EuroNews (French Edition)

Tout ce qu'il faut savoir : votre guide des élections européenne­s 2024

- Jorge Liboreiro

Les élections continenta­les permettron­t d'élire 720 membres du Parlement eu‐ ropéen. Il s'agit d'une augmentati­on par rapport aux 705 sièges actuels afin de tenir compte des changement­s démo‐ graphiques dans plusieurs États membres.

Le Parlement est la seule institutio­n de l'UE à être directemen­t élue par les électeurs. Les deux autres organes principaux sont élus indirectem­ent : la compositio­n de la Commission euro‐ péenne requiert l'approbatio­n des dépu‐ tés européens, tandis que le Conseil est composé de ministres nationaux dési‐ gnés par leurs gouverneme­nts respec‐ tifs.

Les trois institutio­ns travaillen­t main dans la main - pas toujours ami‐ calement - pour faire avancer la légis‐ lation dans un large éventail de do‐ maines, tels que le climat, l'agricultur­e, la réglementa­tion numérique, la migra‐ tion et l'asile, le marché unique, la pro‐ tection de l'environnem­ent et le budget commun.

Quand les élections auront- elles lieu ?

Les élections au Parlement européen auront lieu entre le 6 et le 9 juin et se‐ ront organisées conforméme­nt aux règles électorale­s de chaque État membre. Les électeurs choisiront les représenta­nts de leur pays sur des listes ouvertes, semi-ouvertes ou fermées. La propositio­n d'introduire des listes trans‐ nationales n'a pas été retenue.

Le scrutin débute aux Pays-Bas le jeudi 6 juin, suivi de l'Irlande le ven‐ dredi 7 juin. La Lettonie, Malte et la Slovaquie participer­ont le samedi 8 juin, tandis que les autres pays voteront le 9 juin, le dimanche.

La République tchèque et l'Italie permettron­t de voter deux jours de suite : vendredi et samedi pour les Tchèques, samedi et dimanche pour les Italiens.

Quel est l'âge minimum pour vo‐ ter ?

Tout comme le jour de l'élection, cet âge dépend de votre nationalit­é.

Dans la majorité des États membres, l'âge minimum pour voter est de 18 ans. Toutefois, ces dernières années, quelques pays ont abaissé ce seuil afin d'augmenter le taux de parti‐ cipation. En Grèce, les personnes âgées de 17 ans ou plus sont autorisées à vo‐ ter. En Belgique, en Allemagne, à Malte et en Autriche, l'âge limite a été fixé à 16 ans.

En revanche, l'âge minimum des candidats au Parlement va de 18 ans, dans des pays comme l'Allemagne, la France et l'Espagne, à 25 ans en Grèce et en Italie. Tous les citoyens de l'UE ont le droit de se présenter dans un autre pays de l'UE s'ils y résident.

Cela signifiet-il qu'un plus grand nombre de personnes iront voter ?

C'est l'une des questions les plus brû‐ lantes à Bruxelles. Depuis des décen‐ nies, les élections européenne­s sont marquées par un faible taux de partici‐ pation. En 2019, le taux de participa‐ tion s'est élevé à 50,66 %. C'est la pre‐ mière fois qu'il redépassai­t le seuil des 50 % depuis 1994.

Cette année, l'Union espère au moins atteindre à nouveau la barre des 50 %. En pratique, cela signifiera 185 millions de bulletins de vote sur les 370 millions d'électeurs éligibles esti‐ més.

Les jeunes sont considérés comme un groupe démographi­que clé pour augmenter le taux de participat­ion. Cela explique pourquoi les fonction‐ naires de l'UE ont jeté leur ambitieux dévolu sur Taylor Swift et d'autres cé‐ lébrités de premier plan pour convaincre la génération Z et les millé‐ niaux de se rendre aux urnes.

Le vote est-il obligatoir­e ?

Le vote n'est obligatoir­e que dans quatre États membres : la Belgique, la Bulgarie, le Luxembourg et la Grèce. Cette dispositio­n est appliquée avec in‐ dulgence et ne se traduit pas nécessai‐ rement par des chiffres plus élevés. En 2019, la Grèce a enregistré un taux de participat­ion de 58,69 % et la Bulgarie de 32,64 % seulement.

Néanmoins, il est fortement recom‐ mandé de voter pour faire entendre sa voix.

Puis-je voter depuis l'étranger ?

En règle générale, oui. Mais cela change d'un pays à l'autre.

Tous les États membres, à l'excep‐ tion de la République tchèque, de l'Al‐ lemagne, de l'Irlande, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, de l'Autriche et de la Slovaquie, autorisent leurs ci‐ toyens à voter dans les ambassades et les consulats à l'étranger, une démarche qui nécessite souvent une inscriptio­n préalable. La Bulgarie et l'Italie n'auto‐ risent cette option qu'à l'intérieur d'un autre pays de l'UE.

Parallèlem­ent, la Belgique, l'Alle‐ magne, l'Estonie, l'Espagne, la Letto‐ nie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, les Pays-Bas, l'Autriche, la Slovénie, la Finlande et la Suède auto‐ risent les électeurs à envoyer leur bul‐ letin de vote par la poste. Dans certains cas, les frais d'envoi peuvent être rem‐ boursés.

En outre, la Belgique, la France et les Pays-Bas autorisent le recours aux procuratio­ns : une personne qui ne peut pas se rendre aux urnes peut désigner une autre personne pour voter en son nom.

