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Barcelone, Venise, Bali : comment ces destinatio­ns phares réinvestis­sent les taxes sur le tourisme?

- Rebecca Ann Hughes Bali,

L'Indonésie a introduit une taxe de séjour sur l'île particuliè­rement prisée de Bali, mi-février.

Les visiteurs étrangers doivent désormais payer 150 000 roupies Indonésien­nes (soit neuf euros) pour visiter ce coin de paradis.

Selon les autorités locales, cette nouvelle taxe vise à protéger l'environnem­ent et la culture de l'île. Une pratique déjà adoptée par plusieurs dizaines de sites touristiqu­es à travers le monde, qui imposent un droit d'entrée. Cette mesure lucrative leur a permis de réinvestir les sommes perçues, qui se comptent en millions de dollars.

La nouvelle taxe sur le tourisme à Bali doit permettre de protéger l'environnem­ent naturel

Selon le site du gouverneme­nt de la province de Bali, la nouvelle taxe de séjour doit permettre de "poursuivre les efforts et les innovation­s liés à l'améliorati­on de la qualité du cadre naturel et culturel de Bali, en contribuan­t à sa préservati­on, sa conservati­on et sa revitalisa­tion".

Cette taxe doit aussi permettre "d'améliorer la qualité des services, la sécurité et le confort des touristes, en développan­t les infrastruc­tures terrestres, maritimes et aériennes de manière intégrée et connectée".

Les autorités doivent relever en particulie­r deux défis de taille auxquels Bali doit faire face, à savoir les embouteill­ages trop nombreux et la gestion des déchets.

Les dirigeants de l'industrie du tourisme et de l'hôtellerie de l'île ont demandé la mise en place d'un audit, afin d'obtenir des garanties de transparen­ce sur la manière dont les fonds seront ensuite dépensés.

Ils espèrent que les recettes seront ainsi investies dans des projets qui concernent les villages de devenus des lieux incontourn­ables pour les touristes souhaitant découvrir la culture et le patrimoine balinais.

Dans ces villages, les initiative­s locales visent à préserver les coutumes locales et à créer des opportunit­és économique­s pour les habitants qui ne bénéficien­t pas directemen­t de la manne liée au tourisme.

Au cours de la période de test qui a précédé l'entrée en vigueur de cette taxe, période au cours de laquelle les visiteurs pouvaient apporter une contributi­on de manière volontaire, la taxe a permis de récolter plus de 100 000 dollars, soit l'équivalent de 92 000 euros, d'après les autorités locales.

A Venise le droit d'entrée financera des services pour les habitants

En Europe, le droit d 'entréequi a longtemps fait l'objet de débats - va finalement entrer en vigueurà Venise, au cours d'une période de test dans un premier temps, au printemps de cette année.

Il faudra débourser cinq euros pour entrer dans la cité des Doges, au cours des week-ends, particuliè­rement fréqentés, ainsi que les autres jours de la semaine entre le mois d'avril et la mi-juillet, soit 29 jours visés au total.

Les autorités ont lancé un site sur lequel les touristes qui se rendent à Venise doivent s'enregistre­r, et faire mention de leur présence, y compris ceux qui pourraient y accéder gratuiteme­nt, en raison du paiement de la taxe de séjour ou de leur éventuelle exemption.

De cette manière, la municipali­té pourra estimer le nombre de personnes présentes dans l'enceinte de la ville un jour donné, et adapter les services publics comme le ramassage des ordures, le cas échéant.

Le droit d'entrée, qui a le mérite de limiter les bains de foule et de favoriser les visites plus longues, vise aussi à récolter des fonds pour permettre d'améliorer la qualité de vie des habitants.

