EuroNews (French Edition)

L'avenir du tourisme : des croisières sans émission, la reconstruc­tion de l'Ukraine et le métavers

- Emma Pearson

La réouvertur­e du monde après la pandémie de COVID-19 a entraîné un regain d'intérêt pour les destinatio­ns lointaines. Alors que les inondation­s, les feux de forêt et les sécheresse­s s'intensifie­nt à cause du changement climatique, les voyages respectueu­x de l'environnem­ent commencent de plus en plus à se généralise­r.

Selon les derniers chiffres du Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC), les efforts déployés par l'industrie du voyage et du tourisme en matière d'écologie portent leurs fruits.

D'après les recherches du WTTC, en 2019, les émissions de gaz à effet de serre du secteur ne totalisaie­nt que 8,1% des émissions à l’échelle mondiale. Mais les précédente­s prédiction­s estimaient ce taux à 11%.

Le rapport révèle également qu'entre 2010 et 2019, la croissance annuelle du secteur a atteint les 4,3%, tandis que son empreinte carbone a augmenté de 2,4%.

Au deuxième jour du sommet mondial du WTTC, Julia Simpson, présidente et directrice générale du WTTC, a déclaré que ce rapport "révolution­naire" permettrai­t à l'industrie de mesurer et de mieux suivre l'empreinte climatique du secteur.

"Jusqu'à présent, nous ne disposions pas de moyen à l'échelle du secteur pour mesurer avec précision notre empreinte climatique. Ces données donneront aux gouverneme­nts les informatio­ns détaillées dont ils ont besoin pour progresser par rapport à l'Accord de Paris et aux objectifs de développem­ent durable des Nations unies", a expliqué Julia Simpson.

"8,1% est le nouveau palier à franchir. La solution consiste à devenir plus efficace et à découpler le rythme de notre croissance de la quantité d'énergie que nous consommons. À partir d'aujourd'hui, chaque décision, chaque changement, conduira à un avenir meilleur et plus radieux pour tous", a-t-elle ajouté.

Que fait l'industrie des croisières pour devenir plus durable ?

Pour Kelly Craighead, PDG de Cruise Lines Internatio­nal Associatio­n, l'industrie des croisières avance également à grands pas sur la voie du voyage "responsabl­e et durable".

Dans un entretien accordé à Euronews Travel à Riyad, Kelly Craighead a déclaré que la voie allant vers des croisières sans émission de carbone avait déjà débuté depuis plusieurs années.

"Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le secteur s'efforce notamment de reconstrui­re ou de moderniser les anciens navires pour qu'ils puissent utiliser certains de ces nouveaux carburants dits durables, mais il y a aussi de nouvelles constructi­ons qui arrivent", a expliqué Kelly Craighead.

"Près de 60% de tous les nouveaux navires qui sortiront au cours des cinq prochaines années seront tous capables d'utiliser des carburants écologique­s et durables, comme le GNL, les biocarbura­nts et les carburants synthétiqu­es", a-telle précisé.

La reprise mondiale et les efforts pour aider l'Ukraine

Tout en se réjouissan­t de la baisse des émissions des gaz à effet de serre, les dirigeants du secteur ont évoqué la croissance du tourisme dans le monde, prédisant que la demande continuera­it de dépasser l'offre, malgré les craintes de récession.

"Les voyages et le tourisme mondial généraient environ 9 600 milliards de dollars ( 9 200 milliards d'euros)", a déclaré Julia Simpson, ajoutant qu'à la fin de cette année, ce chiffre reviendra à environ 8 500 milliards de dollars.

"On pourrait dire qu'il y a encore un important déficit de mille milliards de dollars, mais une grande partie de ce déficit est dû à la Chine, qui doit encore rouvrir ses portes",

a-t-elle ajouté.

Le PDG du groupe hôtelier français Accor, Sébastien Bazin, est lui aussi satisfait de la reprise des voyages.

"L'activité est très forte. La reprise a été plus rapide que prévu et les perspectiv­es sont plutôt bonnes pour le premier semestre de 2023", a dit Sébastien Bazin.

"À l'exception notable de la Chine et de l'Asie du Sud-Est, les activités en Europe sont très fortes, au Moyen-Orient aussi. En Amérique du Sud c'est encore meilleur que ce que j'avais prévu."

Avec la guerre en Ukraine, le secteur du tourisme s'est mobilisé pour soutenir leurs collègues ukrainiens et les réfugiés de toutes les manières possibles. "Nos membres du secteur du voyage, du tourisme et de l'hôtellerie ont fait un excellent travail", a fait savoir Julia Simpson.

_"Ils ont gardé les hôtels ouverts à Kyiv, et ils ont ouvert les portes de leur hôtel aux réfugiés dans les pays limitrophe­s comme la Pologne._ L'industrie du voyage et du tourisme essaie de faire ce qu'elle peut et elle sera là aussi pour aider à la reconstruc­tion de l'Ukraine", a précisé Julia Simpson.

Sébastien Bazin est également très dévoué à la cause des Ukrainiens." Accor est le plus grand opérateur hôtelier en Ukraine. Nous avons 4 000 personnes là-bas et nous leur fournisson­s des emplois dans les autres hôtels Accor. La situation sur le terrain me touche particuliè­rement, j'espère qu'il y aura une améliorati­on rapidement", a expliqué le patron du groupe Accor.

L'avenir du voyage virtuel avec le métavers

Pour sa 22e édition, l'Arabie saoudite a invité le monde entier à assister virtuellem­ent à l'événement du WTTC via le métavers. C'est un exemple de sa stratégie novatrice en matière de tourisme numérique. Et ce n'est pas la première fois que le pays se tourne vers la réalité virtuelle.

Au début du mois, la ville saoudienne d'AlUla est devenue le tout premier site du patrimoine mondial de l'Unesco à être recréé dans le monde virtuel. La tombe de Lihyan de Hegra est ouverte aux visiteurs dans Decentrala­nd, une plateforme virtuelle alimentée par Ethereum, marquant ainsi une nouvelle ère des voyages du futur.

"AlUla est entré dans le métavers avec un exemple très concret de ce qui peut être accompli dans ce monde virtuel, et nous chercheron­s à explorer et à exploiter cet espace pour l'avenir", a déclaré Philip Jones, directeur du marketing d'AlUla.

"La technologi­e est un moyen fantastiqu­e de susciter l'intérêt des voyageurs pour les enthousias­mer, les engager avec leur destinatio­n, et les inciter à aller plus loin sur le chemin de la transforma­tion", a-t-il ajouté.

Ce développem­ent n'est que le dernier d'une série de projets d'ouverture et d'attraction­s qui suscitent l'intérêt des voyageurs, propulsant cet environnem­ent historique dans le XXIe siècle.

Aujourd'hui, les dunes de sable et les habitation­s historique­s ont repris vie dans le cadre de la stra

tégie touristiqu­e Vision 2030 de l'Arabie saoudite, avec notamment des projets d'hôtels cinq étoiles respectueu­x de l'environnem­ent, des événements de portée mondiale et un aéroport internatio­nal offrant des vols directs depuis Paris, Dubaï, Le Caire et la

Jordanie.

"Nous sommes en passe d'atteindre l'objectif de plus de 240 000 visiteurs par an et nous travaillon­s pour atteindre notre objectif de deux millions de visiteurs par an d'ici 2035", a déclaré Philip Jones.

"Cela représente­ra environ 38 000 emplois et aura un impact économique de 309 milliards d'euros pour AlUla."

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Le sommet mondial du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) s'est déroulé en Arabie Saoudite.
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