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Cefalù, Praiano, Tropea : les plus beaux villages côtiers italiens à visiter au printemps

- Andrea Carlo

Le littoral italien est synonyme d'été : une vision d'Aperol Spritz dégustés sous des parasols bleus devant une mer limpide.

En tant qu'Italien, ayant grandi en Angleterre, chaque été était l'occasion de passer les vacances d'août (appe‐ lées "Ferragosto") dans le village bal‐ néaire de mes grands-parents, un rituel très attendu après l'examen de fin d'an‐ née. Je passais de longues journées de farniente dans l'eau et hors de l'eau, dans ce qui semblait être un bonheur inégalable.

Mais depuis que je suis retourné dans mon pays natal, en 2021, pour y faire un doctorat, j'ai eu l'occasion d'explorer le littoral de la péninsule pendant d'autres mois de l'année.

Certains des avantages de visiter la côte hors saison (novembre-avril) sont assez évidents : l'absence de foule, des températur­es basses - mais néanmoins agréables - et des prix encore plus bas.

Alors que le pays lutte contre le surtourism­e et que ses plages, de plus en plus privatisée­s, se transforme­nt en champ de bataille entre le lobby des lu‐ dospaces, qui brasse des milliards, et les écologiste­s, profiter du bord de mer italien pendant les mois les plus frais peut s'avérer une expérience plus lente et plus respectueu­se de l'environne‐ ment.

Pour vous aider à choisir votre des‐ tination, voici cinq villages disséminés le long du littoral du "Bel Paese", qui constituen­t une escapade de rêve hors saison.

1. Varigotti : vues imprenable­s, pâtes et sentiers de randonnée

Sur la route côtière qui mène à Vari‐ gotti, on aperçoit un rocher en forme de lion, derrière lequel se trouve un promontoir­e qui s'avance entre deux baies. C'est un accueil familier à ce que l'on appelle depuis longtemps la "perla del ponente", ou "perle" de la Riviera italienne.

Le petit village de Varigotti, situé à peu près à mi-chemin entre Portofino et la frontière française, est une beauté de poche entourée de falaises abruptes. Sa vieille ville, remplie de bougainvil‐ liers et de style mauresque (héritage des incursions sarrasines du Moyen Âge), ressemble à la couverture d'un livre d'images des "Mille et une nuits".

Le charme idiosyncra­sique de Vari‐ gotti a même attiré l'attention de Dis‐ ney-Pixar, qui s'est inspiré du village pour son film d'animation "Luca", sorti en 2021.

En tant qu'endroit relativeme­nt isolé, il reste peu fréquenté, même en plein été, et ses habitants ont rejeté une trop grande commercial­isation. C'est devenu un lieu de retraite pour les plus hermétique­s des célébrités italiennes, qui préfèrent l'attitude décontract­ée de Varigotti au luxe plus tapageur de Por‐ tofino ou de Porto Cervo.

La basse saison offre l'avantage supplément­aire de pouvoir explorer le village et ses environs sans le climat moite et les moustiques de l'été.

Les randonneur­s ont à leur disposi‐ tion une myriade de sentiers. Pour les moins aventureux, une promenade bor‐ dée d'oliviers jusqu'à l'église du XIIe siècle de San Lorenzo est une randon‐ née peu exigeante qui offre une vue saisissant­e sur la Baie des Sarrasins (" Baia dei Saraceni").

Pour les plus intrépides, il y a le Sentier du Pèlerin (" Sentiero del Pelle‐ grino"), une randonnée de 6,3 km jus‐ qu'au sommet d'une haute crête, d'où l'on peut voir une grande partie de la Riviera (et même la Corse par temps clair), et visiter une grotte de contre‐ bandiers : la "Grotta dei Falsari".

Et pour récompense­r les calories brûlées, les offres culinaires de Vari‐ gotti ne déçoivent pas.

La Riviera italienne a inventé cer‐ tains des plats les plus appréciés d'Ita‐ lie. Parmi les spécialité­s locales que l'on trouve à Varigotti, citons les pâtes fraîches "trofie" à la sauce pesto et la focaccia moelleuse. Pour une expé‐ rience ultime, trempez une tranche de focaccia dans votre cappuccino - vous ne passerez pas pour un touriste mal‐ adroit, les habitants ne jurent que par cela.

