­les qui baisaient à poil ! » Guy Lefrand - le bien nommé - n’y va pas par quatre chemins, au moment de rencontrer la presse et faire un point sur les sujets brûlants, en cette nouvelle année. « Je savais que la question allait être posée, il faut qu’on évacue ce débat-là », juge-t-il, avant de livrer sa position sur le happening qui a eu lieu lors du dernier vernissage à la Maison des arts (lire Eure Infos du 23 janvier 2018). « Il y a deux choses qui m’ont gêné. La première, ça a mis en difficulté du personnel de la Maison des arts - qui pleurait encore le lendemain, qui le vit mal, et qui a pourtant l’habitude de la culture… Donc, ça a créé de la souffrance. La culture est là pour provoquer, mais pas forcément là pour créer de la souffrance », juget-il, avant de détailler le second point : « Ça a été fait devant des enfants. Je sais qu’il n’y a pas si longtemps, le monde de la culture estimait que la pédophilie était normale, mais quand même. Voilà, ce sont les deux raisons pour lesquelles je regrette ce comporteme­nt », conclut-il, tout en dédouanant la sortie de son adjoint chargé de la Culture qui avait un peu dévissé en assurant : « Nous savons maintenant à quoi nous avons échappé en décidant de l’arrêt des subvention­s publiques au MegaPobec ». Le maire d’Evreux y voit surtout des propos tenus « sous le coup de la colère. Je pense qu’il l’a mal vécu. Pour le coup, c’est quelqu’un qui respecte le monde de la culture. Ce n’est pas très grave », finit-il par admettre, tout en confiant s’être « interrogé sur une éventuelle plainte, à cause de la souffrance induite chez les profession­nels de la Maison des arts. Je me bats pour préserver cette Maison des arts, et je trouve que c’est faire une mauvaise publicité à une structure qui mérite un minimum de respect. Après, audelà de ça, ça ne mérite pas plus que ce que c’est, deux petits vieux qui baisent devant tout le monde, peut-être qu’ils ont besoin de ça pour s’exciter, c’est leur affaire. »

Quid du happening ? « J’ai lu votre perception des choses (lire Eure Infos du 23 janvier), ils ont créé une performanc­e dans un lieu et un moment qui étaient dédiés à la performanc­e. Sur le principe, pourquoi pas ? Mais faire souffrir des gens ; ça, ça me gêne. Et surtout devant des enfants. La pseudo-performanc­e culturelle, pourquoi pas. Si on fait de la culture à chaque fois qu’on baise. On est tous des cultureux. », conclut-il, confiant au passage qu’il n’aura finalement pas porté plainte : « Parce qu’ils ne le méritent même pas ».

« Normandy Rock avance bien »

Autre sujet brûlant, quoique tiède jusque-là, le festival Rock In Evreux, dont on ignore encore tout sauf les dates (les 29 et 30 juin) et l’offre promotionn­elle de Noël (terminée le 31 décembre) à 42 € les deux jours, alors que la plupart des festivals, sinon tous, ont dévoilé leurs produits d’appel, rivalisant de noms ronflants et trébuchant­s. Le maire d’Evreux assure que « Normandy Rock (l’associatio­n qui porte le festival new look, ndlr) avance bien. On a des noms, il y a des choses qui sont signées et d’autres non. Je les laisse avancer », indique-t-il. « Je ne peux pas être plus clair, je ne m’occupe pas de la programmat­ion ». Sans livrer le moindre nom, il souligne qu’il « y a des noms qui me parlent et d’autres non, les deux me rassurent. Si on veut avoir une programmat­ion éclectique, il faut des noms que je connaisse, comme Trust l’an dernier. Et, à côté de ça, il y avait des noms que je ne connaissai­s pas l’an dernier et que j’ai découverts, comme Limiñanas. J’ai vu un article récemment qui expliquait que c’était le groupe rock de l’année. C’est bien, ils sont passés à Evreux, l’an dernier. Cette année, il y aura des groupes dont on nous a dit : Ah, c’est génial ! C’est exceptionn­el ! Les ados, quand on les a testés sur certains noms, ils explosent », assuret-il. La rumeur Shaka Ponk et ses Ébroïciens ? « Ça fait partie des sujets abordés », admet-il, même si rien n’est fait ; « Je ne pense pas que ce soit signé ». On n’en saura pas plus. Sinon qu’on « devrait avoir un beau festival rock, justement, si on prend un peu de temps c’est parce qu’il y aura des choses intéressan­tes à annoncer ».

Tangram et théâtre

Dernier sujet bouillant, la métamorpho­se de la scène ébroïcienn­e en Tangram : « Une structure au lieu de trois, c’est bien », juge le maire d’Evreux. Il se dit satisfait du travail du nouveau monsieur rock, la recrue Alban Legrand, et des retours en matière de musiques actuelles. Plus globalemen­t, il estime « qu’il faut qu’on progresse encore, en termes de programmat­ion. J’aimerais peut-être mieux avoir moins de spectacles, mais des spectacles de plus grande qualité qui fassent venir à Evreux des Parisiens et des Rouennais, ça se serait bien. » À l’instar de l’exposition Une Renaissanc­e en Normandie, au musée d’Evreux. « On a fait venir des gens qui n’étaient jamais venus à Evreux parce qu’il y avait quelque chose d’unique, juge-t-il. Peut-être qu’il faut se donner, à un moment, les moyens de faire deux ou trois spectacles ultra-qualitatif­s ». On pense aussitôt à l’ouverture du théâtre, en septembre prochain, le premier spectacle proposé. « L’objectif, c’est de faire une création originale pour la réouvertur­e du théâtre. Là-dessus, on va mettre les moyens », promet-il, tout en évoquant plusieurs pistes, dont une régionale à envergure nationale. Entre Thomas Jolly ou David Bobée, on sait la Région pourvue. « Il faut qu’on ait quelque chose d’unique », insiste-t-il. « Tout le monde attend cette ouverture ». Il se souvient de son arrivée aux affaires. « Je n’oublierai jamais les services, quand je suis devenu maire, lorsqu’ils m’ont dit : Monsieur le maire, il y a le théâtre, on repart de zéro ? Parce qu’à chaque fois qu’on changeait de maire, on repartait de zéro. Là, j’ai dit : Non. On a retravaill­é le projet, mais on ne l’a pas arrêté. Sinon, il n’aurait toujours pas été rouvert avant que je reparte… » En 2020 ou après.

Dans ce même laps de temps, c’est un autre projet - « dans les tuyaux » - qui pourrait sortir de terre, le parc Viking. C’est une question de longueur de tuyaux. Si tout se passe bien, les premiers coups de pioche pourraient avoir lieu avant que Guy Lefrand parte, d’ici à 2020, ou après. D.CH.

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Le happening de Jean-Pierre Brière et Marie Crouail lors du vernissage de l’exposition L!VE Art Performanc­e, à la Maison des arts, fait encore parler de lui.

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