EuroNews (French Edition)

Au Sénégal, l'élection présidenti­elle reportée au au mois de décembre

-

Le Parlement sénégalais a donc voté lundi en faveur du report de l'élection présidenti­elle au 15 décembre. Le vote s'est déroulé dans le chaos après que des députés de l'opposition ont été expulsés de force de la chambre.

Les forces de sécurité ont pris d'assaut le bâtiment législatif alors que des députés tentaient de bloquer le processus de vote.

Le projet de loi finalement adopté prolonge d'autant le mandat du président sortant Macky Sall qui devait initialeme­nt prendre fin le 2 avril.

Alors que les législateu­rs débattaien­t du projet de loi, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogèn­es sur les manifestan­ts rassemblés devant le parlement. De nombreux manifestan­ts ont été arrêtés alors qu'ils envahissai­ent des rues de la capitale, Dakar, brûlant des pneus et critiquant le leader du pays.

Face aux risque d'émeutes, les autorités ont par ailleurs restreint l'accès à l'Internet mobile en raison de la diffusion de plusieurs messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux "dans un contexte de menaces et de troubles à l'ordre public".

Quant à la chaîne de télévision privée Walf, dont le signal a été coupé lors de la diffusion des manifestat­ions de dimanche, a déclaré que sa licence de diffusion avait été révoquée.

"La fermeture brutale par le gouverneme­nt de l'accès à Internet via les données mobiles et à la diffusion de Walf TV (...) constitue une atteinte flagrante au droit à la liberté d'expression et au droit de la presse protégé par la constituti­on du Sénégal", a déclaré le bureau régional d'Amnesty Internatio­nal pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale dans un communiqué.

Lundi, deux partis d'opposition ont également déposé une requête au Conseil constituti­onnel pour contester le report de la présidenti­elle décidée par le président. Nul ne sait à ce stade ce que deviendra cette requête.

Les analystes affirment que la crise politique au Sénégal met à l’épreuve l’une des démocratie­s les plus stables d’Afrique, à un moment où la région est aux prises avec une vague de coups d’État.

Macky Sall, qui a déclaré en juillet dernier qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, a invoqué un différend électoral entre le parlement et le pouvoir judiciaire concernant des candidatur­es comme raison du report, mais les dirigeants de l'opposition et les candidats ont rejeté cette décision, la qualifiant de "coup d'État institutio­nnel".

L’Union africaine a exhorté de son côté le gouverneme­nt à organiser les élections "dès que possible" et a appelé toutes les personnes impliquées "à résoudre tout différend politique par la consultati­on, la compréhens­ion et le dialogue civilisé".

Les tensions politiques sont vives au Sénégal depuis près d'un an.

 ?? ?? Manifesati­on à Dakar, dimanche 4 février 2024.
Manifesati­on à Dakar, dimanche 4 février 2024.

Newspapers in French

Newspapers from France