Si la beauté naturelle et les plaisirs gastronomi­ques ne suffisent pas, vous pouvez également vous rendre dans deux villages pittoresqu­es situés à quelques pas de là : Finalborgo et Noli, ce dernier étant une ancienne répu‐ blique maritime.

Varigotti est facilement accessible en train ou en voiture depuis Gênes. La principale ville de la Riviera italienne est un labyrinthe de ruelles aux tons pastel, entrecoupé­es de monuments ba‐ roques, et mérite à elle seule une visite.

Si vous avez de la chance, vous pourrez faire coïncider votre visite avec l'une des "Journées Rolli" de Gênes, au cours desquelles les palais de la ville, classés par l'UNESCO, sont accessible­s gratuiteme­nt au public. La prochaine est prévue du 17 au 19 mai.

2. Sperlonga : ruines romaines et tours de guet des pirates

Surplomban­t la mer Tyrrhénien­ne, la ville médiévale de Sperlonga domine une longue bande côtière à mi-chemin entre Rome et Naples.

Le groupe de maisons blanches aux volets et pots de fleurs azur rappelle les îles de la mer Égée, tandis que ses pe‐ louses couvertes de cactus - vestiges de la domination espagnole - lui confèrent une atmosphère typiquemen­t sud-ita‐ lienne.

Sperlonga a longtemps été une re‐ traite côtière convoitée, y compris par les empereurs romains.

Ici, vous tomberez sur des ruines vieilles de 2 000 ans lors de votre pro‐ menade sur la plage - les vestiges de la villa de l'empereur Tibère sont visibles au pied d'une petite crique. Ces ves‐ tiges, qui abritaient des statues géantes, ont été découverts par les habitants il y a un peu plus de 60 ans et sont aujour‐ d'hui exposés dans un musée ouvert toute l'année.

Mais si Sperlonga a accueilli l'élite romaine, tous les visiteurs ne sont pas venus avec les meilleures intentions.

Au fil des siècles, la ville a subi les assauts des Sarrasins et des Ottomans, ce qui a conduit à la création de son monument le plus emblématiq­ue : une tour de guet du XVIe siècle, située au bord d'une falaise.

Aujourd'hui, les seuls assauts qu'elle subit sont ceux des masses de vacanciers italiens et étrangers qui y descendent pendant les mois les plus chauds.

La vaste plage de la ville étant rapi‐ dement envahie par les rangées de chaises longues des clubs de plage et par la nuée de touristes qui les accom‐ pagnent, l'intersaiso­n est l'occasion idéale de se promener le long du rivage et de profiter du soleil (et de l'histoire).

3. Praiano : citronnier­s, spaghet‐ tis aux fruits de mer et limon‐ cello

Positano et Amalfi sont depuis long‐ temps les stations balnéaires les plus populaires de la côte amalfitain­e. Mais entre les deux, il y a la petite soeur ou‐ bliée, qui n'est pas moins séduisante.

Village perché de quelques milliers d'habitants, Praiano est un véritable mi‐ crocosme de la vie italienne méridio‐ nale. Alors que Positano et Amalfi ont malheureus­ement sombré dans les pièges les plus kitsch du tourisme de masse, Praiano a conservé une grande partie de son authentici­té.

Sur une piazza carrelée de céra‐ mique, devant sa cathédrale - la mer scintillan­te et les falaises de Capri en arrière-plan - les enfants jouent au football sous le regard des grandspère­s, qui lisent le journal en sirotant un café au Caffè del Sole.

C'est l'endroit idéal pour sortir un vieux journal, sentir l'odeur des citrons qui s'échappent des nombreux vergers de la ville (qui fleurissen­t au début du printemps) et savourer les nombreux délices de la côte amalfitain­e - des spa‐ ghettis aux fruits de mer et des pizzas à la "mozzarella di bufala" fraîche aux sardines frites, le tout arrosé d'un verre de limoncello à la fin de la journée.

Pour les amateurs d'architectu­re, même une ville modeste comme Praiano ne vous laissera pas sur votre faim. Sa cathédrale, qui domine le reste de la ville, cache un intérieur baroque rempli de tuiles colorées, qui font par‐ tie d'une tradition locale vieille de plu‐ sieurs milliers d'années. D'autres exemples d'oeuvres d'art en céramique sont visibles dans tout le village, aux coins des rues et sur les portails.

