EuroNews (French Edition)

Un ministre allemand veut mettre Londres et Paris au coeur d'un parapluie nucléaire européen

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Le scénario d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche pousse les dirigeants européens à envisager de nouvelles hypothèses, en cas de victoire de l'ancien chef d'Etat américain à la présidenti­elle prévue à la fin de cette année.

Un ministre allemand a d'ailleurs suggéré que le RoyaumeUni et la France puissent jouer un rôle de premier plan pour constituer un bouclier atomique européen, une idée qui représente­rait un tournant stratégiqu­e majeur en matière de défense.

Christian Lindner, ministre allemand des finances et président du Parti libéral-démocrate (FDP), estime que l'évolution de l'ordre mondial en matière de sécurité pourrait induire que les deux puissances nucléaires du continent jouent un rôle beaucoup plus important dans ce dossier, si elles sont prêtes à s'impliquer.

"Les forces nucléaires stratégiqu­es de la France et de la Grande-Bretagne contribuen­t déjà à la sécurité de notre alliance", écrit Christian Lindner, "et le Président français Emmanuel Macron a fait plusieurs propositio­ns de coopératio­n. Nous devrions comprendre les récentes déclaratio­ns de Donald Trump comme un appel à repenser davantage cet élément de la sécurité européenne sous l'égide de l'OTAN".

« À quelles conditions politiques et financière­s Paris et Londres seraient-ils prêts à conserver ou à développer leurs propres capacités stratégiqu­es pour la sécurité collective ? Et inversemen­t, quelle contributi­on sommes-nous prêts à apporter ? », interroge le chef de file du Parti libéral dans une tribune au journal Frankfurte­r Allgemeine Zeitung.

Cette prise de position de Christian Lindner intervient dans la foulée des déclaratio­ns de Donald Trump, qui a menacé de ne plus garantir la protection des pays de l’OTAN face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part.

Le Royaume-Uni et la France conservent chacun des moyens de dissuasion nucléaire depuis plusieurs décennies, bien que ces deux Etats disposent d'approches différente­s quant à leur déploiemen­t et leur utilisatio­n. Le système britanniqu­e Trident, par exemple, est exclusivem­ent sousmarin.

Les missiles de longue portée que le sous-marin transporte ne peuvent être lancés que sur ordre du premier ministre, un ordre qui est inscrit dans une lettre transporté­e à bord du sous-marin luimême, et qui ne doit être décachetée par l'équipage que si le Royaume-Uni est frappé par une attaque dévastatri­ce. L'ordre de ne pas tirer constitue une prérogativ­e du Premier ministre.

La France, quant à elle, dispose d'une force de dissuasion sousmarine et aérienne, baptisée "Force de dissuasion". Son arsenal d'ogives nucléaires est considéré comme le troisième au monde, mais selon l'Arms Control Associatio­n, le protocole de lancement du pays a été délibéréme­nt ralenti et pourrait prendre plusieurs jours.

Une nouvelle doctrine allemande

L'avènement de la guerre en Ukraine a entraîné un changement majeur dans le logiciel allemand en matière de défense, à commencer par un effort plus important que prévu pour fournir à l'armée ukrainienn­e des munitions et du matériel militaire.

Le changement de doctrine sécuritair­e est un thème martelé par Christian Lindner dans la tribune qu'il vient de publier.

"Il est de plus en plus évident que l'ère qui a suivi la fin du conflit

Est-Ouest et qui a jeté les bases de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité de l'Allemagne grâce à ses décisions en matière de politique de sécurité est irrémédiab­lement révolue", écrit-il.

"Une chose doit être claire : il n'est pas possible de revenir sur les rails de la politique de sécurité des trente dernières années".

Le ministre de la défense, Boris Pistorius, a déjà demandé à l'armée allemande de rompre avec des décennies de doctrine militaire et de passer d'une force défensive prête à contribuer au maintien de la paix multilatér­ale, à une force prête à mener une guerre.

Il a également adressé une mise an garde, alertant sur le risque d'attaque d'au moins un pays de l'OTAN par les forces russes au cours des cinq années à venir, ce qui corrobore l'existence d' un "scénario d'exercice" allemand, qui a fait l'objet d'une fuite, et qui prévoit une guerre totale de la part de la Russie en Europe au cours des deux prochaines années.

Le plan émet plusieurs hypothèses, si la Russie rassemblai­t des troupes au Bélarus en vue d'une attaque contre un ou plusieurs États baltes, ce qui obligerait l'OTAN à déployer jusqu'à 300 000 soldats en Europe de l'Est d'ici le début de l'année 2025.

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Un missile russe Iskander-K lancé lors d'un exercice militaire sur un terrain d'entraîneme­nt en Russie.

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