EuroNews (French Edition)

La guerre entre Israël et le Hamas va-t-elle s'étendre à toute la région ?

- Saskia O'Donoghue

Samedi, le Hezbollah a tiré des roquettes sur Israël après la mort du chef politique adjoint du Hamas, Saleh Arouri, à Beyrouth.

Mais s'agit-il d'une action ponctuelle ou du début d'une action de plus grande envergure ?

L'attaque à la roquette du Hezbollah contre le nord d'Israël est intervenue un jour après que son chef, Sayyed Hassan Nasrallah, a déclaré que le groupe militant devait riposter à l'assassinat de Saleh Arouri.

Si le Hezbollah ne riposte pas, c'est tout le Liban qui serait vulnérable aux attaques israélienn­es, at-il averti.

Israël a répondu aux attaques du Hezbollah de samedi en lançant ses avions de chasse sur le Sud-Liban, ravivant ainsi les craintes d'un con it régional.

Toutefois, certains observateu­rs a rment que la dernière chose que le Hezbollah - et le Liban dans son ensemble - souhaite, c'est que les combats sanglants entre Israël et le Hamas débordent à l'intérieur de ses frontières.

"Le Hezbollah n'a aucun intérêt à voir Israël intensi er le con it au Liban et ne lui donnerait donc pas l'occasion de le faire", explique à Euronews le Dr Bashir Saade, professeur de politique et de religion à l'université de Stirling.

"L'assassinat d'Arouri n'est pas du tout un revers pour le Hezbollah", poursuit-il, "les dirigeants des groupes de résistance sont pris pour cible depuis des décennies et cela n'a pas a ecté la capacité du Hezbollah ou d'autres à opérer".

Pourtant, d'autres considèren­t les tirs de roquettes comme une escalade transfront­alière.

Le porte-parole de l'armée israélienn­e, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré plus tôt qu'Israël était "prêt à faire face à n'importe quel scénario", ce qui laisse entendre que le pays n'exclut rien.

Washington s'inquiète de l'escalade régionale.

Le week-end dernier, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a entamé sa quatrième tournée diplomatiq­ue au Moyen-Orient.

L'administra­tion Biden estime que l'in uence de pays régionaux comme la Turquie pourrait atténuer les craintes d'une escalade, Antony Blinken ayant rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan samedi.

Les tensions s'intensi ent entre la Turquie et Israël. Samedi, un tribunal d'Istanbul a ordonné que 15 des 34 personnes détenues, soupçonnée­s d'espionnage pour le compte d'Israël, soient maintenues en prison.

Le Hezbollah est-il un danger pour Israël ?

Depuis que les combats ont éclaté à Gaza le 7 octobre, des a rontements entre les forces israélienn­es et le Hezbollah sont signalés quotidienn­ement.

Mais, même en cas d'escalade, dans quelle mesure le Hezbollah représente-t-il une menace pour Israël ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'histoire entre les deux parties est tumultueus­e.

En 2006, le Hezbollah a déclenché une guerre d'un mois après avoir capturé deux soldats israéliens. Plus de 1 000 Libanais et 150 Israéliens ont été tués.

Le groupe politique et militant chiite aurait joué un rôle important dans la création du "métro de Gaza", un vaste réseau de tunnels construits par le Hamas dans toute l'enclave.

On pense qu'ils ont été conçus par le commandant du Hezbollah, Imad Mughnieh, aux côtés du commandant iranien Qasem Soleimani, qui a été tué lors d'une frappe aérienne américaine sur Bagdad en 2020.

Le Premier ministre libanais a accusé Israël d'essayer de l'"entraîner" dans une guerre régionale, et - comme Bashir Saade le déclare à Euronews - c'est un scénario tout à fait possible.

"Israël pourrait chercher à convaincre les Etats-Unis d'une escalade régionale. En provoquant les groupes opposés à s'engager dans toute forme d'action qui pourrait donner à Israël et aux Etats-Unis la justi cation de le faire", explique-til.

Toutefois, Bashir Saade émet une mise en garde.

Bien que le Hezbollah ait déclaré que les roquettes tirées samedi étaient une "réponse initiale" à l'assassinat du responsabl­e du

Hamas, il estime que le groupe aurait des di cultés à entraîner la région dans une guerre plus vaste.

"Le Hezbollah est sans aucun doute l'acteur le plus puissant au Liban, mais il ne peut pas "contrôler" le Liban, comme certaines parties peuvent le penser. Il doit nouer des alliances, faire des compromis avec di érents programmes et orientatio­ns politiques. Jusqu'à présent, je ne vois pas de raison de s'inquiéter", a rme Bashir Saade.

Néanmoins, des tensions régionales croissante­s se font sentir au Moyen-Orient.

Les rebelles houthis, basés au Yémen, ont mené au moins 23 attaques contre des navires en mer Rouge depuis le 19 décembre. Ils a rment attaquer des navires israéliens ou à destinatio­n d'Israël pour soutenir les Palestinie­ns.

Les États-Unis et douze de leurs alliés ont adressé un dernier avertissem­ent aux rebelles, leur demandant de cesser leurs attaques sur cette voie maritime importante pour le commerce mondial, sous peine d'une éventuelle action militaire ciblée.

Ils espèrent que cet avertissem­ent su ra à les dissuader de recourir à la violence.

"Les États-Unis ne cherchent pas le con it avec une nation ou un acteur du Moyen-Orient, et nous ne voulons pas non plus que la guerre entre Israël et le Hamas s'étende dans la région", a déclaré la semaine dernière le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.

"Mais nous ne reculerons pas non plus devant la tâche de nous défendre, de défendre nos intérêts, nos partenaire­s ou la libre circulatio­n du commerce internatio­nal", ajoute-t-il.

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Des combattant­s du groupe militant libanais Hezbollah e ectuent un exercice d'entraîneme­nt à Aaramta, dans le district de Jezzine, au sud du Liban, en mai 2023.

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