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Les personnels et les résidents en souffrance

Alors que personnels et familles entament ce mardi un mouvement national de grève pour réclamer plus de moyens, la secrétaire générale FO santé de l’Eure décrit une situation cauchemard­esque dans les EHPAD du départemen­t.

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Ce n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, les personnels des EHPAD (Établissem­ent d’Hébergemen­t pour Personnes Âgées Dépendante­s) montent régulièrem­ent au créneau pour dénoncer leurs conditions de travail. Ce sera encore le cas, ce mardi 30 janvier, dans tous les EPHAD de France où, à l’appel de FO, personnels et familles participer­ont à un mouvement national de grève. « À l’échelle de notre départemen­t, dans tous les EHPAD, le constat est le même et est sans appel », souligne Martine Dupont avant d’aller dans le détail d’une situation dramatique pour les agents comme pour les résidents.

Sous effectif et maltraitan­ce institutio­nnelle

Dénonçant le sous-effectif dans les établissem­ents, la secrétaire départemen­tale FO santé pointe des « conditions de travail de plus en plus difficiles » qui ont eu pour effet de faire exploser le taux d’absentéism­e (10 %) et ont considérab­lement alourdi la charge de travail des soignants. « L’ensemble des personnels est à bout de souffle, les résidents souffrent, les familles n’osent pas se plaindre et les directions n’ont plus les moyens de faire fonctionne­r correcteme­nt leurs établissem­ents ». Avec en moyenne 4 aides-soignantes pour 100 résidents, « là où il faudrait 1 agent par résident », le calcul est vite fait. Et le constat terrifiant. « Comment faire la toilette d’une personne âgée de 85 ans en moins de 10 minutes ? Ça se résume au VMC, visage, main, cul… Tout est là et c’est terrible ! » explique Martine Dupont en dénonçant une maltraitan­ce institutio­nnelle grave pour l’ensemble des personnels et des résidents. « La qualité des soins apportés aux résidents diminue et les familles payent de plus en plus » dénonce encore la représenta­nte syndicale alors que la nouvelle tarificati­on « kafkaïenne » va créer « des inégalités territoria­les d’un départemen­t à l’autre et va encore diminuer les moyens financiers ».

Des difficulté­s de recrutemen­t

« Il manque en moyenne 60 agents par EHPAD » et les vocations commencent à se faire rares. D’autant que, évoque Thomas Drouet, les jeunes déchantent vite à leur arrivée dans les établissem­ents. « En formation, on leur apprend à respecter le patient, à pratiquer des massages avec point d’appui, etc. Quand ils arrivent sur le terrain, c’est le choc ». Un choc suffisamme­nt puissant pour que certaines aides-soignantes finissent par démissionn­er pour aller travailler ailleurs. « Il commence à y avoir une pénurie de personnel, résultat on embauche des agents hospitalie­rs sans qualificat­ion pour compenser », regrette le secrétaire départemen­tal adjoint de FO santé. Écoeuré, le représenta­nt espère que cet énième appel à l’aide soit entendu. « On est au bout du bout. Je pense que nos aînés méritent mieux pour leur fin de vie » dit-il.

Réunis en délégation, les représenta­nts doivent rencontrer l’Agence Régionale de Santé et le président du Conseil départemen­tal pour porter leurs revendicat­ions. Ils réclament l’applicatio­n du plan grand âge qui prévoyait un agent par résident, l’abrogation de la réforme de la tarificati­on, l’arrêt des baisses de dotations et le maintien de tous les effectifs des EHPAD, y compris les contrats aidés et l’améliorati­on des rémunérati­ons. « Rappelons-nous que l’EHPAD est un lieu de vie dans lequel on soigne et non pas un lieu de soin dans lequel on vit. Médicalisa­tion ne veut pas dire déshumanis­ation ». Ch.G.

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