Saint-François à vendre !
Désormais, l’avenir de Saint-François dépend de son rachat. Par Notre-Dame ? Premiers éléments de réponse avec Yves Legendre, directeur du centre diocésain…
Pourquoi avez-vous demandé à ce que Saint-François bénéficie du redressement judiciaire ?
Dans un premier temps, l’évêque Christian Nourrichard m’a sollicité pour que je nomme un chef d’établissement commun à Saint-François-de-Sales et Notre-Dame en vue d’une fusion (Alexandre Toussaint, NDLR). Dans un second temps, nous avons demandé des études comptables pour garantir la viabilité financière du rapprochement sur les exercices 20182019 et 2019-2020.
Qu’indiquent ces prospectives ?
Les deux cabinets comptables ont rendu leur copie fin janvier, suggérant : « Si vous fusionnez en l’état actuel des choses, SaintFrançois entraînera Notre-Dame dans le gouffre financier ».
Comment en est-on arrivé là ?
Saint-François souffre, notamment, du nombre important de contrats signés à une époque où il y avait 1 200 élèves, contre 400 aujourd’hui. Il s’agit surtout de contrats commerciaux complètement disproportionnés, à l’image de celui concernant la photocopieuse. Malheureusement, ils ne sont pas renégociables car ils courent sur plusieurs années.
« Pas d’hôtel quatre étoiles »
Quelle sera la prochaine étape ?
Cette mesure de redressement judiciaire va nous permettre d’étudier, de manière posée, une offre de reprise. Elle sera soumise au tribunal qui, fin mai, rendra sa décision. En attendant, le maintien de l’activité est garanti ces six prochains mois, tant sur le plan pédagogique qu’administratif.
C’est une bouffée d’oxygène !
Ce délai nous permet de travailler le rachat et de programmer les travaux de rénovation de Saint-François, cet été. Il s’agit de mise aux normes ayant trait à la sécurité, et de l’installation de la fibre optique, par exemple. Chantier que Saint-François, en cessation de paiement, n’a pas les moyens de financer.
La logique voudrait que Notre-Dame se positionne pour racheter Saint-François !
Bien évidemment. Mais si Notre-Dame ne peut pas tout seul, on ira chercher un autre établissement derrière. Mais la destination de l’entreprise doit être préservée. Une école reste une école, elle n’a pas vocation à se transformer en maison de retraite ou en hôtel quatre étoiles ! La mission d’éducation doit demeurer.
Avez-vous chiffré la valeur de l’établissement ?
C’est difficile à établir, dans la mesure où le prix de vente englobe le bâti et le projet pédagogique.
« Saint-François n’a pas de dettes »
Le chef d’établissement, Alexandre Toussaint, envisage la fusion dès septembre 2018.
Ce seront les premiers pas de la fusion, sur la base de 700 ou 800 élèves regroupés sous le même toit. Mais dans un premier, seul le 1er cycle de NotreDame montera à Saint-François. Mais après économies d’échelle, le projet peut-être viable à partir de 580 élèves. Là, nous atteindrions le point d’équilibre.
Comptez-vous mettre l’accent sur l’internat ?
Une chose est sûre : le bâtiment datant de 1843 et postdeuxième guerre mondiale n’a plus vocation à héberger des élèves. Désormais, nous comptons limiter le nombre d’internes à 120, même si à 80 ou 100, c’est viable.
Justement, avez-vous une idée du passif de Saint-François ?
On va attendre que les créanciers se manifestent. Mais je soutiens que si Saint-François a un passif - lié à l’histoire des travaux et des contrats qui grèvent sa trésorerie -, il n’a pas de dettes. Tout a été rééchelonné, l’établissement ne se trouve pas en défaut de paiement. Certes, il convient d’équilibrer les budgets. Mais l’enseignement catholique n’a pas vocation à se constituer un matelas et à thésauriser. Sa mission première ? Accueillir tout le monde. Sous-entendu ? Notre profil d’élève reste très variable, entre ceux qui ont loupé leur bac en Ile-de-France, d’autres qui veulent marquer une césure avec le milieu familial, les derniers, enfin, en recherche de progrès scolaires. Mais, comme aime à le répéter Alexandre Toussaint, l’important est de travailler sur le savoir-faire et le savoir-être. C’est une question de survie…