EuroNews (French Edition)

L'UE s'apprête à débloquer 137 milliards d'euros de fonds européens pour la Pologne

- Jorge Liboreiro

L'annonce a été faite par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'un déplacemen­t vendredi en Pologne où elle a rencontré le Premier ministre, Donald Tusk.

Cette avancée intervient quelques jours après la présentati­on à Bruxelles d’un plan d'action composé de neuf projets de loi visant à rétablir l'indépendan­ce de la justice.

"Nous sommes impression­nés par vos efforts et ceux du peuple polonais pour restaurer l'État de droit en tant qu'épine dorsale de votre société. Une société où chacun respecte les règles. Une société où les citoyens et les entreprise­s peuvent faire confiance aux institutio­ns et demander des comptes aux autorités", a félicité Ursula von der Leyen à l'issue de la rencontre.

"Sur la base des réformes que vous avez lancées et du nombre de mesures immédiates que vous avez prises en matière d'indépendan­ce judiciaire, j'ai de bonnes nouvelles : la semaine prochaine, le Collège (des commissair­es) présentera deux décisions sur les fonds européens qui sont actuelleme­nt bloqués pour la Pologne. Ces décisions libéreront jusqu'à 137 milliards d'euros pour la Pologne".

La Commission a refusé au précédent gouverneme­nt ultraconse­rvateur polonais l'accès à 76,5 milliards d'euros des fonds de cohésion alloués pour la période 2021-2027 en raison d'une série de lacunes en matière d'État de droit, et particuliè­rement sur l'indépendan­ce judiciaire et l'ingérence politique croissante dans les tribunaux.

Les préoccupat­ions ont également entravé la capacité de la Pologne à utiliser pleinement son plan de redresseme­nt et de résilience pour surmonter la pandémie de Covid-19, qui combine 34,5 milliards d'euros de prêts à faible taux d'intérêt et 25,3 milliards d'euros d'aides non remboursab­les. Seuls 5,1 milliards d'euros de "préfinance­ment" ont été débloqués jusqu'à présent.

Dès son arrivée au pouvoir à la mi-décembre, Donald Tusk s'est engagé à rétablir les relations entre l’UE et Varsovie, à restaurer la démocratie et à débloquer les fonds gelés, dont le pays a besoin de toute urgence pour financer des projets de développem­ent visant à accélérer la transition climatique et numérique.

La Pologne s'est empressée de demander un premier versement de 6,3 milliards d'euros sous forme de subvention­s et de prêts au titre du fonds de relance et de soumettre une auto-évaluation pour les fonds de cohésion. Cela a déclenché le processus interne de la Commission visant à vérifier le respect des conditions judiciaire­s.

"Nous avons obtenu ce que nous voulions. C'est un jour crucial pour nous, car nous avons beaucoup travaillé. Nous avons déployé des efforts considérab­les. Les citoyens polonais ont choisi la démocratie et l'État de droit le 15 octobre et ils sont les véritables héros de l'histoire polonaise", a souligné Donald Tusk en référence aux dernières élections. "C'est beaucoup d'argent. Et nous l'utiliseron­s pour relever les défis importants auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui".

Même si la Commission adopte cette propositio­n la semaine prochaine, les décaisseme­nts ne seront pas immédiats. Les fonds de cohésion sont versés progressiv­ement en fonction de l'évolution des projets sur le terrain.

Quant aux fonds du plan de relance, ils sont divisés en tranches et sont strictemen­t liés à l'achèvement des réformes et des investisse­ments. Les États membres ont jusqu'en août 2026 pour honorer leurs engagement­s.

Les deux enveloppes sont liées à la restaurati­on de l'indépendan­ce judiciaire et obligent le gouverneme­nt polonais à annuler les effets des changement­s controvers­és introduits par le gouverneme­nt précédent, notamment en ce qui concerne la chambre disciplina­ire de la Cour suprême, habilitée à sanctionne­r les magistrats en fonction de leurs décisions.

L'année dernière, la Cour de justice de l’UE a invalidé la réforme judiciaire en Pologne. Elle estimait qu'elle était "incompatib­le avec les garanties d'accès à un tribunal indépendan­t et impartial".

 ?? ?? Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen

Newspapers in French

Newspapers from France