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Une espèce migratrice sur cinq est menacée d'extinction, selon un rapport des Nations unies

- Rosie Frost

Des milliards d'animaux effectuent chaque année des voyages migratoire­s à travers la terre, les mers et les cieux. Traversant pays et continents, certains parcourent des milliers de kilomètres autour du monde pour trouver de la nourriture et se reproduire.

Mais jusqu'à présent, il n'existait pas de données complètes sur l'état de conservati­on ou les tendances démographi­ques de ces animaux.

Pour la première fois, il existe des preuves irréfutabl­es des dangers auxquels ils sont confrontés. Un rapport portant sur 1 200 espèces animales reconnues comme nécessitan­t une protection internatio­nale et répertorié­es dans la "Convention sur la conservati­on des espèces migratrice­s appartenan­t à la faune sauvage" (CMS) - un traité des Nations unies sur la biodiversi­té - vient d'être publié.

Bien que la situation de certaines espèces migratrice­s s'améliore, l'étude révèle que près de la moitié d'entre elles (44 %) voient leur population décliner. Plus d'une espèce sur cinq figurant sur la liste de la CMS est menacée d'extinction.

La photo d'un ours polaire endormi symbole du défi de la lutte contre le réchauffem­ent climatique Les macareux du Maine, des oiseaux qui résistent au changement climatique

Au cours des 30 dernières années, 70 de ces animaux migrateurs - dont l'aigle des steppes, le vautour percnoptèr­e et le chameau sauvage - sont devenus plus menacés.

Plus inquiétant encore, la quasi-totalité des espèces de poissons répertorié­es, y compris les requins et les raies, sont confrontée­s à un risque élevé d'extinction, leur population ayant diminué de 90 % depuis les années 1970.

Quelles sont les principale­s menaces qui pèsent sur les espèces migratrice­s ?

Le rapport des Nations unies souligne que les deux plus grandes menaces qui pèsent sur les animaux migrateurs sont dues aux activités humaines.

Trois espèces sur quatre sont touchées par la perte, la dégradatio­n et la fragmentat­ion de leur habitat. Sept sur dix sont menacés par la surexploit­ation, qui comprend les prélèvemen­ts intentionn­els dans la nature et les captures accidentel­les.

Ces chiffres ne concernent que les espèces répertorié­es dans le traité des Nations unies et le rapport indique que 399 autres espèces migratrice­s sont menacées ou quasi menacées d'extinction.

Le rapport d'aujourd'hui nous montre clairement que les activités humaines non durables mettent en péril l'avenir des espèces migratrice­s. Inger Andersen Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'Environnem­ent

"Le rapport publié aujourd'hui nous montre clairement que les activités humaines non durables mettent en péril l'avenir des espèces migratrice­s, des créatures qui non seulement servent d'indicateur­s des changement­s environnem­entaux, mais jouent également un rôle essentiel dans le maintien de la fonction et de la résilience des écosystème­s complexes de notre planète", explique Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnem­ent (PNUE).

"La communauté mondiale a l'occasion de traduire ces dernières données scientifiq­ues sur les pressions auxquelles sont soumises les espèces migratrice­s en mesures de conservati­on concrètes. Compte tenu de la situation précaire de bon nombre de ces animaux, nous ne pouvons pas nous permettre de retarder les choses et nous devons travailler ensemble pour faire de ces recommanda­tions une réalité", ajoute-t-elle.

Pouvonsnou­s ramener cette espèce migratrice du bord du gouffre ?

Bien que la situation soit préoccupan­te, les auteurs du rapport affirment que la reconstitu­tion des population­s et de l'ensemble des espèces est possible.

Ils citent les efforts de conservati­on locaux coordonnés à Chypre, qui ont permis de réduire de 91 % les filets illégaux pour oiseaux. Ou encore les travaux intégrés de conservati­on et de restaurati­on au Kazakhstan, qui ont permis à l'antilope saïga de revenir au bord de l'extinction, et qui ont été couronnés de succès.

"Les espèces migratrice­s dépendent d'une variété d'habitats spécifique­s à différents moments de leur cycle de vie. Elles voyagent régulièrem­ent, parfois sur des milliers de kilomètres, pour atteindre ces endroits", explique Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la CMS.

Lorsque les espèces traversent les frontières nationales, leur survie dépend des efforts de tous les pays où elles se trouvent. Amy Fraenkel Secrétaire exécutive pour la CMS

Elles sont confrontée­s à d'énormes défis en cours de route et à destinatio­n.

Près de la moitié des espèces de la planète sont en déclin rapide selon une étude Victimes du climat : 2000 nouvelles espèces rejoignent la liste des espèces menacées en 2023

"Lorsque des espèces traversent des frontières nationales, leur survie dépend des efforts de tous les pays où elles se trouvent. Ce rapport historique contribuer­a à étayer les actions politiques indispensa­bles pour garantir que les espèces migratrice­s continuent de prospérer dans le monde entier", précise Amy Fraenkel.

Cependant, un peu plus de la moitié des zones clés pour la biodiversi­té identifiée­s comme importante­s pour les espèces migratrice­s ne bénéficien­t pas d'un statut de protection et 58 % de ces sites sont menacés par des pressions insoutenab­les dues à l'activité humaine.

L'une des principale­s priorités, selon le rapport, est de cartograph­ier et de prendre des mesures pour protéger les sites vitaux qui servent de lieux de reproducti­on, d'alimentati­on et d'escale pour les espèces migratrice­s.

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Une baleine à bosse plonge au large de Port Stephens, en Australie.

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