D'Amsterdam à Vilnius : les villes européennes les plus et les moins fréquentées par les cyclistes
Depuis des années, la Commission eu‐ ropéenne appelle activement les ci‐ toyens à "utiliser leur propre énergie". La mobilité active est bien connue comme étant non seulement un moyen important d'économiser de l'énergie, mais aussi de renforcer la santé phy‐ sique et mentale.
Le vélo est l'un des meilleurs moyens d'y parvenir mais, selon de nouveaux résultats, relativement peu de personnes, en Europe, utilisent la bi‐ cyclette comme moyen de transport ré‐ gulier.
La sixième édition du rapport de la Commission sur la qualité de vie dans les villes européennes publie les résul‐ tats d'une enquête réalisée en 2023.
Plus de 70 000 citoyens européens de 83 villes de l'UE, du Royaume-Uni, de Norvège, de Suisse, des pays des Balkans occidentaux et de Turquie ont été interrogés sur un large éventail d'aspects de la vie quotidienne.
Le rapport aborde divers sujets, no‐ tamment le logement, la stabilité finan‐ cière, les soins de santé, la disponibilité d'espaces verts et, bien entendu, les transports.
Milan, l'une des villes les plus pol‐ luées d'Europe, veut interdire les voi‐ tures dans le centre-ville Amsterdam veut donner encore plus de place aux vélos
Que révèle le rapport sur le taux de pratique du vélo en Europe ?
Sur les 83 villes étudiées, seules quelques-unes comptent un grand nombre de cyclistes quotidiens, et en‐ core moins considèrent le vélo comme un mode de transport pertinent.
En moyenne, dans toutes les villes, le vélo n'est utilisé comme mode de transport que par 14 % des personnes interrogées.
Il est intéressant de noter que leur utilisation tend à diminuer au fur et à mesure que les villes s'agrandissent. Dans une ville de moins de 250 000 habitants, environ 16 % des résidents affirment faire du vélo au cours d'une journée normale. Ce chiffre tombe à 14 % dans les villes qui comptent entre 1 et 5 millions d'habitants.
Trois villes européennes seulement déclarent que plus de 35 % de leurs ha‐ bitants utilisent un vélo quotidienne‐ ment.
Il s'agit de Groningue et d'Amster‐ dam, aux Pays-Bas, et de Copenhague, au Danemark - et toutes trois ont une population relativement faible.
Dans ces villes, l'utilisation relati‐ vement élevée du vélo a un effet d'en‐ traînement sur les transports publics. Dans l'enquête, les personnes interro‐ gées ont affirmé être moins satisfaites des systèmes que dans d'autres villes.
Ce sont exclusivement les pays d'Europe du Nord - villes de Belgique, de Suède, de Finlande, d'Autriche et d'Allemagne - qui complètent la liste des dix localités où l'usage du vélo est le plus abondant.
À l'opposé, les pays du sud et de l'est de l'Europe sont ceux qui comptent le moins de cyclistes quoti‐ diens. Rome ne compte que 5 % de cy‐ clistes quotidiens, tandis que 6 % seulement des personnes interrogées à Belgrade et à Vilnius ont répondu par l'affirmative.
Qu'est-ce qui explique les diffé‐ rences de taux de pratique du vélo en Europe ?
L'enquête a révélé que de nom‐ breux - et divers - facteurs entrent en jeu dans les taux de pratique du vélo ou non.
Les hommes sont légèrement plus nombreux à déclarer qu'ils font du vélo tous les jours et, en moyenne, la tranche d'âge des 15-24 ans est la plus susceptible d'utiliser un vélo (16 %), tandis que seulement 13 % des habi‐ tants âgés de 55 ans et plus utilisent ré‐ gulièrement un vélo.
Si l'on examine plus en détail les caractéristiques sociodémographiques, on constate que le pourcentage d'utili‐ sateurs de vélo est plus élevé chez les personnes ayant fait des études supé‐ rieures et chez les célibataires, mais qu'il est nettement plus faible chez les retraités et les chômeurs.
Malgré les avertissements constants sur les dangers du changement clima‐ tique et son lien avec les combustibles fossiles, la voiture est encore utilisée quotidiennement par 48 % des citadins.
Toutefois, plus la ville est grande, moins les gens utilisent la voiture. Dans la plupart des pays présentés dans le rapport, la capitale est celle qui uti‐ lise le moins la voiture.
Les capitales ont tendance à dispo‐ ser des meilleurs services de transport public du pays et dissuadent peut-être aussi les gens de conduire en raison des embouteillages et des coûts de sta‐ tionnement élevés. D'autres villes, comme Londres, ont introduit des taxes pour les véhicules à fortes émissions, ce qui, comme l'espèrent les autorités, entraînera une baisse sensible de l'utili‐ sation de la voiture.
Qu'est-ce qui pourrait inciter les citadins à utiliser davantage le vélo ?
Alors que de nombreux citadins semblent attachés à leur voiture ou aux transports publics, et que d'autres ne veulent tout simplement pas utiliser leur propre énergie, le nombre de cy‐ clistes pourrait potentiellement aug‐ menter.
La Fédération européenne des cy‐ clistes (ECF) a contesté l'enquête de la Commission européenne.
L'ECF indique que "le champ thé‐ matique du rapport est très large" et a publié ses propres données qui se concentrent plus étroitement sur le cy‐ clisme lui-même.
Dans ces données, "nous avons pu établir une corrélation claire entre la couverture du réseau routier principal par des infrastructures séparées et les niveaux d'utilisation du vélo dans les villes étudiées dans le rapport [de la Commission européenne]". En d'autres termes, les pistes cyclables sont utiles.
L'ECF appelle les dirigeants à faire avancer une proposition de déclaration européenne sur le vélo, afin d'augmen‐ ter de manière significative les infra‐ structures cyclables sûres et cohé‐ rentes, à travers le continent.