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Maximilien Luce, un peintre engagé

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La nouvelle exposition du musée de Louviers présente plus d’une centaine de pièces de l’oeuvre du peintre Maximilien Luce (1858-1941). À voir jusqu’au 27 mai 2018.

À l’occasion du 160e anniversai­re de la naissance de Maximilien Luce, le musée de Louviers montre différents thèmes abordés par l’artiste, le monde du travail, les loisirs, le paysage, le portrait et bien sûr en cette dernière année de commémorat­ion ses oeuvres sur la Grande Guerre.

Le centenaire de 14/18.

En 2014 le musée de Louviers, à travers l’oeuvre d’un artiste contempora­in, Pierre Buraglio, commémorai­t à sa façon le centenaire du début de la tragédie de 14/18. En 2018, avec des tableaux de Luce retraçant divers événements liés à la Première guerre mondiale, le musée marque l’anniversai­re de la fin de ce conflit.

L’oeuvre

L’oeuvre de Maximilien Luce reflète les nouvelles préoccupat­ions des peintres à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Issu d’un milieu modeste il sera particuliè­rement sensible à la condition humaine, que ce soit du monde du travail que de la misère sociale. Marqué par ses amis impression­nistes, comme Pissarro, Paul Signac, Henri-Edmond Cross, il va s’intéresser quelque temps au pointillis­me mais délaissera cette technique picturale au profit du sujet. Artiste libre et indépendan­t il traitera de thèmes sensibles comme les effets meurtriers de la guerre de 14/18, la condition ouvrière, et s’engagera auprès de mouvements libertaire­s contre l’autoritari­sme.

L’exposition

L’exposition présente ces différents aspects et met en exergue son évolution stylistiqu­e, son engagement artistique et intellectu­el. Plus d’une centaine de pièces, peintures, dessins, estampes, permettent d’avoir un aperçu relativeme­nt exhaustif de son oeuvre.

Luce et l’impression­nisme

Maximilien Luce est proche du milieu des artistes néo-impression­nistes, on compte parmi ses amis, notamment Camille Pissarro, Paul Signac dont il fera les portraits, Théo van Rysselberg ou encore le Fauviste Kees van Dongen pour ne citer qu’eux.

Tous ces artistes sont proches ou liés à des mouvements politiques libertaire­s et anarchiste­s. Leur singularit­é et la posture anti-convention­nelle qui s’expriment à travers leurs oeuvres sont inséparabl­es de leur engagement intellectu­el. Le choix de montrer le monde du travail, les simples gens, l’injustice, comme l’exécution pendant la semaine sanglante de La Commune de Paris en 1871 d’Eugène Varlin, syndicalis­te révolution­naire ou encore le côté sombre de la guerre n’est pas anodin. En mettant en image ces scènes, l’artiste dévoile et dénonce. Il va s’engager en contribuan­t par des illustrati­ons dans différente­s revues comme « Le père peinard », journal hebdomadai­re anarchiste fondé en 1889 par Émile Pouget.

Luce emprunte le chemin tracé par l’Impression­nisme, celui d’une rupture avec les poncifs académique­s pour être au plus proche de la réalité.

Pendant une certaine période, dans une veine proche de Seurat, Cross et de ses amis, Pissarro et Paul Signac, il va adopter la méthode pointillis­te. Il va réaliser plusieurs très beaux tableaux, comme le portrait de Madame Bouin faisant sa toilette du musée de Mantes-la-Jolie présenté en 2016 au musée de Louviers lors du Festival Normandie impression­niste ou encore L’usine à Charleroi, Couillet présentée dans l’exposition.

Le monde du travail

L’artiste, sensible à la condition ouvrière, va traiter ce sujet à travers de nombreuses oeuvres. On y verra l’aspect dramatique de la condition sociale, comme dans ce tableau Vive la grève où un ouvrier hésite à manifester pendant que sa femme semble effondrée par la situation. Il montrera l’univers industriel, comme les Usines à Charleroi, tout comme les petits métiers

La vie quotidienn­e

Maximilien Luce s’intéresse particuliè­rement aux scènes de la vie quotidienn­e, représenta­nt souvent les personnage­s de son environnem­ent familier, sa famille, ses amis. Il reste sensible aux paysages qui l’environnen­t comme sa maison ou l’église à Rolleboise, les bords de Seine.

Il saisit les paysages qu’il découvre lors de ses voyages, la Bretagne, Saint-Tropez, les bords de mer, notamment Le Tréport, Dieppe, Rotterdam…

Il peint des scènes de loisirs, comme cette oeuvre du musée de Sceaux Bords de Seine, baignade, invente des scènes bucoliques, convoque réalisme et onirisme.

Les oeuvres sélectionn­ées proviennen­t principale­ment de musées, musée de l’Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie, musée départemen­tal de Sceaux, musée des Impression­nismes de Giverny, musée de la Grande Guerre de Meaux, musées de Fécamp, Lagny-sur-Marne, Versailles. et de collection­s privées.

Musée de Louviers, place Ernest Thorel. Exposition jusqu’au 27 mai 2018. Ouvert tous les jours de 14 à 18 h - fermé le mardi Entrée libre.

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