« Festival rock : le business de Lefrand »
Timour Veyri, président du groupe d’opposition municipale La Gauche rassemblée, conseiller régional normand, souhaite réagir :
« L’argent qui manquait pour soutenir Le Rock dans tous ses États (RDTSE), manifestation culturelle prestigieuse et ancrée localement depuis 33 ans, coule désormais à flot pour l’événement des amis de Guy Lefrand.
Pour tous les amoureux de la culture à Évreux, c’est d’abord un profond malaise moral que nous ressentons. Le festival RDTSE, aventure associative extraordinaire, portée par des bénévoles ébroïciens s’est vu remplacé par une grosse « machine à sous » pilotée par des entrepreneurs seinomarins et bas-normands. En faisant cela, Monsieur Lefrand a détruit un peu de l’âme d’Évreux. Ce qui faisait de notre ville quelque chose d’unique dont on parlait dans toute la France. À la place, nous nous retrouvons avec un événement commercial qui partira peut-être ailleurs demain, quand il le faudra, ou pour assurer de meilleurs retours sur investissement. En somme, à cause du maire d’Évreux, nous avons perdu un bijou « non-délocalisable » pour nous mettre à la merci d’investisseurs qui poursuivront leur logique propre.
La seconde source de malaise vient des questions financières. En effet, en se débarrassant de l’ancienne équipe, les Ébroïciens ont perdu un savoir-faire irremplaçable. Cette équipe savait réaliser des prouesses avec des bouts de ficelle. Elle savait faire venir de futures stars planétaires, parfois juste avant qu’elles ne deviennent trop chères. Bref, elle assurait le show pour pas cher.
Le nouveau Festival Lefrand est quant à lui un véritable gouffre financier pour les contribuables. Rien que le logo a coûté 19 000 € aux Ébroïciens ! Dans sa version 2017, la mégalomanie de M. Lefrand a fait exploser son coût pour les collectivités territoriales de 473 000 € à plus de 660 000 € (dont 470 000 € au minimum rien que pour la ville d’Évreux et l’Évreux Portes de Normandie). M. Ficot, le directeur du festival municipal a même été obligé de le reconnaître, « on sort d’un festival où on savait qu’on perd de l’argent. »
Source supplémentaire d’inquiétude : Rock in Évreux navigue dans une illégalité qui ne cache rien de bon. Contrairement à ce que prévoit la loi, les chiffres du compte d’exploitation du Festival restent ainsi dissimulés aux Ébroïciens. Pourquoi cette opacité ? C’est inexplicable. Sauf à imaginer le pire. En France, toute association ayant reçu annuellement plus de 153 000 € de subventions publiques est en effet tenue par la loi de publier ses comptes annuels et le rapport du commissaire aux comptes. Malgré de multiples rappels à la loi de l’opposition en conseil municipal, les comptes de 2017 n’ont jamais été révélés. Pire : le directeur du festival a été jusqu’à déclarer ces derniers jours qu’il voulait « réserver (les chiffres) aux adhérents » ! Principalement financé par des subventions publiques (Ville d’Évreux, agglomération E.P.N., conseil départemental de l’Eure et région Normandie), c’est pourtant la moindre des choses de permettre aux Ébroïciens de savoir où vont les centaines de milliers d’euros avec lesquels ils financent le festival ! »