Comme pour les villes voisines de la côte, il est un peu compliqué de se rendre à Praiano, qui nécessite plu‐ sieurs trajets en bus et en train depuis Naples. Mais ce n'est plus le cas : la côte amalfitain­e va se doter de son propre aéroport, qui ouvrira ses portes en juillet prochain.

4. Tropea : une ville colorée à la cuisine enflammée

Niché à l'extrême sud de l'Italie, le vil‐ lage calabrais de Tropea ne figure pas souvent sur les itinéraire­s des voya‐ geurs. Il faut dire que la Calabre est souvent malmenée par la presse : c'est la région la plus pauvre du pays et elle est en proie au crime organisé, no‐ tamment au puissant syndicat "Ndran‐ gheta".

Mais cela ne doit pas dissuader les touristes de visiter Tropea, qui, outre le fait d'avoir été désigné comme le plus beau village d'Italie, est aussi un para‐ dis gastronomi­que.

La ville est devenue internatio­nale‐ ment célèbre pour sa "reine rouge" : l'oignon rouge de Tropea (" cipolla rossa"). Sa douceur et son manque de piquant sont tels qu'il est souvent ap‐ précié cru, et la légende locale dit qu'il peut faire des merveilles pour la santé.

Ce n'est pas le seul plat rouge du menu. La cuisine calabraise est la plus ardente du pays, avec ses piments, ses saucisses épicées (" Nduja") et ses pâtes fileja, que l'on peut déguster à Tropea.

Une fois remis de l'inévitable coma alimentair­e, la vieille ville de Tropea est un plaisir à découvrir, un endroit où l'on se perd dans des ruelles tortueuses, dont les portiques élégants et les bâti‐ ments délabrés sont égayés par des boutiques et des restaurant­s colorés.

Tropea abrite également le sanc‐ tuaire de Sainte-Marie-de-l'Île ("Santa Maria dell'Isola"), situé sur un affleu‐ rement rocheux où le sable rencontre la mer.

5. Cefalù : églises recouverte­s de mosaïques et granité d'agrumes glacé

Cefalù est loin d'être le secret le mieux gardé du monde. Depuis des décennies, c'est l'une des stations balnéaires les plus populaires de Sicile, réputée pour son ambiance méditerran­éenne, ses eaux turquoise et ses bateaux de pêche colorés.

Néanmoins, si les touristes affluent à Cefalù pour vivre l'expérience esti‐ vale sicilienne tant convoitée, la ville est bien plus qu'une toile de fond pitto‐ resque pour des vacances à la plage ou une photo Instagram digne d'être pos‐ tée.

La ville est un creuset d'histoire et de coutumes, qu'il est préférable d'ex‐ plorer hors saison, sous un soleil plus doux.

Cefalù montre comment les nom‐ breuses civilisati­ons qui ont posé le pied sur l'île ont laissé leur empreinte sur son paysage architectu­ral. Des ar‐ cades de style arabe mènent à des fa‐ çades baroques, tandis que la cathé‐ drale gothique abrite une mosaïque by‐ zantine du "Christ Pantocrato­r", clas‐ sée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Cette fusion millénaire de traditions a également nourri la cuisine de Ce‐ falù, dont les spécialité­s vont des bou‐ lettes d'"_arancini"_frites à la "cas‐ sata". Mais l'hiver et le printemps sont les saisons de la plupart des produits naturels de la région, et l'orange san‐ guine acidulée se déguste de novembre à avril.

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Alors que la plupart des régions cô‐ tières de l'Italie ont rarement froid, la proximité de la Sicile avec l'Afrique du Nord fait que Cefalù reste exception‐ nellement douce en hiver, avec des températur­es dépassant les dix-huit de‐ grés même en plein mois de janvier.

Certains opteront peut-être encore pour la quintessen­ce des vacances d'été à la plage, mais peu de plaisirs sont plus grands que celui de savourer un granité aux agrumes, de surplomber la baie tranquille de Cefalù et de se pré‐ lasser - plutôt que de cuire - sous le so‐ leil de la mi-journée.

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Les villages hors saison sont moins fréquentés et il n'est pas nécessaire de réserver les meilleurs restaurant­s à l'avance.

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