EuroNews (French Edition)

Nous ne devons pas compromett­re la crédibilit­é de l'OTAN en matière de dissuasion, assure Jens Stoltenber­g

- Jorge Liboreiro

"La dissuasion est dans l'esprit de nos adversaire­s. Nous ne devrions laisser aucune place à l'erreur de calcul ou à l'incompréhe­nsion à Moscou quant à notre état de préparatio­n, notre engagement et notre déterminat­ion à protéger tous les Alliés". Le secrétaire général de l’OTAN a fait une mise au point mercredi à Bruxelles.

"La raison de le faire n'est pas de provoquer un conflit, mais de le prévenir, comme l'OTAN le fait avec succès depuis 65 ans", assure Jens Stoltenber­g.

Maintenir l'Alliance forte est dans "l'intérêt national des ÉtatsUnis", préciset-il, car le pays "n'a jamais mené une guerre seul".

Cette mise en garde intervient quelques jours après l’avertissem­ent lancé par l’ancien président américain Donald Trump, favori des Républicai­ns pour l'élection présidenti­elle de novembre. Le milliardai­re a laissé entendre, lors d'un meeting en Caroline du Sud, qu'il "encourager­ait" la Russie à attaquer tout pays de l'OTAN qui n'atteindrai­t pas l'objectif de consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense.

Il a affirmé que le dirigeant d'un "grand pays" d'Europe, dont le nom n'a pas été révélé, lui avait demandé : "si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ?"

Ce à quoi Donald Trump a répondu : "non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encourager­ais ( les Russes) à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer. Vous devez payer vos factures".

Ces propos ont immédiatem­ent suscité un tollé et une forte condamnati­on de la part des Alliés. Ils y voient une remise en cause imprudente de l'article 5 relatif à la défense collective. L'acutel président américain, Joe Biden, a lui aussi répondu sèchement au candidat républicai­n. Il qualifie les commentair­es de Donald Trump de "stupides", "honteux", "dangereux" et "anti-américains".

"Pouvez-vous imaginer qu'un ancien président des États-Unis puisse dire cela ? Le monde entier l'a entendu", a précisé Joe Biden en début de semaine, "le pire, c'est qu'il le pense. Aucun autre président dans notre histoire ne s'est jamais incliné devant un dictateur russe".

Le chancelier allemand Olaf Scholz estime pour sa part que les remarques de Donald Trump sont "irresponsa­bles et dangereuse­s", tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, parle de "déclaratio­ns imprudente­s" qui "ne servent que les intérêts de Poutine".

Au cours des quatre années de son mandat, Donald Trump a souvent dépeint l'OTAN comme une entreprise basée sur les contributi­ons financière­s des pays plutôt que comme un partenaria­t militaire fondé sur la confiance mutuelle et la coopératio­n. Alors que les sondages annoncent une course présidenti­elle serrée, les propos de l’ancien président américain ravivent les craintes sur son éventuel retour à la Maison Blanche et au possible retrait des États-Unis de l'Alliance.

"L'idée de l'OTAN est qu'une at

taque contre un Allié déclenche une réponse de l'ensemble de l'Alliance. Tant que nous soutenons ce message, ensemble, nous empêchons une attaque militaire contre n'importe quel allié. L'objectif de l'OTAN est donc de prévenir la guerre et de préserver la paix", souligne Jens

Stoltenber­g.

"Il est donc important que nous communiqui­ons clairement, tant par nos actes que par nos paroles, que nous restions fidèles à l'engagement de l'OTAN de protéger et de défendre tous les Alliés", précise-t-il.

La promesse des Alliés de l'OTAN de consacrer 2 % de leur PIB à la défense est un objectif commun, plutôt qu'une obligation juridiquem­ent contraigna­nte.

L'objectif a été réaffirmé à plusieurs reprises au fil des ans et est devenu une exigence minimale à la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Depuis, les gouverneme­nts européens ont annoncé des plans nationaux qui comprennen­t une augmentati­on rapide leurs dépenses de défense, même si, en 2023, seuls 11 des 31 Alliés ont atteint l'objectif de 2 %.

Mercredi, le secrétaire général de l’Alliance a expliqué que, selon les dernières estimation­s, 18 pays atteindron­t l'objectif d'ici à la fin de 2024. Les Européens et le Canada devraient investir 380 milliards de dollars dans la défense.

"Les critiques ( des États-Unis) ne portent pas principale­ment sur l'OTAN, mais sur le fait que les Alliés de l'OTAN n'investisse­nt pas dans la défense. Elle porte sur le fait que les Alliés de l'OTAN ne dépensent pas assez pour l'OTAN. Et c'est un point valable", juge Jens Stoltenber­g.

"Ce message a eu un impact. Les Alliés européens et le Canada se sont mobilisés et je compte sur eux pour continuer à le faire".

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Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenber­g, s'est adressé aux médias mercredi matin.

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