EuroNews (French Edition)

Le retour de Donald Trump pourrait laisser l'Europe "livrée à elle-même", selon Alexander De Croo

- Mared Gwyn Jones

L’UE ne doit pas craindre un éventuel retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis assure le Premier ministre belge. Alexander De Croo, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union, s’est exprimé mardi devant le Parlement européen.

"Si 2024 nous ramène : l'Amérique d'abord, ce sera plus que jamais l'Europe toute seule", prévient le dirigeant belge.

"En tant qu'Européens, nous ne devrions pas craindre cette perspectiv­e", ajoute-t-il, "mais plutôt l'embrasser en plaçant l'Europe sur une base plus solide, plus forte, plus souveraine et plus autonome".

L’avertissem­ent est lancé quelques heures après la large victoire du milliardai­re lors de la primaire de l'Iowa, première étape décisive pour devenir le candidat républicai­n à l'élection présidenti­elle de 2024.

Une victoire républicai­ne lors du scrutin de novembre, quel que soit le candidat, menace de perturber gravement la politique étroitemen­t alignée de l'Occident à l'égard de l'Ukraine.

Les États-Unis sont le principal donateur d'aide militaire et financière à Kyiv, mais ce soutien a été interrompu par les appels de certains au sein du parti républicai­n à réduire les paiements.

Cette situation accentue la pression sur l'UE qui négocie toujours un fonds de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a utilisé en décembre son veto pour bloquer la propositio­n. Les États membres préparent actuelleme­nt un compromis dans l'espoir d'obtenir le feu vert lors du sommet extraordin­aire du 1er février.

Viktor Orban a d'ailleurs félicité Donald Trump pour sa large victoire dans l'Iowa.

Alexander De Croo prévient toutefois que l'avenir de l'Europe dépend de la guerre en Ukraine.

"Pour l'Amérique et les autres alliés, le soutien à l'Ukraine est une question stratégiqu­e, c'est une considérat­ion géopolitiq­ue. Pour nous, Européens, le soutien à l'Ukraine est existentie­l", insiste le Premier ministre belge.

"Il touche au coeur de notre sécurité et de notre prospérité".

Le commissair­e européen en charge du Marché intérieur, Thierry Breton, a révélé au début du mois que Donald Trump, lorsqu'il était président, a précisé à la présidente de la Commission européenne que les États-Unis n'aideraient pas l'Europe si elle était attaquée.

"Vous devez comprendre que si l'Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais vous aider et vous soutenir", a prévenu l’ancien président américain lors du Forum économique mondial de Davos en 2020, selon Thierry Breton.

L'avertissem­ent du milliardai­re a été lancé deux ans avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce coup de semonce a poussé l'OTAN à fournir un soutien militaire et financier sans précédent à Kyiv, la Finlande et la Suède ont aussi rompu avec leur politique de neutralité pour rejoindre les rangs de l'Alliance.

Les responsabl­es européens craignent également qu'un retour de Donald Trump ne sonne le glas de la récente accalmie des tensions commercial­es entre l'UE et les États-Unis et ne porte un coup à l'économie européenne.

L’ancien président a imposé en 2018 des droits de douane sur les importatio­ns d'acier et d'aluminium venus d’Europe. Il affirmait que les produits fabriqués à l'étranger constituai­ent une menace pour la sécurité nationale. Une trêve convenue avec son successeur, Joe Biden, pour résoudre le différend a récemment été prolongée de 15 mois.

Donald Trump a promis que s'il était élu en 2024, il imposerait une taxe de 10 % sur toutes les importatio­ns étrangères, et des prélèvemen­ts encore plus élevés sur les produits en provenance de Chine.

Les États du Colorado et du Maine lui ont interdit de se présenter à l'élection présidenti­elle pour son rôle dans les émeutes du Capitole en janvier 2021. Un choix contesté par le milliardai­re.

Toutefois, l'avance confortabl­e de l'ancien président sur ses rivaux républicai­ns signifie qu'il pourrait encore gagner sans se présenter dans ces deux États. Mais son statut de favori pourrait être remis en question si ce mouvement de défiance devait se propager au cours de la primaire.

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Le Premier ministre belge Alexander de Croo au Parlement européen à Strasbourg

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