Les bacheliers échappent au mode « examen »
L’initiative normalement obligatoire dès 2018, est finalement reportée à la session 2019 du baccalauréat. Une décision qui suscite la controverse.
« Ça nous fera ça de moins » déclarent quatre lycéennes de terminale ES à Aristide-Briand. Après l’annonce de la réforme du bac, l’initiative d’annuler le mode « examen » sur les calculatrices, s’est faite discrète. Les bacheliers n’auront finalement pas ce mode imposé sur leur calculatrice, lors des épreuves scientifiques. Une mesure qui devait pourtant être obligatoire à partir de 2018, d’après une circulaire du Ministère de l’Éducation. « L’institution n’a pas assez anticipé » selon Olivier Gicquiaud, professeur de mathématiques au lycée Porte de Normandie à Verneuil-d’Avre-etd’Iton. Ce mode, qui devait être installé sur les calculatrices des lycéens ébroïciens et du reste du pays, empêchait quiconque d’accéder à la mémoire de son appareil, dans le but de lutter contre la tricherie. Nombreux sont ceux qui utilisent la mémoire de leur calculatrice car elle leur permet de conserver les formules enseignées dans les matières scientifiques durant les années de lycée. Certains l’emploient pour utiliser leurs formules, d’autres pour dissimuler leurs antisèches.
Des problèmes liés au mode « examen »
Ce mode a toutefois fait l’objet de plusieurs problèmes durant les épreuves. « La procédure est relativement complexe pour les élèves comme pour les surveillants affirme Olivier Gicquiaud. En plus, ce mode est gourmand en énergie, des piles de rechange sont nécessaires sur soi. » Tous les lycéens, notamment les redoublants, ne sont pas équipés dudit matériel conforme au mode « examen ». Même si au lycée Porte de Normandie, ils ont été prévenus « dès leur entrée au lycée », précise le professeur de mathématiques. « Le ministère de l’Éducation a fait racheter des calculatrices à beaucoup de lycéens pour rien, s’indigne l’une des terminales ES d’Aristide-Briand. Quand on sait que le coût d’une calculatrice varie entre 50 et 70 €… » À moins de rater son baccalauréat ou de « poursuivre ses études vers un BTS », nombreux sont les lycéens qui ont bel et bien racheté une calculatrice conforme, pour rien.
Chacun a son propre avis
Qu’ils viennent d’AristideBriand ou de Jeanne d’Arc, qu’ils soient en terminale ou non, en bac général ou pro, concernés ou non par l’usage de la calculatrice en examen, les avis sont partagés quant à l’annulation de la mise en place du mode « examen ». « C’est comme si on allait au bac de français avec les figures de style sur soi, déclare Hugo, en première S à Aristide-Briand. Avoir libre accès à la mémoire de sa calculatrice, pour moi, c’est de la triche. » Un avis que ne partage pas son ami Frédéric, « qui est bien content que ça soit annulé ».
En cette période de baccalauréat blanc, ceux qui disposent d’une calculatrice intégrant le mode « examen » doivent varier entre activation et désactivation. « Un peu galère pour les cours » d’après Stéphane, en terminale gestion administration à Aristide-Briand. Après, il y a ceux qui utiliseront la mémoire de leur calculatrice pour tricher, alors que d’autres le feraient parce qu’ils ont du mal à mémoriser les formules. »
Du côté du lycée Jeanne d’Arc, « les professeurs nous apprennent à connaître nos formules par coeur, avouent Océane et Morgane, en terminale commerce. On ne nous a pas appris à nous contenter de la mémoire de la calculatrice. » Si certains évoquent la tricherie ou non, la mémoire de la calculatrice est une solution pour les élèves en difficultés, ce que reconnaît Océane. « Ça reste une bonne chose pour ceux qui ne connaissent pas leurs formules. »
Les bacheliers 2018 sont prévenus, ils pourront utiliser leurs formules sur leur calculatrice. Mais l’initiative sera décalée à 2019. Apprendre ses formules n’est définitivement pas à exclure…