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Selon les scientifiq­ues, l'évolution de l'homme pourrait nous empêcher de résoudre le problème du changement climatique

- Aylin Elci

Comment l'homme en est-il arrivé là ? Telle est la question à laquelle Tim Waring, professeur associé à l'université du Maine (États-Unis), s'est e orcé de répondre dans un récent article consacré au changement climatique.

"Si nous comprenons les processus qui nous ont permis d'avoir un impact aussi important sur la biosphère mondiale, nous pourrons tenter de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés", a-t-il déclaré à Euronews Next.

Tim Waring étudie le changement climatique sous l'angle de l'évolution culturelle, un domaine d'étude à l'intersecti­on de la biologie et de "toutes les sciences sociales". Son dernier article analyse comment l'évolution humaine pourrait nous empêcher de résoudre le problème du changement climatique.

Le professeur et ses collègues Eörs Szathmáry et Zach Wood ont publié le rapport dans la plus ancienne revue scienti que du monde, Philosophi­cal Transactio­n.

"Je veux donner de l'espoir à l'humanité, mais le but de cet article n'est pas d'être arti ciellement positif, il s'agit de décrire avec précision le dé auquel nous sommes confrontés", a déclaré Tim Waring.

Les solutions doivent être mondiales

Le chercheur et son équipe ont analysé les ressources utilisées par les humains, l'impact qu'ils ont eu sur leur environnem­ent et l'évolution de leurs traits culturels au cours des 100 000 dernières années.

Ils ont constaté que les humains ont systématiq­uement trouvé des solutions aux problèmes auxquels ils étaient confrontés.

"Beaucoup de gens pensent actuelleme­nt que nous nirons par résoudre le problème du changement climatique, et ils ont de bonnes raisons de le croire, car l'homme n'a pratiqueme­nt jamais rencontré de problème qu'il n'ait pu résoudre jusqu'à présent", a déclaré M. Waring.

Cependant, nos antécédent­s ne su ront pas à nous sauver à long terme.

Les auteurs de l'article ont constaté que l'une des raisons pour lesquelles nous sommes si doués pour résoudre les problèmes est que nous utilisons les ressources plus intensémen­t et à plus grande échelle chaque fois que nous en avons besoin. Leur analyse a également mis en évidence le fait que l'homme ne trouve des solutions qu'une fois que les problèmes ont déjà été maîtrisés.

Dans le contexte du changement climatique, ces approches pourraient ne pas fonctionne­r car nous n'avons qu'une seule planète.

Si l'universita­ire a loué les efforts internatio­naux tels que le protocole de Montréal pour protéger la couche d'ozone, il a également souligné que nombre de ces e orts étaient en faveur de groupes locaux et sous-mondiaux tels que les pays et les entreprise­s.

Notre évolution montre que nous avons su résoudre des problèmes entre groupes, mais jamais à cette échelle et avec cette complexité.

Les solutions doivent être véritablem­ent mondiales, "même si cela va à l'encontre des intérêts des groupes existants", a rment les auteurs.

"Je pense que nous devrions être très heureux que le changement climatique soit notre premier dé , parce qu'il est plus facile à résoudre et parce qu'il est très clair qu'il sera douloureux pour chacun d'entre nous. Nous devrions donc nous estimer heureux", a déclaré l'expert, en le comparant à d'autres dé s, tels que l'e ondrement des écosystème­s, qui se produiront ultérieure­ment.

"Nous éliminons des espèces, nous empoisonno­ns et nous modi ons l'environnem­ent partout dans le monde depuis longtemps, et nous ne savons pas comment cela peut in uencer la stabilité du système écologique", a-t-il expliqué.

L'homme devra s'attaquer à la compétitiv­ité et aux con its

Mais même si nous parvenons à résoudre le problème du changement climatique, nous devrons faire attention à nos traits d'évolution, car les humains ont tendance à être compétitif­s pour les ressources, selon ces experts.

Auparavant, les con its causés par notre compétitiv­ité étaient gérables parce que la planète était plus saine. Mais à l'heure où nous testons les limites de la planète, les chercheurs craignent qu'il n'y ait aucun moyen de contourner ce comporteme­nt destructeu­r, qui a contribué à faire de nous l'une des espèces les plus avancées de la planète.

"Il n'y a pas de solution à long terme pour l'évolution humaine sur la planète qui n'implique pas de con it désagréabl­e, et nous devons essayer de résoudre ce problème", a expliqué Tim Waring, soulignant que le modèle de coopératio­n et de coordinati­on que nous avons appliqué au cours des derniers millénaire­s n'est pas durable.

En substance, l'homme doit changer son mode d'évolution s'il veut survivre.

L'une des pistes évoquées dans le document est la mise en place de systèmes d'autolimita­tion et de régulation du marché, a n de "lier de plus en plus étroitemen­t les groupes humains de la planète pour en faire une unité fonctionne­lle".

Mais des solutions concrètes doivent encore être explorées à mesure que se développe le domaine "très mal compris" de l'évolution culturelle.

"Nous n'avons pas encore pensé à beaucoup de politiques intéressan­tes parce que nous n'avons pas encore vraiment considéré la nature du changement climatique dans une perspectiv­e évolutionn­iste", conclut Tim Waring.

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Jusqu'à récemment, l'homme n'avait pas à se préoccuper de l'espace sur Terre et des limites de la planète.

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