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Les forces israélienn­es prennent d'assaut le principal hôpital du sud de la bande de Gaza

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Le raid sur l'hôpital Nasser est intervenu après que les troupes ont assiégé l'établissem­ent pendant près d'une semaine, des centaines de membres du personnel, de patients et d'autres personnes à l'intérieur se débattant sous des tirs nourris et des réserves de plus en plus rares, notamment de nourriture et d'eau.

Mercredi, l'armée avait ordonné à des milliers de personnes déplacées qui s'y étaient réfugiées de quitter l'hôpital situé dans la ville de Khan Younès, au coeur de l'offensive israélienn­e contre le Hamas ces dernières semaines.

L'armée a déclaré qu'elle disposait de "renseignem­ents crédibles" selon lesquels le Hamas avait retenu des otages à l'hôpital Nasser et que des dépouilles d'otages pouvaient encore se trouver à l'intérieur. Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole en chef de l'armée, a déclaré que les forces menaient une opération "précise et limitée" sur place et qu'elles n'évacueraie­nt pas de force les médecins ou les patients. Israël accuse le Hamas d'utiliser des hôpitaux et d'autres structures civiles pour protéger ses combattant­s.

Le mois dernier, une otage libérée a déclaré qu'elle et plus de deux douzaines d'autres captifs avaient été détenus à l'hôpital Nasser. Le droit internatio­nal interdit de prendre pour cible les établissem­ents médicaux ; ces derniers peuvent perdre cette protection s'ils sont utilisés à des fins militaires, bien que les opérations menées à leur encontre doivent toujours être proportion­nelles à la menace.

"Pas d'eau, pas de nourriture"

Alors que les troupes fouillaien­t les bâtiments de l'hôpital, elles ont ordonné à plus de 460 membres du personnel, aux patients et à leurs proches de s'installer dans un bâtiment plus ancien du complexe, qui n'est pas équipé pour traiter les patients, a déclaré le ministère de la santé de Gaza. Ils se trouvaient "dans des conditions difficiles, sans nourriture ni lait maternisé" et souffraien­t d'une grave pénurie d'eau.

Six patients ont été laissés en soins intensifs, ainsi que trois nourrisson­s en couveuse, sans personnel pour s'occuper d'eux. Le ministère a indiqué que le carburant pour les générateur­s serait bientôt épuisé, ce qui mettrait leur vie en danger.

"Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture. Il y a des ordures partout. Les eaux usées ont inondé le service des urgences", a déclaré Raed Abed, un patient blessé qui faisait partie de ceux qui ont quitté l'hôpital Nasser sur ordre des Israéliens mercredi.

L'organisati­on humanitair­e internatio­nale Médecins sans frontières a déclaré que son personnel avait dû fuir l'hôpital jeudi, laissant des patients derrière lui, et qu'un membre du personnel avait été arrêté à un poste de contrôle israélien.

L'hôpital Nasser est la dernière cible des opérations militaires israélienn­es, alors qu'il s'efforce de traiter un flot constant de personnes blessées lors des bombardeme­nts quotidiens.

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Les négociatio­ns de trêve bloquées

Les négociatio­ns en vue d'un cessez-le-feu à Gaza semblent être dans l'impasse, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a promis de poursuivre l'offensive et de l'étendre à la ville de Rafah, près de l'Égypte, jusqu'à ce que le Hamas soit détruit et que les nombreux otages pris lors de l'attaque du 7 octobre soient libérés.

Lors d'un appel téléphoniq­ue jeudi, le président Joe Biden a de nouveau mis en garde Benjamin Netanyahou contre une opération militaire à Rafah avant d'avoir présenté un "plan crédible et exécutable" pour assurer la sécurité des civils palestinie­ns, a déclaré la Maison-Blanche jeudi.

La guerre a débuté le 7 octobre lorsque des militants du Hamas ont fait irruption dans la bande de Gaza et ont attaqué plusieurs communauté­s israélienn­es, tuant quelque 1 200 personnes et en prenant 250 autres en otage. Plus de 100 captifs ont été libérés lors d'un cessez-le-feu en novembre, en échange de 240 prisonnier­s palestinie­ns.

Il reste environ 130 otages à Gaza, dont un quart serait mort. Benjamin Netanyahou est soumis à une forte pression de la part des familles des otages et de l'opinion publique pour conclure un accord visant à obtenir leur libération, mais ses partenaire­s de la coalition d'extrême droite pourraient faire tomber son gouverneme­nt s'il est considéré comme trop tendre avec le Hamas. Des dizaines de parents d'otages ont manifesté et bloqué la circulatio­n jeudi devant le quartier général de l'armée, où se réunit également le cabinet de guerre.

Israël a répondu à l'attaque du Hamas par l'une des campagnes militaires les plus meurtrière­s et les plus destructri­ces de l'histoire récente. Au moins 28 663 Palestinie­ns ont été tués, principale­ment des femmes et des enfants, et plus de 68 000 ont été blessés, selon le ministère de la santé de Gaza contrôlé par le Hamas, qui ne fait pas de distinctio­n entre les civils et les combattant­s. Environ 80 % de la population a été chassée de chez elle et un quart meurt de faim, dans un contexte d'aggravatio­n de la catastroph­e humanitair­e.

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Vue sur Khan Younès, dans la bande de Gaza, jeudi 15 février 2024.

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