Au coeur de l'hiver, les critiques pleuvent déjà sur le nouveau gouvernement de Slovaquie
Les manifestations contre le Premier ministre Robert Fico et notamment son projet de démanteler le Bureau du procureur spécial ont récemment pris de l'ampleur à Bratislava, la capitale de la Slovaquie, et dans d'autres villes slovaques.
Cette institution s'occupe de la corruption de haut niveau et du crime organisé et instruit actuellement plusieurs a aires impliquant le propre parti de Robert Fico. Même la Commission européenne a exprimé son inquiétude.
"Un pays contaminé par le crime et les oligarques"
Un homme participant au rassemblement à Bratislava nous dit "vouloir montrer [son] soutien et son attachement à la démocratie et à l'État de droit car, en réalité, [le Premier ministre] corrompt le système judiciaire."
Un autre manifestant plus jeune nous fait part de sa colère : "De l'extérieur, on a l'air d'un beau pays démocratique de l'est de l'Europe. Mais quand vous regardez à l'intérieur, il est contaminé par le crime et les oligarques, c'est pour cela que je le vois comme la honte de l'Europe," dénonce-t-il.
Un discours pro-russe et anti-immigration
Robert Fico est devenu Premier ministre pour la quatrième fois à l'automne, à la tête d'une coalition réunissant des populistes de gauche et des ultranationalistes. Ses détracteurs a rment que sa campagne a été marquée par une rhétorique pro-russe, anti-ukrainienne, anti-américaine et anti-immigration.
Son retour au pouvoir menacet-il réellement la démocratie dans le pays ? La Slovaquie est actuellement classée 50ème sur 180 pays dans l'Indice Global de Corruption, son meilleur rang depuis dix ans, selon les experts de Zastavme Korupciu, une ONG engagée dans la lutte contre la corruption.
Mais Xénia Makarová, analyste et porte-parole, ajoute qu'il n'y a pas de quoi être er. "La corruption publique en Slovaquie se produit précisément dans les domaines sur lesquels notre fondation se concentre : à savoir les marchés publics, les con its d'intérêts quand des politiciens font passer leurs intérêts avant l'intérêt général et la corruption," décrit-elle.
Des attaques verbales envers les ONG et les journalistes
Le Premier ministre a quali é les ONG d'"agents étrangers", de "voleurs" et de "menteurs". Le gouvernement a proposé de réorienter vers les retraités, les fonds publics qu'elles reçoivent. Certaines d'entre elles ne savent pas si elles pourront poursuivre leurs activités et pour combien de temps.
Des journalistes slovaques accusent également le Premier ministre de les traiter de "prostituées", de "serpents" et de "fous". Nous avons tenté d'entrer en contact avec l'exécutif, mais il a rejeté à plusieurs reprises toutes nos demandes d'interview.
L'inquiétude des Ukrainiens réfugiés dans le pays
Robert Fico a également tenu un discours ambivalent sur la guerre en Ukraine. Le Premier ministre a d'abord déclaré qu'il n'y aurait plus d'envoi d'armes. Il a depuis tempéré cette approche, mais les quelque 150 000 Ukrainiens qui vivent sur place sont inquiets. Nous avons rencontré certains d'entre eux à l'ONG Mareena, où ils apprennent le slovaque pour mieux s'intégrer. "Je suis un peu inquiète de voir à quel point on a relégué au bas de la liste des priorités, la question des Ukrainiens, de leur inclusion et de leur intégration et je crains qu'on ne le fasse encore dans les années à venir," souligne la directrice et cofondatrice de l'ONG, Michaela Pobudová.
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Dans ce contexte, les Slovaques auront très bientôt l'occasion de s'exprimer dans les urnes, en confortant ou sanctionnant la politique de Robert Fico, les élections présidentielles étant prévues pour le 23 mars.
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