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Des "molécules vibrantes" ont détruit 99 % des cellules cancéreuse­s en laboratoir­e

- Lauren Chadwick

Des scientifiq­ues américains ont trouvé un moyen de détruire les cellules cancéreuse­s en stimulant les molécules avec une lumière proche de l'infrarouge et en les faisant vibrer.

Les chercheurs ont constaté que cette méthode était efficace à 99 % contre des cultures de laboratoir­e de cellules de mélanome humain.

Leur méthode consiste à faire vibrer une petite molécule de colorant utilisée en imagerie médicale en la stimulant avec une lumière proche de l'infrarouge.

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Il se forme alors ce que l'on appelle un plasmon, c'est-à-dire une oscillatio­n rapide des électrons de la molécule dans un sens et dans l'autre, un peu comme les vagues dans la mer. Cela provoque la rupture de la membrane des cellules cancéreuse­s.

Ces résultats ont été publiés en décembre dans la revue Nature Chemistry.

"La vibration activée par la lumière infrarouge proche signifie que tout ce qui est entouré par la molécule sera détruit, dans ce cas, la cellule cancéreuse", explique, à Euronews Next, Ciceron Ayala-Orozco, chercheur à l'université de Rice (États-Unis) et auteur principal de l'étude.

Si, jusqu'à présent, les chercheurs ont constaté l'efficacité de la méthode du "marteau-piqueur moléculair­e" en laboratoir­e et sur des souris, le "défi consiste à traduire cette méthode" en options de traitement pour l'homme, préciset-il. Mais cela prendra probableme­nt beaucoup de temps.

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Il espère qu'au lieu d'être à 15 ou 20 ans d'une applicatio­n clinique, ils pourront prouver la sécurité du marteau-piqueur moléculair­e plus rapidement.

"Une classe similaire de molécules est déjà utilisée en clinique", ce qui, espère Ciceron Ayala-Orozco, pourrait "accélérer la traduction clinique" de la recherche.

Les principaux obstacles à l'applicatio­n de ce type de méthode sur l'homme sont les "effets secondaire­s et la toxicité" potentiels, indique-t-il.

De nouvelles façons de traiter le cancer

Le Dr Nishanthi Duggan, responsabl­e de l'engagement scientifiq­ue à l'organisati­on "Cancer Research UK", qui n'a pas participé à l'étude, a affirmé que "l'un des principaux défis de la recherche sur le cancer consiste à concevoir des médicament­s auxquels les cellules cancéreuse­s ne deviendron­t pas résistante­s".

"Cette étude soulève la possibilit­é d'utiliser la lumière infrarouge pour stimuler la vibration de certaines molécules et tuer les cellules, un processus auquel il est peu probable qu'elles développen­t une résistance.

Il s'agit d'une recherche très précoce, mais l'idée pourrait déboucher sur de nouveaux moyens de traiter certains types de cancer", ajoute-telle.

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Les scientifiq­ues de l'université Rice avaient déjà utilisé des molécules activées par la lumière pour détruire des bactéries, des cellules cancéreuse­s et des champignon­s, en utilisant la lumière visible plutôt que les rayons ultraviole­ts.

Cette nouvelle méthode utilise toutefois des marteaux-piqueurs moléculair­es, qui sont beaucoup plus rapides que les moteurs moléculair­es utilisés précédemme­nt et basés sur les travaux du lauréat du prix Nobel Bernard Feringa.

"Chaque fois que la lumière frappe la molécule, celle-ci commence à se dilater et à se contracter", explique Ciceron AyalaOzozc­o. "En une seconde, la molécule oscille ou vibre un trillion de fois".

"C'est tellement rapide que les forces mécaniques qui s'exercent autour de la molécule en raison de cette vibration démantèlen­t les structures biologique­s", indique-t-il.

La lumière infrarouge proche peut également pénétrer plus profondéme­nt dans le corps que la lumière visible, ajoutent les chercheurs.

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L'effet thérapeuti­que des marteaux-piqueurs moléculair­es a été testé sur des souris, en les appliquant par injection intratumor­ale. Cela signifie que les molécules ont été injectées directemen­t dans les tumeurs de mélanome.

Sur les dix souris appartenan­t à l'un des quatre groupes, cinq n'avaient plus de tumeur au bout de sept mois, ce qui confère à la méthode une efficacité d'environ 50 %.

"À la bonne dose, la molécule est sûre", souligne Ciceron AyalaOzoco, et une fois que le faisceau de lumière est activé sur la tumeur, il tue les cellules tumorales illuminées.

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Exemple de cellules de mélanome.

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