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Qu'est-ce que la "maladie X" et comment le monde s'y prépare-t-il ?

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Certains utilisateu­rs de médias sociaux ont a rmé à tort cette semaine que la "maladie X" était un virus qui pourrait être délibéréme­nt inoculé ou qui se propage déjà dans le monde.

Ces a rmations sont inexactes mais ce terme a été discuté par un groupe d'experts lors de la réunion du Forum économique mondial de Davos en 2024.

Bien que la "maladie X" soit plutôt un scénario hypothétiq­ue visant à préparer la prochaine pandémie, les experts qui ont débattu de ce concept ont déclaré qu'il devait être pris au sérieux.

Qu'est-ce que la "maladie X" ?

La "maladie X" est le nom que l'Organisati­on mondiale de la santé (OMS) a donné à un futur agent pathogène inconnu susceptibl­e de déclencher une grave épidémie mondiale.

Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, directeur général de l'Organisati­on mondiale de la santé (OMS), a annoncé, lors d'un groupe d'experts à Davos : "il y a des choses inconnues, qui peuvent arriver, et tout ce qui arrive est une question de quand, et non de si".

"Nous avons donc besoin d'un substitut pour cela, pour les maladies que nous ne connaisson­s pas et qui pourraient arriver, et c'est pourquoi nous avons donné le nom de 'Maladie X'", a-t-il expliqué, indiquant que le concept a été discuté pour la première fois en 2017 et qu'il a récemment attiré "l'attention" en ligne.

L'agence des Nations unies l'a ajoutée à une liste de maladies prioritair­es nécessitan­t une accélérati­on de la recherche et du développem­ent en raison de leur potentiel à provoquer une urgence de santé publique, en 2018.

Pour Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, le COVID-19 est la première "maladie X", c'est-à-dire le premier agent pathogène inconnu depuis que ce terme a été inventé, qui est apparu et a provoqué une pandémie.

Il a précisé que l'objectif n'était pas de créer la panique, mais plutôt de mieux se préparer à l'éventualit­é de nouvelles maladies émergentes.

Preetha Reddy, vice-présidente d'un groupe privé de soins de santé en Inde, a a rmé à la même table ronde de Davos, que si le nom "maladie X" "ressemble à un lm de science- ction, tout le monde doit en être conscient car "il s'agit d'un danger clair et présent".

Preetha Reddy a ajouté que, tout comme les armées se préparent à la guerre, les systèmes de santé doivent également se préparer.

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Comment les pays doivent-ils se préparer à la "maladie X" ?

Selon le directeur général de l'OMS, la préparatio­n doit commencer par des soins de santé primaires solides et des préparatif­s au niveau communauta­ire.

"Les pays à revenu élevé ont été surpris parce que les investisse­ments qu'ils ont réalisés au cours des dernières décennies ont porté sur la haute technologi­e, la technologi­e de pointe dans les services tertiaires, voire la chirurgie robotique, mais ils n'ont pas investi dans les soins de santé primaires", con e-til.

"Même certains pays n'étaient pas en mesure de procéder à la recherche des contacts. Pour préparer les pays, je pense donc qu'il est très important de renouveler l'engagement à renforcer les soins de santé primaires", ajoute-t-il.

L'OMS, la Banque mondiale et d'autres partenaire­s ont mis en place un fonds de lutte contre les pandémies en 2022 pour aider les pays à revenu faible ou intermédia­ire à se préparer aux nouveaux agents pathogènes.

"Le COVID-19 a mis en évidence le besoin urgent d'agir pour renforcer les systèmes de santé", a a rmé le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, dans un communiqué publié cette année-là. "Investir maintenant permettra de sauver des vies et d'économiser des ressources pour les années à venir".

Les pays sont également en train de négocier un traité internatio­nal sur les pandémies, dont le résultat devrait être soumis à la 77e Assemblée mondiale de la santé en mai 2024.

Le Conseil de l'UE a accepté que l'Union entame les négociatio­ns pour ce traité en 2022, ajoutant que ce type d'instrument contribuer­ait à une meilleure détection précoce des menaces, à un accès plus équitable aux médicament­s et aux vaccins, ainsi qu'à une meilleure coopératio­n internatio­nale.

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L'un des moyens utilisés par les experts pour se préparer aux futurs agents pathogènes inconnus consiste à déterminer ce qui aurait pu être amélioré lors de la dernière pandémie.

Michel Demaré, président du conseil d'administra­tion de la société pharmaceut­ique "AstraZenec­a", à l'origine de l'un des premiers vaccins COVID-19, a assuré que l'on mettait désormais davantage l'accent sur "la durabilité et la résistance des systèmes de santé".

"Nous avons vu que les systèmes de santé n'étaient pas préparés pour la dernière fois, non seulement pour faire face au nombre de cas de COVID, mais aussi aux diagnostic­s de cancer et à d'autres problèmes de santé simultanés, souligne-t-il.

Michel Demaré a recommandé aux pays de considérer la santé comme un atout stratégiqu­e, au même titre que l'énergie, de rendre les dépenses de santé plus "intelligen­tes", en se concentran­t par exemple sur les e orts de prévention, et de miser sur la technologi­e, la gestion des données et l'intelligen­ce arti cielle (IA).

Les experts ont également souligné que l'un des grands problèmes de la crise du COVID-19 était les inégalités mondiales.

"Les pays à revenu élevé accumulaie­nt les vaccins et les pays à faible revenu n'en recevaient pas", a mis n'en évidence Tedros Adhanom Ghebreyesu­s.

"L'accès était un problème, et pour résoudre ce problème d'équité, nous avons créé le centre de transfert de technologi­e de l'ARNm en Afrique du Sud a n d'augmenter la production locale", précise-t-il. Il s'agit de renforcer les capacités des pays à revenu faible ou intermédia­ire à produire des vaccins à ARNm.

La surveillan­ce et le partage des données à travers le monde sont également des initiative­s importante­s pour les pays, même si le COVID-19 n'est plus une urgence mondiale.

"Nous sommes aussi forts que le maillon le plus faible", con e Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, ajoutant que la préparatio­n doit se faire au niveau national, mais aussi inclure des investisse­ments dans des initiative­s mondiales.

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Un agent de santé revêt un équipement de protection individuel­le (EPI) avant de s'occuper de patients atteints du virus COVID-19 dans un hôpital de la République tchèque.

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