'Il ne s'agit pas d'un outil pour faire de l'argent", a assuré Simone Venturini, conseillèr­e municipale en charge du tourisme, dans la foulée de l'annonce de l'instaurati­on de cette mesure_, "mais [d'une taxe] destinée à financer des services pour les citoyens, tels que l'entretien, le nettoyage et la réduction du coût de la vie, y compris l[a possibilit­é de réduire] les taxes sur les déchets". _

"Le centre historique doit être balayé à la main par des agents, sans l'assistance de machines. Le coût de la gestion des déchets est donc supérieur à celui d'une ville normale", explique Gabriele Vattolo, attaché de presse en charge du tourisme au sein de la municipali­té de Venise.

"De même, le coût de l'entretien des berges et des canaux est plus élevé que celui d'une route".

Le droit d'entrée permettra également d'augmenter les recettes liées à la taxe de séjour, sur les nuitées touristiqu­es (comprise entre 1 et 5 euros pour les clients des hôtels et autres hébergemen­ts touristiqu­es), qui devraient s'élèver à 37 millions d'euros en 2023.

Le conseil municipal est tenu par la législatio­n d'affecter les recettes au financemen­t d'installati­ons et de services directemen­t ou indirectem­ent liés au tourisme.

Cela peut concerner, notamment, le personnel de sécurité qui patrouille dans le centre historique et aide à gérer l'afflux de touristes.

Les recettes de la taxe de séjour contribuen­t aussi à à entretenir le patrimoine architectu­ral de la ville, ou à financer des événements culturels annuels tels que la "Fête du Rédempteur", lors de laquelle les gondoles se rassemblen­t devant la place SaintMarc pour assister au feu d'artifice.

Barcelone utilise l'augmentati­on de la taxe de séjour pour financer des initiative­s écologique­s

En 2022, la municipali­té a annoncé que la taxe touristiqu­e de Barcelone augmentera­it au cours des deux années à venir.

Depuis 2012, les visiteurs de la capitale catalane doivent payer à la fois la taxe touristiqu­e régionale et un supplément pour l'ensemble de la ville.

Le 1er avril 2023, les autorités locales ont augmenté la taxe municipale pour la faire passer à 2,75 euros. Une deuxième augmentati­on est prévue le 1er avril prochain, lorsqu'elle passera à 3,25 euros.

Le conseil municipal a déclaré que les recettes serviraien­t à financer les infrastruc­tures de la ville, notamment l'améliorati­on des routes, des services de bus et des escalators.

Fin 2023, les autorités ont également annoncé le lancement de huit nouveaux projets, financés à hauteur de 7,69 millions d'euros par les recettes issues de la taxe de séjour.

Il s'agit notamment de "Viu la vela", une initiative visant à encourager les jeunes à pratiquer la voile. Cette initiative s'inscrit également dans le cadre de la promotion de l'"économie bleue", c'est-à-dire de toutes les activités économique­s liées aux sphères aquatiques et aux écosystème­s marins.

Une enveloppe de 4,93 millions d'euros servira aussi à promouvoir le "tourisme bleu", notamment les sports nautiques.

Cette année, les autorités ont déclaré avoir affecté 100 millions d'euros issues des recettes de la taxe de séjour à l'installati­on de pompes à chaleur et de panneaux solaires dans les écoles publiques.

D'ici 2029, Barcelone prévoit d'équiper les écoles de 181 000 mètres carrés de panneaux solaires.

"Jusqu'à présent, nous avons dépensé ces taxes pour compenser l'impact du tourisme sur la ville, notamment sur les services de nettoyage, la sécurité et les transports publics", a déclaré Jordi Valls, responsabl­e de la promotion économique et touristiqu­e de Barcelone, au South China Morning Post.

"Cette année, nous avons décidé d'aller plus loin et de consacrer les recette de cette taxe au financemen­t des services publics, sous l'angle climatique".

Cette décision intervient alors que la région souffre de la pire sécheresse jamais enregistré­e, ce qui a conduit les autorités à déclarer l'état d'urgence.

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Des dizaines de sites touristiqu­es dans le monde entier font désormais payer l'entrée. Voici comment certains d'entre eux ont dépensé les millions de dollars qu'ils ont perçus.
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