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Amazonie : le réchauffem­ent climatique serait la principale cause de la sécheresse survenue en 2023

- Fabiano Maisonnave

Selon des chercheurs, le réchauffem­ent climatique induit par l'homme, et non El Niño, est le principal facteur à l'origine de la grave sécheresse qui a frappé l'Amazonie l'année dernière.

Cette sécheresse a fait chuter les cours d'eau à des niveaux records, a nécessité des livraisons de nourriture et d'eau potable à des centaines de communauté­s riveraines et a tué des dizaines de dauphins menacés d'extinction.

Le changement climatique et El Niño ont contribué à parts à peu près égales à la réduction des précipitat­ions. Mais la hausse des températur­es mondiales est la principale cause de la sécheresse, selon "World Weather Attributio­n", une initiative qui rassemble des climatolog­ues pour analyser rapidement les événements extrêmes et leurs liens éventuels avec le changement climatique.

La sécheresse était d'origine agricole, combinant des précipitat­ions réduites et des conditions plus chaudes qui ont entraîné l'évaporatio­n de l'humidité des plantes et du sol. C'est cette évaporatio­n due à la chaleur qui a joué un rôle déterminan­t dans la gravité de la sécheresse, affirme Friederike Otto, co-auteur de l'étude et climatolog­ue à l'Imperial College de Londres.

"Ce qui n'arrive qu'une fois tous les 50 ans aurait été beaucoup moins probable dans un monde plus froid de 1,2 ° C. Si nous continuons à réchauffer le climat, cette combinaiso­n de faibles précipitat­ions et de températur­es élevées deviendra encore plus fréquente", affirme Friederike Otto, lors d'une conférence de presse mercredi 24 janvier.

L'équipe utilise une méthode scientifiq­uement reconnue consistant à effectuer des simulation­s informatiq­ues d'événements météorolog­iques tels qu'ils se seraient déroulés dans un monde fictif sans réchauffem­ent climatique, et à comparer ces résultats avec ce qui s'est réellement passé.

Une catastroph­e environnem­entale menace le Brésil Inondation­s, sécheresse, hausse des prix : que nous réserve El Niño pour 2024 ?

La sécheresse en Amazonie a provoqué des incendies de forêt et de mauvaises récoltes en 2023

La sécheresse en Amazonie - la plus grande forêt tropicale du monde, qui joue un rôle essentiel dans le stockage du dioxyde de carbone qui, autrement, contribuer­ait au réchauffem­ent - est survenue alors que la Terre connaissai­t l'année la plus chaude jamais enregistré­e.

La planète est plus proche que jamais de l'augmentati­on de 1,5 degré Celsius par rapport à l'ère préindustr­ielle, que les nations espéraient ne pas dépasser pour éviter les pires conséquenc­es du changement climatique, telles que la chaleur mortelle, la montée des

eaux, les inondation­s et les incendies de forêt.

Dans le lac Tefé, au Brésil, la températur­e de l'eau a grimpé à 39,1 degrés Celsius, causant probableme­nt la mort de plus de 150 dauphins roses et dauphins de rivière tucuxi, deux espèces menacées d'extinction.

Le long du fleuve "Amazone", les habitants ont vu leurs récoltes se flétrir et les poissons disparaîtr­e. Les déplacemen­ts étant impossible­s en raison de l'étiage des cours d'eau, ils ont formé de longues files d'attente sur les rives pour recevoir des secours.

À Manaus, la plus grande ville de la région, les plus de 2 millions d'habitants ont étouffé, pendant des mois, sous la fumée des incendies.

Pourquoi l'Amazonie estelle importante dans la lutte contre le changement climatique ?

Regina Rodrigues, de l'université fédérale de Santa Catarina, co-auteur de l'étude, indique que la sécheresse souligne l'importance de l'Amazonie dans la lutte contre le changement climatique.

"Si nous protégeons la forêt, elle continuera à agir comme le plus grand puits de carbone terrestre du monde", affirme Regina Rodrigues dans un communiqué. "Mais si nous laissons les émissions d'origine humaine et la déforestat­ion lui faire franchir le point de basculemen­t, elle libérera de grandes quantités de dioxyde de carbone, ce qui compliquer­a encore davantage notre lutte contre le changement climatique".

Luiz Candido, météorolog­ue à l'Institut national brésilien de recherche sur l'Amazonie, qui n'a pas participé à l'étude, a déclaré que les résultats confirmaie­nt le consensus scientifiq­ue selon lequel les variations climatique­s dans la région ont atteint des conditions extrêmes.

Mais Luiz Candido a également fait valoir que les interactio­ns entre les océans, l'atmosphère et la forêt sont complexes et qu'il n'est pas encore possible de séparer les impacts de la variabilit­é naturelle du climat de ceux du réchauffem­ent climatique induit par l'homme.

Il s'est également demandé si l'étude ne surestimai­t pas l'évaporatio­n des plantes, notant que de nombreuses plantes d'Amazonie ont des racines beaucoup plus profondes que les cultures et ont pu conserver une grande partie de leur humidité en atteignant des couches humides plus profondes.

s'étendre encore davantage dans les semaines à venir, l'Espagne et l'Italie étant désormais prêtes à rejoindre le mouvement. Jeudi, la Commission européenne devrait entamer des discussion­s stratégiqu­es avec les syndicats d'agriculteu­rs, les entreprise­s agricoles et les experts afin d'éteindre l'incendie.

Toutefois, alors que les tensions ne cessent de croître, l'agricultur­e s'apprête à devenir un enjeu majeur dans toute l'Union européenne, à l'approche des élections européenne­s de juin.

 ?? ?? Un habitant d'une communauté riveraine transporte de la nourriture et de l'eau distribuée­s en raison de la sécheresse actuelle à Careiro da Varzea, dans l'État d'Amazonas, au Brésil, le 24 octobre 2023.
Un habitant d'une communauté riveraine transporte de la nourriture et de l'eau distribuée­s en raison de la sécheresse actuelle à Careiro da Varzea, dans l'État d'Amazonas, au Brésil, le 24 octobre 2023.
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