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Josep Borrell : "le Moyen-Orient pourrait s'embraser si le conflit à Gaza n'est pas résolu"

- Mared Gwyn Jones

S'exprimant lors d'un séminaire diplomatiq­ue organisé à Lisbonne par le ministère portugais des Affaires étrangères, Josep Borrell a déclaré que "les graines de la haine étaient en train d'être semées".

"Si cette tragédie ne prend pas n rapidement, je crains que tout le Moyen-Orient ne s'embrase", a-t-il ajouté.

Cette sévère mise en garde intervient au lendemain de la mort de Saleh al-Arouri, haut responsabl­e du Hamas et numéro 2 de l'organisati­on, lors d'une frappe aérienne israélienn­e à Beyrouth, la capitale libanaise.

Israël n'a pas revendiqué l'assassinat, mais un conseiller du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a con é mercredi que le responsabl­e, quel qu'il soit, avait exécuté une "frappe chirurgica­le contre la direction du Hamas".

L'assassinat d'Al-Arouri, l'un des fondateurs de la branche militaire du Hamas, sur le sol libanais représente une menace importante d'escalade régionale qui pourrait attirer le groupe libanais, Hezbollah, qui est un allié du Hamas soutenu par Téhéran.

Les tensions croissante­s dans la mer Rouge alimentent également les craintes d'une escalade régionale. Une série d'attaques contre des navires commerciau­x par le groupe rebelle Houthi, soutenu par l'Iran, qui contrôle une partie du Yémen, a incité les ÉtatsUnis à déployer une mission navale dans la région.

Lundi, la marine américaine a tué dix militants houthis qui tentaient de saboter un navire exploité par le Danemark. L'Iran a réagi en envoyant un navire de guerre en mer Rouge, ce qui a renforcé les craintes d'une nouvelle escalade.

L'absence de position unanime a aiblit l'UE

Lors du discours principal de mercredi, Josep Borrell a également déploré que l'Union européenne ne soit pas été en mesure d'adopter une position unanime pour appeler à un cessez-le-feu humanitair­e à Gaza. Plus de 20 000 personnes auraient perdu la vie dans le con it qui a éclaté à la suite de l'attaque meurtrière du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

"Nous n'avons pas été en mesure, lors du Sommet européen, de parvenir à une position unanime en faveur d'un cessez-le-feu", a expliqué Josep Borrell. "Au contraire, nous nous sommes contentés d'un accord sommaire, appelant à des pauses humanitair­es et à une augmentati­on de l'aide aux victimes".

"Il n'y a pas de solution ou de position unanime, et cela nous a aiblit (l'UE)", a-t-il a rmé.

Une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies appelant à un cessez-le-feu humanitair­e à Gaza, votée en décembre, a reçu le soutien d'une majorité des 27 États membres de l'UE. L'Autriche et la République tchèque, deux dèles alliés d'Israël, ont été les seuls pays à voter contre la résolution et ont toujours exprimé la crainte qu'un appel commun de l'UE en faveur d'un cessez-le-feu ne sape les e orts déployés par Israël pour éradiquer le Hamas.

La persistanc­e de la guerre a fait graviter les pays vers des appels à plus de retenue, avec un changement majeur de rhétorique de la part de pays de l'UE comme la France. D'autres pays, comme la Belgique, l'Espagne et l'Irlande, se sont fait les avocats d'un cessez-lefeu à Gaza, dès les premières phases du con it.

Josep Borrell a précédemme­nt suggéré qu'une série de pauses permanente­s dans les hostilités devrait "évoluer" vers un cessez-lefeu permanent à Gaza.

Comparant la position ferme du bloc européen et le soutien solide apporté à Kiev après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Josep Borrell a prévenu que l'accusation de double standard de l'Europe "prenait forme".

"La position claire et ferme de l'Europe sur la guerre en Ukraine n'est pas partagée par de nombreux pays dans le monde, qui nous accusent immédiatem­ent d'avoir des principes à géométrie variable - ce qu'ils appellent des doubles standards", a-t-il a rmé.

"Et je pense qu'à moins de se fermer les yeux et les oreilles, il est di cile de ne pas faire face à cette contradict­ion", a-t-il confessé.

Josep Borrell a également déclaré que le fait que les pays de l'UE doivent constammen­t demander à Israël de respecter le droit humanitair­e internatio­nal dans son assaut contre la bande de Gaza suggère que ce pays n'agit pas dans les limites du droit.

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Le plus haut diplomate de l'UE, Josep Borrell, prononce un discours lors d'un séminaire diplomatiq­ue à Lisbonne, le 3 janvier 2024.
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