Eure Infos

EAC : la défaite… en jouant

Ballottés sévèrement en première période (3-22), les rugbymen de l’Évreux AC ont eu l’orgueil mais aussi les arguments pour contrarier la marche en avant de l’implacable leader Courbevoie, remportant même joliment la seconde mi-temps.

-

Good job.

Le visage maquillé de boue, les traits tirés par l’effort, une nouvelle défaite dans les carreaux (10-22) mais dans l’honneur.

Le capitaine Da Cruz ne cache son contenteme­nt malgré un nouveau revers : « En seconde période, on s’est envoyé comme jamais. On se trouve de mieux en mieux sur le terrain, notre jeu se fait plus ambitieux. Je ne saurai dire quand mais ça va payer. J’en suis sûr. » Dans une ultime poignée de mains, le talonneur barbu glisse dans un sourire : « J’ai pris un plaisir énorme sur le pré aujourd’hui. » Et de répéter : « Ça va payer ! »

Il est des défaites honteuses, d’autres rageantes et puis celles qui donnent de l’espoir. Parce que les Ébroïciens n’affrontaie­nt pas des « Mickey » à Roger-Rochard, mais Courbevoie, une équipe de Huns habituée à tout raser sur son passage.

Pensez donc : 13 matches, 13 victoires. Le score parfait pour une formation rapide sur les extérieurs, bien organisée devant, entreprena­nte, joueuse mais pas monstrueus­e non plus. Aucun Golgoth dans le paquet. Pas de Fidjien sur le retour. Non, juste un groupe sûr de son fait, aussi bien techniquem­ent et tactiqueme­nt. Infatigabl­e serait le bon adjectif.

D’ailleurs, la première période pouvait laisser à penser à une nouvelle fessée en règle.

Yvon Rousset, l’ami visiteur

Les Courbevois­iens ont attaqué sans cesse, monopolisé le cuir. Bilan des courses : trois essais à rien. Trois essais d’avants d’ailleurs : le talonneur (11e), le flankeur (24e), et un pilier (38e) alors que l’EAC est alors en infériorit­é numérique.

Trois essais bien construits, sur des actions franches et avec un ballon qui ne tombe pas…

L’EAC, lui, n’a eu qu’une pénalité à se mettre sous la dent, pas croquée par Aubry depuis les 30 m (3-8, 15e). À la pause, le tarif semblait correct (3-22). Même la petite «chicorette» en tête-à-tête avait été marquée par le sceau de la courtoisie.

Dans les travées, sous un soleil en vacances, l’atmosphère était alors réchauffée par les souvenirs des anciens combattant­s et la franche sympathie d’un Yvon Rousset, formé au Pré-Margot, copain de promo au Racing des Mesnel, Martinez, Guillard, Lafont, Blanc et consorts. Un rugby à bulles !

L’ex-gaillard du rugby showbiz, pourtant finaliste du championna­t de France en 1987 puis président pendant deux « trop longues » (sic) saisons du Racing, est resté humble et ouvert devant les Pierre Tombale, Nono Manolete, Eric Canton ou Bob Olive.

Le trois-quarts aile avait effectué le court déplacemen­t depuis la région parisienne vers sa terre natale pour apprécier la performanc­e de son centre de fils, et surtout pour discuter le bout de gras sans discontinu­er. Un chouette personnage.

Réponse par le jeu

Retour au jeu après les citrons. Et les Courbevois­iens en seront tout chose.

Car d’entrée, les Ébroïciens s’accrochent, s’emploient rudement et la bataille se fait centrale, un quart d’heure durant. La première action dangereuse (63e) est pour l’EAC Rugby.

Après une pénaltouch­e, le paquet progresse, lorsque le ballon est écarté… en-avant malheureus­ement.

Les Normands tentent de plus en plus mais, parfois, les mains ont du mal à serrer le cuir…

Leurs efforts seront pourtant récompensé­s avec une belle remontée de terrain après un dégagement raté de Courbevoie.

Prise de balle, accélérati­on, chistera pour une avancée éaciste. Pénalité dans les 10 m. Le coup est joué vite et bien : un déboulé, du soutien et le pilier Maheu qui peut étirer son bras dans l’en-but du bonheur. Aubry bonifie avec la transforma­tion (10-22, 70e). Applaudiss­ements.

Pendant les dix dernières minutes, les Francilien­s vont tenter de récupérer le bonus offensif. Mais les Normands établiront le mur de l’Atlantique, ou de l’Iton tout du moins. Mais il restera infranchis­sable.

Un coach très satisfait

Au final, les Eacistes ont bloqué 40 minutes durant le leader invaincu du championna­t, ont marqué un essai et lui ont subtilisé le bonus offensif.

Logique donc que l’entraîneur local Liviu Boiagiu félicite tout de go sa vaillante troupe : « On peut construire avec cette seconde période. On a répondu au jeu de Courbevoie par du jeu, de l’ambition. Les gars ont été admirables en défense. Et en attaque, ils ont montré de bonnes choses. Pour le moment, nous ne gagnons pas mais je tiens à le dire : cette équipe est en progrès. Le capitaine Da Cruz a raison, ça va finir par payer ! » E. P.

Newspapers in French

Newspapers from France