EuroNews (French Edition)

"L'Europe a tout intérêt à ce que la stabilité règne dans le détroit de Taïwan"

- Stefan Grobe

Les élections présidenti­elles et législativ­es taïwanaise­s étaient au centre des préoccupat­ions internatio­nales. Les électeurs ont porté à la présidence un candidat qui remet en question le principe d’une Chine unique, au risque d’offenser plus encore son puissant voisin. Pékin considère en effet l’île comme son territoire.

A l'issue du vote, l’UE se félicite simplement de pouvoir poursuivre ses liens avec Taipei sur les valeurs fondamenta­les ou le commerce. Cette prudence révèle les fractures entre les 27. Certaines capitales veulent éviter de provoquer la colère de la Chine.

Euronews a interrogé Mareike Ohlberg, chargée de recherche au programme Indo-Pacifique du German Marshall Fund et directrice du Stockholm China Forum, sur cette question.

Euronews :

Les élections à Taïwan ont été l'un des événements géopolitiq­ues les plus suivis de l'année. Pourtant, l'UE n'y a pratiqueme­nt pas prêté attention pendant la période précédant le scrutin ? Mareike Ohlberg :

Il y a, bien sûr, encore des réticences et des commentair­es à ce sujet. On peut supposer qu'il existe encore une certaine nervosité à l'idée d'offenser la Chine dans une certaine mesure. Il y a donc un peu d'animation autour de tout cela. Mais dans l'ensemble, les gens ici sont beaucoup plus attentifs aujourd'hui qu'il y a quelques années.

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Euronews :

La position officielle de l'UE est la suivante : oui aux liens bilatéraux avec Taïwan, mais pas de reconnaiss­ance politique ou diplomatiq­ue. Cela étant dit, voyezvous une opportunit­é de coopératio­n plus étroite maintenant que les élections sont passées ? Mareike Ohlberg :

Je pense que ce que nous pouvons faire, c'est poursuivre une partie de la coopératio­n qui a déjà eu lieu ou une coordinati­on plus étroite que ce que nous avons eue au cours des deux dernières années. Je veux dire qu’il y a eu quelques visites, principale­ment des délégation­s parlementa­ires qui se sont rendues à Taïwan. C'est une chose qui s'est produite. Nous avons également observé des liens plus prudents au niveau ministérie­l, où, par exemple, des ministres se sont rendus à Taïwan pour s'entretenir avec leurs homologues taïwanais. Je pense que ce sont surtout ces petites coopératio­ns, qui permettent d'établir des liens et de s'assurer que l'Europe est investie à Taïwan, qui sont les plus bénéfiques.

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Euronews :

Les délégation­s parlementa­ires et gouverneme­ntales de l'UE ont effectué 28 visites à Taïwan l'année dernière, un nouveau record. Comment interpréte­z-vous cet intérêt ?

Mareike Ohlberg : L'Europe ne peut pas vraiment offrir à Taïwan beaucoup de choses en termes de sécurité et de défense concrète. Je pense que l'Europe n'a pas la capacité de le faire. Mais ce qu'elle peut faire, c'est signaler son intérêt pour Taïwan et essayer de faire comprendre au gouverneme­nt chinois que l'Europe a tout intérêt à ce que la stabilité règne dans le détroit de Taïwan et qu'elle s'opposerait fermement à toute tentative de modifier le statu quo par des moyens militaires ou par la coercition.

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Lai Ching-te, le candidat du Parti démocrate progressis­te (DPP), a remporté l'élection présidenti­elle à Taïwan

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