Le maire s’endette pour sa commune
L’édile de Quittebeuf a emprunté personnellement près de 200 000 € pour permettre la réouverture d’un café-restaurant dans sa commune. Une décision étonnante qui vaut à Benoît Hennart d’attirer l’attention des télévisions et des radios.
« Monsieur le maire, vous marchez tranquillement sur le trottoir et vous faites une petite pause avant d’entrer dans le bar. » « Vous discutez avec les gens et vous faites comme si nous n’étions pas là. » Benoît Hennart commence à être habitué aux demandes des cameramen, soucieux de multiplier les plans pour leurs reportages. En quelques jours, il a vu défiler les chaînes de télévision nationales et régionales : France 2, TF1, France 3… Sans compter les radios RTL et RMC.
« Je ne fais pas ça pour me faire de la pub »
Le village de Quittebeuf est sous le feu des projecteurs depuis l’ouverture en fin d’année dernière du P’tit Canon. Un café dont les travaux ont été financés et réalisés par le maire lui-même ! C’est ce caractère insolite qui attire les médias dans ce petit village de l’Eure de 650 habitants, à 10 minutes du Neubourg.
Jeudi 11 janvier, deux journalistes de France 3 Normandie ont poussé la porte du bar et sont venus à la rencontre du maire pendant plus d’une heure. Pour comprendre ce qui pousse cet édile pas comme les autres à s’investir autant pour sa commune. Âgé de 56 ans, Benoit Hennart est devenu ces derniers jours un symbole des élus en lutte contre la désertification rurale.
« Je ne fais pas ça pour me faire de la pub », précise-t-il. Le maire assure vouloir rester fidèle à ses promesses de 2008, au moment de son élection : « Je me suis présenté pour défendre mon village et maintenir les commerces et les services. Il n’y a rien de pire qu’un village qui perd ses commerces ».
Benoît Hennart a investi près de 200 000 € de ses deniers personnels et en contractant un prêt sur 20 ans. « C’est un sacré pari », lance le journaliste de France 3. « Je n’avais pas d’autre choix que d’investir personnellement, répond le maire. Je ne voulais pas que la commune fasse d’emprunt, nous avons déjà des crédits et j’ai d’autres projets. »
Benoit Hennart, muni d’un impressionnant trousseau de clefs accroché à sa ceinture, entraîne les journalistes à quelques pas du café. Il veut leur montrer son prochain défi : faire d’une vieille grange une boucheriecharcuterie de 50 m². Il prévoit encore de dépenser 50 000 € de sa poche et espère une ouverture en fin d’année. Le Courrier de l’Eure