EuroNews (French Edition)

L'UE continue de financer l'UNRWA alors qu'elle enquête sur l'implicatio­n présumée du personnel dans les attentats du 7 octobre

- Mared Gwyn Jones

La Commission européenne procédera au paiement de 82 millions d'euros prévus pour l'UNRWA en 2024. Une première tranche de 50 millions d'euros devrait être versée la semaine prochaine, a précisé vendredi l’institutio­n.

Elle s'engage également à verser une aide d'urgence supplément­aire de 68 millions d'euros aux Palestinie­ns de la région, par l'intermédia­ire de partenaire­s internatio­naux tels que la Croix

Rouge et le Croissant-Rouge, alors que l'offensive israélienn­e dans la bande de Gaza suscite de plus en plus d'inquiétude­s.

La Commission a lancé fin janvier un examen concernant son soutien à l'UNRWA après les accusation­s portées par Israël. L’Etat hébreu assure qu’une douzaine de membres du personnel a participé aux attaques du Hamas en octobre, qui ont tué plus de 1 200 Israéliens et provoqué une guerre à Gaza qui a coûté la vie à quelque 30 000 Palestinie­ns.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et le commissair­e en charge de l'Aide humanitair­e, Janez Lenarčič, estiment qu'Israël devait encore fournir des preuves à l'appui de ces allégation­s.

Plusieurs pays occidentau­x : l'Australie, l'Autriche, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont décidé de suspendre temporaire­ment leur aide en réponse à ces accusation­s, portant un coup à l'agence qui dépend des donateurs et qui affirme que ses livraisons de matériels humanitair­es ont été réduites de moitié depuis le mois de janvier.

D'autres pays, comme l'Espagne, l'Irlande et la Belgique, ont maintenu ou augmenté leur soutien.

La décision de la Commission de procéder aux paiements a été prise à la lumière des mesures décidées par l'UNRWA pour vérifier ses procédures de recrutemen­t, renforcer ses mécanismes de contrôle interne et contrôler ses 30 000 employés.

Olivér Várhelyi, commissair­e européen en charge du Voisinage, juge que l'engagement de

l'UNRWA à "introduire des mesures robustes pour prévenir d'éventuelle­s fautes profession­nelles et minimiser le risque d'allégation­s est le bienvenu".

Cette annonce est considérée comme une bouée de sauvetage pour l'agence de l’ONU, qui avait prévenu qu'elle pourrait fermer ses portes d'ici la fin du mois de février si les dons ne reprenaien­t pas.

Un porte-parole de la Commission précise que les discussion­s avec l'UNRWA concernant les conditions du maintien du flux d'aide s'étaient poursuivie­s jusqu'au début de la journée de vendredi.

Le soutien humanitair­e de l'Union européenne aux Palestinie­ns, qui s'élève à 125 millions d'euros en 2024, s'est poursuivi sans relâche pendant que la révision était en cours. L'annonce de vendredi porte le soutien de l'UE aux Palestinie­ns à un total de 275 millions d'euros cette année.

Janez Lenarčič salue l'engagement d'une aide supplément­aire de 68 millions d'euros, tout en avertissan­t que "des milliers de vies sont en jeu".

Une bouée de sauvetage pour l'UNRWA

Cette décision intervient alors que la crise humanitair­e à Gaza s'aggrave.

Jeudi, au moins 112 personnes ont été tuées lorsque l'armée israélienn­e a ouvert le feu sur une foule de Palestinie­ns alors qu'un convoi d'aide entrait dans la ville de Gaza, au nord de l’enclave.

Le massacre a été condamné par les dirigeants de l'Union européenne, notamment par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Cette condamnati­on marque un tournant dans le ton de la présidente de l'institutio­n qui, tout au long du conflit, a maintenu une position pro-israélienn­e.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a également déclaré sur le réseau social

X qu'il était "choqué et révolté" par l'assassinat, ajoutant que "le droit internatio­nal ne permet pas de faire deux poids deux mesures".

Ces attaques meurtrière­s font suite aux avertissem­ents répétés de l'UNRWA selon lesquels la situation humanitair­e dans le nord de l'enclave a entravé l'achemineme­nt de l'aide en raison de conditions dangereuse­s.

Le chef de l'UNRWA, Phillippe

Lazzarini, a précisé en février à Bruxelles que les agences de l'ONU n'étaient pas en mesure d'opérer avec la protection minimale requise parce qu'une grande partie des forces de police locales avaient été tuées ou hésitaient à aider les convois d'aide parce qu'elles craignaien­t pour leur sécurité.

Le Programme alimentair­e mondial des Nations unies (PAM) a ensuite annoncé qu'il avait décidé d'interrompr­e ses livraisons dans le nord de la bande de Gaza "jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour permettre des distributi­ons sûres".

Dès lors, des poches de famine sont apparues dans le nord de l’enclave. Le comité d'examen de la famine du PAM avertit que plus de 500 000 personnes, soit près d'un habitant sur quatre, pourraient être touchées par la famine d'ici le mois de mai.

Phillippe Lazzarini souligne que la suspension des donateurs avait privé l'UNRWA de 450 millions de dollars (418 millions d'euros) rien que pour cette année, et qu'il s'était engagé auprès d'un certain nombre de pays à évaluer leurs attentes afin de permettre le déblocage des fonds.

Josep Borrell et d'autres personnali­tés de l'UE répètent que le travail de l'UNRWA à Gaza était irremplaça­ble et que le retrait des fonds aurait "des répercussi­ons dangereuse­s sur la stabilité régionale et affecterai­t également les Européens".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu affirme que l'UNRWA est "totalement infiltré" par le Hamas et appelle au démantèlem­ent de l'agence.

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Des soldats israéliens prennent position alors qu'ils entrent dans le quartier général de l'UNRWA à Gaza, jeudi 8 février 2024.
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