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Logiciel espion Pegasus : une longue liste de victimes et une commission d'enquête parlementa­ire

- Magdalena Chodownik (adapté de l'anglais)

En Pologne, une commission d’enquête parlementa­ire va commencer lundi ses travaux d’investigat­ion sur le scandale du logiciel espion Pegasus (mais aussi sur d'autres moyens de surveillan­ce) qui aurait permis de "suivre" un très grand nombre de personnes de manière illégale.

Mardi, le nouveau Premier ministre polonais, Donald Tusk, a annoncé détenir des documents détaillant une "très longue" liste de victimes du logiciel espion Pegasus, mises sous surveillan­ce électroniq­ue illégaleme­nt par l'ancien gouverneme­nt (parti nationalis­te Droit et justice, PiS), qui a dirigé le pays pendant huit ans.

Cet opposant notoire du précédent gouverneme­nt raconte comment il a été espionné dans son intimité.

Bartosz Kramek, Fondation Dialogue Ouvert : "Il s'agissait d'écoutes clandestin­es, il s'agissait aussi d'enregistre­r des visuels dans mes chambres d'hôtel, aussi d'obtenir des données sur les opérations que j'effectuais avec ma carte de crédit en matière de services hôteliers, et aussi d'une prétendue provocatio­n."

A ce stade nul ne connait le nombre exact de personnali­tés qui auraient été surveillée­s par l’ancien gouverneme­nt.

Outre l'enquête parlementa­ire qui va démarrer, des plaintes ont déjà été déposées. Cet avocat de victimes explique le caractère illégal de ces surveillan­ces.

Jacek Dubois, avocat, vice-président du Tribunal de l'Etat : "La seule limitation constituti­onnelle est la surveillan­ce avec le consenteme­nt du tribunal, qui a des règles strictemen­t définies, à certains moments et seulement pour des cas spécifique­s. Ce qui est matériel en dehors de ces cas doit être détruit (...) L'État n'a pas le droit de contrôler les citoyens, d'être le gardien de leur moralité. La constituti­on a en fait été invalidée."

Mis à l’index, le parti national conservate­ur avait reconnu en 2022 l’utilisatio­n du logiciel Pegasus au nom de la lutte contre la corruption notamment. Ce député affirme néanmoins que les services spéciaux ont agi de manière légale.

Jacek Ozdoba, député du parti PIS, membre de la Commission parlementa­ire : _"_ Pegasus est indispensa­ble [face aux nouvelles technologi­es] mais je ne pense pas qu'un officier quelconque aurait pris le risque de prendre des mesures opérationn­elles sans rassembler des preuves qui ont ensuite été transmises au parquet, puis renvoyées au tribunal."

Mais cette procureure, ellemême victime du logiciel espion insiste sur le fait que les tribunaux ne connaissai­ent pas les détails du fonctionne­ment de Pegasus.

Ewa Wrzosek, procureure, victime de Pegasus : "Les tribunaux polonais, lorsqu'ils ont accordé de telles autorisati­ons pour le contrôle opérationn­el, n'étaient pas au courant, n'avaient pas connaissan­ce que ce type de logiciel espion, ce logiciel qui brise toute la sécurité du téléphone, était utilisé. Sur la base de tout cela informatio­ns, (...) ( au sein des services, au sein du parquet, les conclusion­s de la commission [ parlementa­ire]), des mesures décisives et catégoriqu­es seront enfin prises."

En 2021, un consortium de médias coordonnés par Forbidden Stories, avait révélé que le logiciel commercial­isé par la société israélienn­e NSO Group était utilisé à grande échelle par plusieurs pays pour espionner journalist­es, avocats ou opposants politiques.

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Un message d'alerte reçu par des personnes visées par le logiciel espion Pegasus.

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