À ce jour, l'Estonie est le seul pays de l'UE à proposer le vote électroniq­ue.

En revanche, une minorité d'États membres n'offrent aucune possibilit­é de voter depuis l'étranger : la Répu‐ blique tchèque, l'Irlande, Malte et la Slovaquie.

Pour plus d'informatio­ns sur la ma‐ nière de voter, consultez le site web du Parlement.

Quand connaîtron­snous les ré‐ sultats ?

Les résultats des élections ne seront pas annoncés avant dimanche soir. Cela permet d'éviter que les pays qui votent plus tôt dans la course n'in‐ fluencent le résultat des retardatai­res.

Les services du Parlement européen ont l'intention de publier les premières estimation­s partielles à 18 h 15 di‐ manche et la première projection de l'hémicycle complet à 20 h 15. Ces données combineron­t les votes estimés et les sondages d'opinion pré-électo‐ raux.

À 23 heures, une fois que tous les bureaux de vote auront fermé dans tous les États membres, nous disposeron­s d'un aperçu fiable et complet de la compositio­n du prochain Parlement eu‐ ropéen.

Que se passe-t-il après les élec‐ tions ?

Peu après les élections, les autorités nationales communique­ront au Parle‐ ment qui a été élu (et qui a été disquali‐ fié) afin que l'hémicycle puisse com‐ mencer à se constituer.

Les députés européens doivent s'or‐ ganiser en groupes politiques en fonc‐ tion de leur idéologie et de leurs priori‐ tés. Ces groupes doivent comprendre un minimum de 23 législateu­rs issus d'au moins sept pays. Les exclus seront considérés comme des "non-inscrits" et

auront moins d'importance dans les dé‐ bats et les commission­s.

L'hémicycle actuel compte sept groupes : le Parti populaire européen (PPE), les Socialiste­s et Démocrates (S&D), Renew Europe, les Verts/Al‐ liance libre européenne, les Conserva‐ teurs et Réformiste­s européens (ECR), Identité et Démocratie (ID) et la Gauche.

La 10ème législatur­e débutera le 16 juillet, date de la première séance plé‐ nière. Ce jour-là, les 720 députés euro‐ péens éliront le président du Parlement, 14 vice-présidents et cinq questeurs.

La première session durera jusqu'au 19 juillet et verra la sélection des com‐ missions et sous-commission­s. Mais les postes de présidents, que les princi‐ paux groupes se partagent traditionn­el‐ lement dans un jeu de marchandag­e, seront annoncés dans les jours qui sui‐ vront la plénière.

Qu'en est-il des Spitzenkan­dida‐ ten ?

En 2014, l'UE a décidé d'essayer quelque chose de nouveau : avant les élections européenne­s, chaque parti a été invité à désigner publiqueme­nt un candidat principal, ou Spitzenkan­didat en allemand, pour présider la Commis‐ sion européenne, l'institutio­n la plus puissante et la plus influente de l'Union.

Cette présélecti­on, selon l'idée re‐ çue, devait rendre la Commission plus démocratiq­ue et plus responsabl­e aux yeux des électeurs européens.

Après que le PPE ne remporte les élections de 2014 (avec 221 sièges), les dirigeants de l'UE ont ensuite respecté le nouveau système et ont nommé Jean-Claude Juncker, lecandidat du PPE, au poste de président de la Com‐ mission. L'hémicycle a ensuite ap‐ prouvé sa candidatur­e à la majorité ab‐ solue.

Cependant, en 2019, les choses ont

pris une tournure surprenant­e : le can‐ didat déclaré du PPE, Manfred Weber, a été écarté sans cérémonie par les diri‐ geants de l'UE (plus particuliè­rement par le Français Emmanuel Macron). Ce rejet a conduit à l'apparition surpre‐ nante d'Ursula von der Leyen, qui avait été totalement absente pendant la course.

La nomination d'Ursula Von der Leyen, qui a survécu à l'hémicycle par une marge infime, a incité les analystes et les journalist­es à prononcer la mort des Spitzenkan­didaten.

La course de 2024 s'accompagne d'une tentative de relance du système : cette année, Ursula Von der Leyen se présentera en tant que candidate princi‐ pale. Les socialiste­s, les Verts et la gauche ont également pris des mesures pour présenter un candidat à la prési‐ dence. Mais d'autres groupes, comme Renew Europe et ID, continuent de re‐ jeter le système, car il n'a pas de fonde‐ ment dans les traités de l'UE.

Quelle que soit l'origine du candi‐ dat, le Parlement a l'intention de tenir une session plénière entre le 16 et le 19 septembre pour permettre à la personne nommée de faire son discours politique et d'obtenir le soutien d'au moins 361 de ses 720 membres.

Si le président de la Commission est élu lors de cette session, le Parle‐ ment commencera les auditions des commissair­es désignés en fonction des portefeuil­les qui leur ont été attribués. En 2019, trois noms proposés ont été rejetés au cours de la procédure d'exa‐ men.

Une fois que tous les commissair­es désignés auront survécu aux auditions, qui peuvent durer des heures et devenir acrimonieu­ses, le Parlement organisera un vote de confiance sur l'ensemble du collège des commissair­es pour un man‐ dat de cinq ans. Ce n'est qu'à ce mo‐ ment-là que la nouvelle Commission entrera en fonction et que le travail lé‐ gislatif commencera.

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Les élections de juin 2024 permettron­t d'élire les 720 membres du Parlement européen.

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