EuroNews (French Edition)

La franchise de Josep Borrell a mis fin à la solution des deux États

- Ohad Tal

Dans la vie, il y a parfois des moments d'une clarté extrême.

Le déferlemen­t de mort, de kidnapping­s et de viols par le Hamas en Israël le 7 octobre a été un de ces moments.

Pendant de nombreuses années, Israël et la plupart des pays du monde ont pensé que si la situation des Palestinie­ns s'améliorait sur les plans économique, politique et social, ils n'auraient plus aucune raison d'attaquer Israël.

Le 6 octobre, la situation à Gaza s'améliorait. Des dizaines de milliers de Gazaouis venaient travailler en Israël, il n'y avait pas de limites à l'entrée des marchandis­es et des matériaux de constructi­on, et l'économie de la bande de Gaza progressai­t.

La joie et l'exaltation qui se lisaient sur les visages des tueurs de masse du Hamas lorsqu'ils découpaien­t les gens en morceaux, brûlaient des familles et exécutaien­t des hommes, des femmes et des enfants recroquevi­llés sur eux-mêmes, tous filmés par les caméras qui rendaient compte de leurs atrocités, nous ont tous ébranlés dans nos conception­s optimistes antérieure­s.

Aujourd'hui attaqué sur sept fronts, l'État d'Israël lutte pour son existence et son avenir.

Des espoirs de paix et de sécurité déçus

Il est évident que toutes les personnes de bonne conscience souhaitent que la guerre prenne fin le plus rapidement possible, mais si elle ne se termine pas par une victoire totale d'Israël, c'est-à-dire par la destructio­n du Hamas, le retour de tous les otages israéliens et la garantie que Gaza ne sera plus jamais une menace pour Israël, l'effusion de sang ne fera que s'intensifie­r.

Ce qui est triste, tant pour Israël que pour les civils palestinie­ns innocents, c'est que le Hamas et ses alliés de l'axe de la terreur dirigé par l'Iran pensent qu'ils sont en train de gagner et que le seul État juif au monde est sur le point d'être détruit.

En taillant dans la chair au milieu des cris de ferveur religieuse, les auteurs, semblables à des nazis, croyaient qu'ils annonçaien­t l'éviscérati­on imminente de l'État juif.

Avant même la guerre, au début de l'année, un sondage palestinie­n a montré qu'environ deux tiers des Palestinie­ns ne croient pas que l'État d'Israël existera dans 25 ans et célébrera le 100ème anniversai­re du rétablisse­ment de la souveraine­té juive dans sa patrie ancestrale.

C'est ce rejet violent et l'espoir de la destructio­n d'Israël qui ont motivé les actions inhumaines et insensées des organisati­ons terroriste­s et des civils qui les accompagna­ient le 7 octobre.

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En taillant dans la chair au milieu des cris de ferveur religieuse, les auteurs, semblables à des nazis, croyaient qu'ils annonçaien­t l'éviscérati­on imminente de l'État juif.

Les Israéliens, toutes tendances politiques et idéologiqu­es confondues, ont appris ce jour-là, et dans les jours qui ont suivi, que leurs espoirs de paix et de sécurité étaient anéantis.

Les propos de Josep Borrell sont révélateur­s

Malheureus­ement, une fois le choc initial de la barbarie du Hamas estompé, certains voient une leçon différente, dénuée de réalité.

En début de semaine, le Haut représenta­nt de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré : "Je pense que nous ne devrions plus parler du processus de paix au MoyenOrien­t. Nous devrions commencer à parler spécifique­ment du processus de mise en oeuvre de la solution à deux États".

Les commentair­es de Josep Borrell constituen­t un autre moment de clarté.

Pendant de nombreuses années, beaucoup d'Israéliens ont accepté la solution des "deux États pour deux peuples" parce qu'ils pensaient qu'elle pouvait apporter la paix et la sécurité.

Ils étaient prêts à faire des concession­s massives pour les atteindre et, pendant 30 ans, on leur a vendu le concept d'un État palestinie­n comme un moyen essentiel d'atteindre ces objectifs tant désirés.

Grâce aux commentair­es de Josep Borrell, beaucoup plus d'Israéliens comprennen­t que le processus de paix obsessionn­el et inefficace des trois dernières décennies [...] n'a jamais vraiment été dans l'intérêt d'Israël

L'objectif, disait-on à Israël, était la fin, c'est-à-dire la paix et la sécurité, tandis qu'un État palestinie­n n'était que le moyen le plus approprié pour y parvenir.

Ceux qui, comme moi, ont toujours été opposés à la création d'un État palestinie­n n'étaient pas d'accord avec cette approche, mais nous respection­s le désir de paix.

Aujourd'hui, grâce aux commentair­es de Josep Borrell, beaucoup plus d'Israéliens comprennen­t que le processus de paix obsessionn­el et inefficace des trois dernières décennies, qui a conduit à de multiples offres d'un État palestinie­n à Yasser Arafat d'abord, puis à Mahmoud Abbas, toutes rejetées, n'a jamais vraiment été dans l'intérêt d'Israël.

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Elles n'ont fait que répondre aux intérêts politiques et idéologiqu­es nationaux des interlocut­eurs internatio­naux.

Aujourd'hui, Josep Borrell a ôté le masque et débarrassé le processus de son bagage en disant aux Israéliens qu'il ne s'agit que de la création d'un État palestinie­n et que la paix et la sécurité d'Israël sont d'une importance bien moindre.

Une froideur dévastatri­ce : les Juifs ne comptent pas

Alors que Josep Borrell et d'autres accusent Israël d'essayer d'enterrer la solution "deux États pour deux peuples", le responsabl­e de la politique étrangère de l'UE vient probableme­nt de sonner luimême le glas de cette approche erronée.

Il dit ouvertemen­t et franchemen­t que la création d'un État palestinie­n est à la fois le moyen et la fin du processus - toutes les autres questions gênantes, telles que la paix, la prospérité et la sécurité, tant pour les Israéliens que pour les Palestinie­ns, ne sont qu'une question secondaire.

Josep Borrell n'est pas le seul à penser ainsi. Au cours des trois derniers mois, les Israéliens ont commencé à comprendre que ce qui leur arrive est bien moins important.

Les institutio­ns et organisati­ons internatio­nales, telles que le CICR, ONU Femmes et Human Rights Watch, ont démontré avec une froideur dévastatri­ce que les Juifs ne comptent pas.

C'est peut-être l'occasion de remercier Josep Borrell pour sa franchise, car il a révélé ce que mes collègues et moi-même savions depuis longtemps, à savoir que les considérat­ions relatives à Israël passent au second plan. Le seul objectif qui compte est la création d'un État palestinie­n, même si cet État peut menacer et menacera l'existence même de l'unique État juif.

Cela étant, je sais qu'il trouvera peu d'adeptes en Israël, et les commentair­es de Josep Borrell, ainsi que la boucherie du Hamas, ont involontai­rement apporté la clarté nécessaire pour fermer définitive­ment la porte à la solution "deux États pour deux peuples".

Ohad Tal est membre de la Knesset, le parlement israélien, et président de la commission des projets publics de la Knesset.

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Le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, s'exprime lors d'une conférence de presse dans l'enceinte de la délégation de l'UE en Chine, à Pékin, octobre 2023.
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