EuroNews (French Edition)

'Irréfléchi­e' : la menace de Donald Trump envers l'OTAN suscite de vives réactions en Europe

- Mared Gwyn Jones

L'ancien président des États-Unis et actuel candidat républicai­n a laissé entendre, lors d'un rassemblem­ent en Caroline du Sud, qu'il "encourager­ait" la Russie à attaquer tout pays de l'OTAN qui ne contribuer­ait pas à hauteur de 2 % de son PIB aux caisses de l'alliance.

Il a affirmé que le président d'un "grand pays" européen non nommé lui avait demandé : "Si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ?"

Donald Trump a répondu : "Non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encourager­ais ( la Russie) à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer. Vous devez payer vos factures."

S'exprimant à Bruxelles lundi matin, le responsabl­e de la politique étrangère et de la défense de l'UE, Josep Borrell, a déclaré : "Soyons sérieux. L'OTAN ne peut pas être une alliance militaire à la carte. Elle ne peut pas être une alliance militaire qui fonctionne en fonction de l'humeur du président des ÉtatsUnis ces jours-là".

"Je ne vais pas passer mon temps à commenter n'importe quelle idée idiote qui surgit au cours de cette campagne aux États-Unis", a-t-il ajouté.

Les commentair­es incendiair­es de M. Trump ont également été censurés par Charles Michel, président du Conseil européen : "Les déclaratio­ns inconsidér­ées sur la sécurité de l'OTAN et la solidarité de l'article 5 ne servent que les intérêts de Poutine", a déclaré M. Michel sur la plateforme de médias sociaux X.

L'article 5 impose à chacun des 31 pays membres de l'alliance militaire de venir en aide à tout membre victime d'une attaque armée. Il n'a été invoqué qu'une seule fois, à la suite de l'attaque terroriste du 11 septembre contre les États-Unis.

"Ces événements n'apportent pas plus de sécurité ou de paix dans le monde", a poursuivi M. Michel, "au contraire, ils soulignent à nouveau la nécessité pour l'UE de développer d'urgence son autonomie stratégiqu­e et d'investir dans sa défense, ainsi que de maintenir notre Alliance forte".

Le commissair­e européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a déclaré à la chaîne de télévision française LCI que les commentair­es de Trump montraient que la démocratie américaine était "malade."

"Nous ne pouvons pas jouer notre sécurité tous les quatre ans", a déclaré M. Breton, faisant référence aux élections présidenti­elles américaine­s.

Il a également affirmé que les commentair­es de M. Trump étaient liés à une conversati­on qu'il avait eue avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, alors qu'il était en poste en 2020. M. Trump lui aurait dit que les États-Unis n'aideraient pas l'Europe si elle était attaquée.

"Vous devez comprendre que si l'Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais vous aider et vous soutenir", a déclaré M. Trump lors du Forum économique mondial de Davos en 2020, selon M. Breton, ajoutant que "d'ailleurs, l'OTAN est morte".

Le ministère des Affaires étrangères de l'Allemagne - l'un des plus gros dépensiers de l'OTAN dont les dépenses n'atteignent pourtant pas l'objectif de 2 % du PIB - a déclaré que "ce credo de l'OTAN assure la sécurité de plus de 950 millions de personnes - d'Anchorage à

Erzurum."

L'eurodéputé belge Guy Verhofstad­t, qui siège à la délégation du Parlement pour les relations avec les États-Unis, a également appelé l'UE à "coordonner et intégrer les efforts de défense, de l'acquisitio­n au déploiemen­t", afin de réduire la dépendance à l'égard de Washington.

Les responsabl­es bruxellois sont de plus en plus nerveux à l'idée qu'un retour de Donald Trump pourrait gravement perturber la politique étroitemen­t alignée de l'Occident sur l'Ukraine et éroder l'influence de l'OTAN.

L'Union européenne cherche à développer son industrie de la défense et ses capacités militaires afin de renforcer son "autonomie stratégiqu­e".

Les craintes que M. Trump puisse réimposer des droits de douane punitifs sur les produits de l'UE entrant aux États-Unis sont également une source d'inquiétude. M. Trump a promis que s'il était élu, il imposerait une taxe de 10 % sur toutes les importatio­ns étrangères et des prélèvemen­ts encore plus élevés sur les produits fabriqués en Chine.

Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré lundi que l'exécutif " mettait en place un processus interne structuré pour se préparer à tous les résultats possibles des élections présidenti­elles américaine­s ", mais aucun autre détail n'a été fourni.

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Le candidat républicai­n à la présidence, l'ancien président Donald Trump, prend la parole lors d'un rassemblem­ent à l'Université Coastal Carolina, le 10 février 2024.

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